Prévu initialement pour 70 jours, l’arrêt aura duré finalement 119 jours, les équipes d’entretien ayant rencontré plus de problèmes que prévu. « Hydro-Québec fait un drôle de cadeau aux Québécois en redémarrant cette vieille centrale nucléaire, âgée de 28 ans, à quelques jours de Noël », a déclaré Christian Simard, directeur général de Nature Québec et porte-parole du mouvement Sortons le Québec du nucléaire. « Il eût été plus prudent que la centrale demeure fermée tant que le gouvernement du Québec n’aura pas consulté les Québécois, comme le recommandait le BAPE en 2005, au sujet de sa réfection ou de son arrêt définitif et de son déclassement ».
Le mouvement Sortons le Québec du nucléaire a demandé, sans succès, des précisions concernant la nature des travaux et activités réalisés au cours du dernier arrêt de la centrale. Il réitérera sa demande : il y a va du « droit de savoir » et, ultimement, de la sécurité des Québécois.
Les chiffres disponibles sont limpides et démontrent que la centrale de Gentilly-2 est de moins en moins productive. De 1983 à 2007, elle a produit en moyenne 4,39 Térawatts/heure, mais depuis ce temps sa production annuelle a constamment chuté pour atteindre 3,29 TW/h en 2010, une baisse de 27 % ! Les chiffres pour 2011 ne sont pas encore disponibles, mais les arrêts de production d’au moins 4 mois ne laissent présager aucune amélioration. Cette situation contredit le discours officiel d’Hydro-Québec qui prétend toujours sur son site internet que « La centrale de Gentilly-2 est une installation fiable à la production constante ».
On se rappelle que le 29 juin 2011, la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) accordait le renouvellement du permis d’exploitation de la centrale à Hydro-Québec sans avoir en main le rapport d’analyse de sûreté requis de la part du propriétaire. À cette occasion, elle avait déclaré : « La Commission s’attend fortement à ce qu’Hydro-Québec commence les activités de réfection aussitôt que possible, si elle est décidée à s’engager dans cette voie ». Pour Michel Duguay, physicien nucléaire, le message est clair : « la centrale est vieillissante et dangereuse et une décision quant à son futur doit être prise rapidement ». Quant à lui, Gentilly-2 doit être fermé : « La technologie CANDU utilisée à Gentilly-2 est périmée et nécessite son abandon ».
Le gouvernement du Québec a reporté sa décision finale quant à la réfection ou non de Gentilly-2 au printemps prochain. Il aurait pu faire un magnifique cadeau aux Québécois en fermant définitivement Gentilly-2 et en tournant le dos définitivement à la filière nucléaire, coûteuse, dangereuse et laissant aux générations futures un legs de plus de 2 500 tonnes de déchets radioactifs qui s’accumulent « temporairement » près de la centrale sans qu’il n’y ait encore, après 28 ans, aucune solution réelle quant à leur stockage définitif. « Il y a lieu d’espérer qu’Hydro-Québec et le gouvernement ne profiteront pas de Pâques pour annoncer la résurrection de la centrale Gentilly-2, mais choisiront plutôt de faire entrer le Québec dans une nouvelle ère… sans nucléaire », de conclure Christian Simard.
