La CSQ a fait connaître sa profonde inquiétude sur la démarche dans son mémoire qu’elle vient de déposer dans le cadre des consultations publiques menées par le Commissaire à la santé et au bien-être sur le panier de services assurés en santé et services sociaux au Québec.
Une réduction de services qui n’est pas nécessaire
Expliquant la position de la Centrale, la première vice-présidente, Sonia Éthier, considère que l’exercice de révision, tel que proposé, de la couverture publique des services en santé et services sociaux est démesuré et inapproprié et que le gouvernement doit considérer prioritairement les problématiques qui compromettent globalement la pérennité de notre système public de santé et de services sociaux.
« Contrairement à ce que l’on voudrait nous laisser croire, il n’est pas nécessaire de réduire l’offre de services publics puisqu’il existe de multiples alternatives très bien documentées. Et ça l’est d’autant moins qu’une telle réduction met en péril l’universalité et l’accessibilité aux services sociaux et aux soins de santé pour la population. Cette volonté de réduction se justifie beaucoup plus par des raisons idéologiques que budgétaires, puisque le manque de ressources auquel l’État est confronté est créé par cet État lui-même qui réduit de façon planifiée ses propres revenus notamment par des modifications fiscales », dénonce Sonia Éthier.
Des investissements en santé insuffisants au Québec
Cette dernière ajoute que cette privation délibérée de revenus est une stratégie bien connue des États désireux de privatiser leurs services publics. « Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que le gouvernement se dise dans l’obligation de réduire autant les budgets pour rétablir l’équilibre budgétaire », de dire la vice-présidente de la CSQ.
Elle précise que « la CSQ rejette la volonté du gouvernement québécois de réduire la taille de l’État et de laisser plus de place au privé au sein des services publics sociaux et de santé. Elle dénonce le sous-investissement chronique de certains services publics engendré par le défaut de ressources planifié, précisant que le Québec affiche un retard de près de trois milliards de dollars par année lorsque l’on compare ses dépenses publiques de santé par habitant à la moyenne canadienne ».
Des bienfaits socioéconomiques menacés par l’austérité
Sonia Éthier explique que plutôt que de réduire ses dépenses, le gouvernement du Québec devrait investir massivement dans les services publics et les programmes sociaux. « Depuis les années 1960, la mise en place d’une gamme étendue de services publics et de programmes sociaux a généré de nombreux bienfaits pour la société québécoise, qui sont maintenant menacés de disparaître à cause des mesures d’austérité répétées. Cesser d’investir socialement et collectivement hypothèque donc l’avenir de toutes et de tous, considère la CSQ.
La vice-présidente rappelle que le ministère de la Santé et des Services sociaux a pour mission de maintenir, d’améliorer et de restaurer la santé et le bien-être des Québécoises et Québécois en rendant accessible un ensemble de services de santé et de services sociaux intégrés et de qualité, contribuant ainsi au développement social et économique du Québec. « L’État doit donc se redonner les moyens de remplir adéquatement ses diverses missions sociales, notamment en exigeant un effort fiscal plus important des entreprises. »
D’autres dossiers et postes à réviser avant le panier de services
D’autre part, la CSQ est d’avis qu’il faut faire preuve d’une extrême prudence avec la révision du contenu du panier de services assurés car cela a des conséquences sur l’accessibilité et la qualité des services. L’organisation syndicale suggère plutôt que l’on revoie prioritairement d’autres dossiers et postes budgétaires de plus en plus coûteux pour le gouvernement. C’est le cas des contrats en sous-traitance, du recours aux ressources intermédiaires d’hébergement, des ressources informationnelles, des partenariats public-privé, de la gouvernance et de la gestion du système de santé, du coût des médicaments, de la collaboration interprofessionnelle, ainsi que du financement et de la rémunération à l’acte. Sur ce dernier point, la CSQ souhaite que le gouvernement du Québec révise les modèles de rémunération des médecins afin qu’ils ne soient plus une contrainte à l’accès universel aux services et aux soins de santé, ni à la collaboration interprofessionnelle. « Un gouvernement qui se targue de vouloir améliorer l’efficience et la performance économique de son système de santé ne peut s’y soustraire. Ne pas reprendre le contrôle budgétaire de ces postes de dépenses de plus en plus coûteux serait nous condamner, à plus ou moins long terme, à une réduction croissante de la couverture publique de nos services sociaux et de santé ; ce qui serait inadmissible » conclut Sonia Éthier.
La Centrale recommande donc que le Commissaire à la santé et au bien-être inscrive ses travaux de réflexion dans une démarche beaucoup plus large en y intégrant les diverses préoccupations et alternatives économiques, fiscales et organisationnelles portées à son attention.