Ces hausses ont pour objectif de ralentir l’économie, tel que confirmé par la ministre des Finances fédérales Chrystia Freeland. Ce ralentissement semble mener vers une récession à court terme. Certaines prévisions estiment qu’elle pourrait commencer dès le début de 2023. Ainsi, la récession semble être perçue par nos dirigeants comme une solution à l’inflation élevée en diminuant les possibilités d’augmentations de salaire qui ferait hausser l’inflation.
Le COVID a augmenté le pouvoir des travailleurs et travailleuses
La pandémie de COVID a créé un choc énorme sur le marché du travail. Au début de celle-ci, les confinements intenses ont envoyé des centaines de milliers de personnes au chômage puisque leurs secteurs étaient simplement fermés. Beaucoup de ces gens se sont replacés dans d’autres secteurs d’activités.
Depuis la réouverture de l’économie, le marché du travail connaît une pénurie de main-d’œuvre intense. Cette situation a fait augmenter le pouvoir de négociation des travailleurs et travailleuses. Les augmentations de salaires sont beaucoup plus élevées. Le taux de chômage historiquement bas permet à de nombreux travailleurs et travailleuses de démissionner pour obtenir de meilleures conditions de travail chez un autre employeur. Des conditions de travail qui étaient marginales avant le COVID, comme le télétravail, deviennent normalisées.
Nos dirigeant-e-s veulent renverser la tendance
Avec les tendances démographiques actuelles, la pénurie de main-d’œuvre devrait se poursuivre pendant encore plusieurs années, à moins qu’une récession vienne changer dramatiquement le marché de l’emploi. Une récession pourrait avoir pour effet de détruire beaucoup d’emplois, ce qui limiterait la pénurie de main-d’œuvre.
Dans la dernière année, les travailleurs et travailleuses se sont en moyenne appauvris parce que l’inflation est demeurée plus élevée que les augmentations de salaire. Face à une perspective de récession, ils deviendront plus craintifs de changer d’emploi pour améliorer leurs conditions de travail. Ils auront aussi moins de volonté de négocier des augmentations de conditions de travail si les emplois alternatifs sont moins disponibles. Certains employeurs annoncent déjà qu’ils mettront à pied en priorité leurs employés qui sont en télétravail, espérant imposer dans leurs entreprises un retour à la situation qui prévalait avant le COVID.
Les dirigeant-e-s des économies occidentales semblent déterminés à installer des conditions économiques qui mettront fin au pouvoir et à la liberté que les travailleurs et travailleuses ont pu expérimenter à la suite du pire de la pandémie. Dans leur quête essentiellement idéologique de remettre les travailleurs et travailleuses à leur place, nos dirigeants semblent être prêts à sacrifier notre économie. Les conséquences de ce choix irresponsable sont imprévisibles.
Comme à chaque récession, nos dirigeant-e-s semblent déterminés faire payer le coût économique et social de leurs choix essentiellement par les travailleurs et travailleuses et les moins nantis. Depuis des décennies, la richesse se concentre dans la minorité la plus riche de notre société. Dans cette période de haute inflation, le gouvernement devrait élaborer des politiques économiques pour soutenir ceux qui se sont appauvris dans les dernières années plutôt que de leur demander encore plus de sacrifices. Mener une politique économique qui favorise les inégalités sociales nous mènera à moyen terme à des troubles sociaux importants. Dans un contexte de diminution générale des ressources et de tensions géopolitiques importantes, est-il judicieux de risquer notre cohésion sociale pour satisfaire des employeur-e-s qui veulent plus de pouvoir face à leurs travailleurs et travailleuses ?
Un message, un commentaire ?