Édition du 19 novembre 2024

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Syndicalisme

Salaire minimum : L’appétit sans limites

Éditorial paru dans Le Monde ouvrier, no 129, janvier-février 2019, page 3

Les conséquences des inégalités sociales sont partout autour de nous. Des personnes occupent un emploi à temps plein et vivent quand même dans la pauvreté. Des mères monoparentales qui, malgré leurs efforts, peinent à joindre les deux bouts. Des travailleurs et des travailleuses ayant donné des décennies de leur vie active à des entreprises perdent subitement leur emploi ou se retrouvent dans la misère une fois à la retraite.

Les emplois se précarisent alors que les profits des entreprises augmentent sans cesse. OXFAM révélait récemment que 26 personnes possèdent 50% des richesses mondiales ! Leurs fortunes ont grossi de 12% en 2018 soit 3,3 milliards par jour ! Vous avez bien lu : 3,3 milliards par jour ! 1 milliard c’est 1 000 millions. 3,3 milliards c’est 3 300 millions. PAR JOUR ! Il faut le faire quand même. Ça donne un autre ordre de grandeur à l’expression « Où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir… ». Clairement, eux, ils sont sans gêne.

Les inégalités sociales, c’est quand des ressources, comme l’argent ou le pouvoir, sont inégalement distribuées en raison de la structure même de la société et que cette situation suscite un sentiment d’injustice. Des inégalités sociales de cette ampleur, ça devrait carrément être illégal.

Ici, l’écart de rémunération entre les PDG des grandes entreprises canadiennes et les personnes salariées du pays a fortement augmenté. En 1998, leur rémunération équivalait à 105 fois le salaire moyen. En 2018, ce ratio s’élevait à 200 fois. C’est tout simplement indécent et rien ne justifie une rémunération aussi élevée ! Le mieux payé du Québec inc., Alain Bellemare de Bombardier, a reçu une rémunération équivalente à 13,8 millions de dollars canadiens (il est rémunéré en dollars américains). Cela représente 300 fois le salaire annuel du Québécois moyen.

Les inégalités sociales ne sont pas le résultat d’une fatalité ou d’un phénomène naturel. Sinon, comment expliquer que les inégalités au Québec soient les moins élevées en Amérique du Nord ? C’est tout simplement une question de valeurs et de volonté politique. Le Québec a fait le choix d’un filet social plus solide, d’une fiscalité plus progressive, de programmes sociaux plus généreux et de lois qui protègent les travailleurs et les travailleuses. Il n’y a rien de sorcier là-dedans.

Dans les circonstances, augmenter le salaire minimum à 15$ l’heure est une des mesures évidentes à mettre en place, mais il va falloir maintenant s’attaquer à l’appétit sans fond des promoteurs d’inégalités généralisées.

Solidairement,

Le président, Daniel Boyer

Le secrétaire général, Serge Cadieux

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