« Les lacunes relevées par la vérificatrice générale sont nombreuses et, malheureusement, elles ne sont pas nouvelles. Que ce soient des lacunes dans l’attribution et la surveillance des contrats ou encore les ratés de la haute direction, il s’agit là d’exemples probants de la gangrène qui ronge le MTQ », soutient Richard Perron, président du SPGQ.
La conjoncture est donc favorable pour miser sur l’expertise des professionnels et professionnelles du gouvernement du Québec et ainsi s’assurer d’une gestion efficiente et intègre des fonds publics. La vérificatrice générale de même que la commission Charbonneau ont démontré que la perte d’expertise au ministère des Transports a pavé la voie à une gestion plus que discutable des deniers publics.
« Alors que le gouvernement Charest s’était fixé comme cible, après la publication du rapport Duschesneau en 2011, l’embauche de près de mille employés au MTQ pour reprendre le contrôle et la surveillance d’au moins 25% des chantiers (!), on constate une diminution des effectifs professionnels du SPGQ de 13% de 2015 à 2017", déplore le président du SPGQ.
Cela va à l’encontre des recommandations de la commission Charbonneau et du gros bon sens qui devrait en découler. Non seulement les salaires ne sont pas au rendez-vous – avec un retard de 23% constaté par l’ISQ –, mais le gouvernement joue les durs en refusant d’ajuster ces salaires au marché du travail comme le réclame pourtant la CAQ elle-même ! Le gouvernement du Québec doit comprendre l’urgence de réinvestir dans l’attraction et la rétention de professionnelles et professionnels qualifiés. Ce réinvestissement est primordial pour la reconstruction de l’expertise interne, tant au MTQ que dans les autres ministères et organismes », rappelle M. Perron.
En matière de processus d’attribution des contrats, Guylaine Leclerc note que le ministère ne parvient pas à mettre en place des conditions permettant une bonne gouvernance des activités liées au processus de gestion contractuelle.
« La vérificatrice générale a dénombré quatre politiques, 21 directives, 45 procédures, 79 formulaires, des normes présentées dans quatre cahiers de charge et de devis généraux, 46 devis types et 11 guides techniques ainsi que 29 notes d’orientation. De quoi en perdre son latin ! Au lieu de régler les problèmes au sein de l’organisation, la direction choisissait d’alourdir la tâche, rendant ainsi encore plus difficile la surveillance des contrats octroyés aux firmes privées », souligne le président du SPGQ.
Pourtant, dès novembre 2015, la commission Charbonneau recommandait dans son rapport de doter le Québec d’une Autorité des marchés publics (AMP), une instance nationale d’encadrement des marchés publics qui serait la réponse appropriée pour assurer l’intégrité des processus.
« De plus, le SPGQ a recommandé de permettre à l’Assemblée nationale du Québec de procéder à la nomination du président-directeur général et des vice-présidents de l’AMP afin de protéger l’indépendance et l’impartialité dans l’exercice de leurs fonctions des personnes désignées, ainsi qu’à apporter une plus grande transparence dans le processus de sélection et de désignation de ces dernières, une recommandation qui ne semble pas avoir eu d’écho. Plus ça change, plus c’est pareil. Nous nous devons de refuser ce constat et de demander au gouvernement d’agir en conséquence, pour le bien des Québécois ! », conclut Richard Perron.