Édition du 17 décembre 2024

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Politique québécoise

Ravages de la droite et politiques d'austérité - La CSN poursuit ses luttes aux inégalités

Pour la CSN, l’année 2011 aura été marquée par ce qu’il a été convenu d’appeler le mouvement des indignés, « le 99 % de la population qui s’indigne de voir l’autre 1 % voler la caisse, continuer à s’enrichir à nos dépens, et cela, au moment même où l’on remet en question nos acquis sociaux, en cherchant notamment à réduire les services publics et à augmenter les tarifs de toutes sortes. Ce 1 % de la population, générateur et profiteur de la crise actuelle, dont les frasques ont ruiné plusieurs personnes de la classe ouvrière et plusieurs pays, et qui font augmenter l’écart entre les plus riches et les plus pauvres, partout sur la planète, Canada inclus ! », comme le rappelle Louis Roy, président de la CSN.

Dans un contexte où aux États-Unis, la dette passe la barre des 15 000 milliards de dollars et que l’économie continue d’avoir du plomb dans l’aile, et qu’en Europe, la crise de la dette souveraine fait ses premières victimes, rien ne garantit l’avenir du Québec et du Canada.

Pourtant, à Ottawa comme à Québec, on persiste à dire que le chaos est ailleurs et rien n’a encore été mis en branle pour faire face aux secousses qui risquent pourtant de se produire. Le gouvernement fédéral maintient des compressions importantes et la seule annonce de retarder quelque peu le retour au déficit zéro a fait sortir de leurs gonds les ténors conservateurs. Au Québec, le ministre Bachand refuse toujours d’envisager le report du déficit zéro. « Après la crise de 2008, on disait que le capitalisme devait se civiliser. Au contraire, en 2011, les économies et les populations sont toujours soumises aux diktats du capitalisme financier. Loin de nous sortir du gouffre, nos gouvernements nous mènent dans un cul-de-sac en ajoutant sans cesse des compressions et en réduisant constamment le rôle de l’État », soutient Louis Roy.

Gouvernement Harper

Maintenant majoritaire, le gouvernement Harper a le loisir de décider unilatéralement l’ordre du jour parlementaire. On en constate déjà les dommages : durcissement de la justice criminelle envers les jeunes, abolition du registre des armes à feu et fin de l’engagement du Canada de respecter la première phase du protocole de Kyoto. « Même si le Québec n’avait pas pris l’option d’un gouvernement conservateur, nous en subissons tout de même les affronts », déclare Louis Roy.

En outre, la décision d’Ottawa de ne rien accorder à Davie Canada, de Lévis, sur l’ensemble des contrats navals de 33 milliards de dollars, demeure une aberration et démontre que le gouvernement fédéral devrait vraiment adopter une politique navale qui soutiendrait équitablement tous les chantiers du pays. Davie Canada a la plus grande cale sèche de tous les chantiers au Canada.

Gouvernement Charest

Si la CSN est satisfaite, notamment, de l’institution d’une commission d’enquête dans l’industrie de la construction et de l’adoption du projet de loi 33, qui abolira le placement syndical dans cette industrie, ses représentants éprouvent des inquiétudes sur les intentions du gouvernement du Québec relativement au développement des gaz de schiste, à l’exploration et à l’exploitation des hydrocarbures, en cours ou à venir à l’île d’Anticosti, dans le golfe Saint-Laurent et en Gaspésie, ainsi qu’à l’égard de son Plan Nord. « Nous invitons le gouvernement à plus de prudence. Nous sommes certes en faveur du développement économique, mais ce développement doit être durable et respectueux de l’environnement ainsi que des gens qui occupent le territoire. Les questions concernant la protection des écosystèmes, les redevances, l’acceptabilité sociale, les enjeux de santé publique, etc., ne peuvent être reléguées au deuxième rang. On ne se laissera pas berner par de vagues promesses », d’avertir le président de la CSN.

La CSN attend aussi du gouvernement du Québec qu’il aille de l’avant, lors de la prochaine session parlementaire, avec les modifications à apporter à la Loi sur la santé et la sécurité du travail afin d’obtenir plus de prévention dans tous les milieux de travail. De même, la centrale veut aussi que les recommandations des membres de la Commission de l’économie et du travail afin de moderniser les dispositions anti-briseurs de grève soient adoptées. Celles-ci permettraient d’interdire concrètement toute utilisation indirecte de salarié-es par un employeur en conflit, de même que l’usage du produit du travail effectué par d’autres à son bénéfice.

En 2011, bien des régimes de retraite ont été mis à mal. La CSN croit que le gouvernement doit former un comité tripartite pour convenir des moyens à mettre en place afin d’assurer la pérennité de nos régimes de retraite et des revenus décents à tous lors de la retraite. « Nous n’accepterons pas que cette question cruciale soit débattue sans la participation des principaux intéressés, soit les organisations syndicales et les employeurs. Il s’agit de nos régimes de retraite », clame Louis Roy.

Négociations et syndicalisation

En 2011, trois conflits, que l’on ne peut passer sous silence, ont été enfin réglés. Il s’agit du lock-out au Journal de Montréal, qui aura duré 25 mois, de celui au Roi du coq rôti à Sherbrooke, qui avait été décrété le 19 juillet 2008, et du lock-out au Repos Saint-François d’Assise de Montréal-Est, qui a duré neuf mois.

Côté syndicalisation, malgré les tactiques du propriétaire de Couche-Tard pour tenter d’empêcher ses employé-es de se syndiquer, récemment des travailleurs d’un autre dépanneur de la chaîne se syndiquaient. Rappelons que l’antisyndicalisme du propriétaire a fait en sorte de mettre à la rue les travailleuses et les travailleurs de deux dépanneurs situés à Montréal peu après que ces derniers aient pris la décision de se syndiquer. Les salarié-es de deux autres Couche-Tard, situés en Montérégie, tentent actuellement de négocier une première convention collective. Récemment, lors d’une manifestation, le président de la CSN rappelait que l’entreprise a les moyens d’offrir des conditions de travail décentes à ses salarié-es. Elle a enregistré des profits nets après impôts de 370 millions de dollars l’an dernier.

« Ces exemples de négociation et de syndicalisation nous démontrent malheureusement que le droit de s’associer et celui de négocier sont carrément niés par certains employeurs, malgré qu’ils soient inscrits dans nos chartes, nos lois et les législations internationales. Des organisations comme la CSN existent pour faire valoir ces droits et nous entendons bien poursuivre notre travail dans la prochaine année pour faire évoluer les législations et militer en faveur du respect des travailleuses et des travailleurs ainsi que du partage de la richesse. Rappelons que la CSN a fêté ses 90 ans le 21 septembre 2011 », de conclure le président de la CSN.

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