Du ministère des Transports (MTQ), la vérificatrice générale Guylaine brosse un portrait sombre en matière d’attraction de personnel, de gestion contractuelle et de préservation de son expertise. « Après avoir vu la tornade de la commission Charbonneau déferlée sur le MTQ, il est troublant de lire dans le rapport que, plus de sept ans après le déploiement de son plan de renforcement de l’expertise, le MTQ n’a toujours pas atteint la cible d’embauches qu’il s’était fixée. Si le MTQ ne détient pas l’expertise, s’il n’a pas les ressources nécessaires, s’il peine déjà à estimer les coûts des travaux, c’est à se demander comment il composera avec les nombreux projets d’infrastructures qui découleront du projet de loi 61 (s’il est adopté) visant la relance de l’économie du Québec et l’atténuation des conséquences de l’état d’urgence en raison de la pandémie de la COVID-19 », exprime la présidente du SPGQ.
Guylaine Leclerc observe aussi que Québec s’avère un piètre élève en matière de classement, de sauvegarde et de protection du patrimoine immobilier. Son rapport indique que le ministère de la Culture et des Communications (MCC) confie aux municipalités une part importante de la responsabilité de sauvegarder le patrimoine immobilier québécois. « Cette situation est aberrante, car la plupart des municipalités ne détiennent pas toute l’expertise requise. Pourquoi le MCC confie aux municipalités la réalisation d’interventions qui, dans plusieurs cas, ne peuvent qu’être effectuées par les professionnels du MCC ? C’est comme si un garagiste confiait l’entretien mécanique des véhicules de ses clients à l’épicier ! Ça n’a aucun sens. Il faut s’appuyer davantage sur l’expertise du personnel professionnel », dit Line Lamarre.
Dans son audit de la Régie de l’assurance maladie du Québec et de Retraite Québec, Mme Leclerc pointe de nombreux risques liés à la sécurité de la gestion des renseignements personnels et confidentiels. « Malgré les brèches et l’utilisation illicite de données au sein de divers organismes et entreprises récemment, la leçon n’est toujours pas apprise : le contrôle des activités du personnel de la RAMQ et de Retraite Québec ayant des accès informatiques privilégiés doit jouir d’une plus grande attention de la part des directions de ces organismes. Pour mener à bien l’ensemble de ces opérations de sécurité informatique, le gouvernement doit pouvoir compter sur du personnel professionnel bien formé et en nombre suffisant », indique Mme Lamarre.
Le SPGQ réitère que l’attraction et la rétention du personnel professionnel, notamment en gestion contractuelle et en informatique, demeurent des enjeux prioritaires, comme en témoignent de nombreux rapports du Vérificateur général du Québec insistant sur l’importance de l’expertise interne. « Le Conseil du trésor a même reconnu dans son budget de dépenses 2018-2019 que, au-delà des avantages liés à la maîtrise d’œuvre à l’interne et à la pérennité des connaissances, la stratégie entraîne des économies récurrentes, le coût des ressources internes étant généralement inférieur à celui des ressources externes. Que veut le gouvernement en ces matières : être un premier de classe ou porter le bonnet d’âne ? », conclut Line Lamarre.
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