Le vice-président de la CSN, Jean Lacharité, est outré par les mesures annoncées, découlant du très controversé projet de loi C-38 concocté par le gouvernement Harper. Il élargit la notion d’emploi convenable en exigeant des prestataires qu’ils acceptent, plus rapidement qu’auparavant, des emplois ne répondant pas à leur expérience et à leurs qualifications. Pour la CSN, il s’agit d’une mesure contre-productive sur le plan économique.
Le gouvernement revient à la charge avec les prestataires dits « fréquents », c’est-à-dire les personnes qui ont présenté trois demandes de prestations au cours des cinq dernières années. Dans leur cas, il exigera que ces chômeurs acceptent tout travail à compter de la septième semaine de chômage à un salaire équivalent à 70 % de leur salaire antérieur. Cette mesure vise particulièrement les travailleurs saisonniers qui doivent recourir au régime 12 semaines par année.
Le gouvernement prétend mieux arrimer les chômeuses et les chômeurs aux emplois disponibles, laissant ainsi entendre que ceux-ci préfèrent recevoir des prestations plutôt que de travailler. Pourtant les statistiques démontrent que très peu de prestataires se rendent au bout de leur période de prestations.
Le gouvernement se trompe de cible
Jean Lacharité commente : « Au moment où Statistique Canada publie de nouvelles données indiquant qu’il y a près de six chômeurs pour chaque poste vacant, le gouvernement se trompe nettement de cible. Il devrait plutôt se concentrer sur la création d’emplois de qualité et soutenir notre secteur manufacturier, plutôt que de s’attaquer à celles et à ceux qui ont perdu leur emploi. »
Une évaluation préliminaire des impacts de ces mesures par les fonctionnaires montre que 1% des chômeurs pourraient être privés de prestations. Pour la CSN, même si on peut en douter, si elle s’avérait, il s’agirait de 1 % de trop.
La confédération estime que les nouvelles mesures annoncées pénaliseront particulièrement les travailleuses et travailleurs saisonniers ainsi que les femmes qui sont majoritaires dans les emplois précaires.
La CSN tient à rappeler qu’actuellement, moins de 50 % des chômeurs sont admissibles à des prestations et que ce ratio pourrait encore augmenter avec ces modifications. Depuis le 18 novembre 1990, le gouvernement fédéral ne contribue plus au financement du régime d’assurance-emploi. Il n’a donc aucune légitimité pour procéder à ces changements si draconiens.
« Si le gouvernement souhaite vraiment améliorer le régime d’assurance-emploi, il doit plutôt en élargir l’accessibilité et bonifier les prestations », d’indiquer Jean Lacharité.