Moins de coercition, plus de prévention
« Nous saluons la vision insufflée par Mme Régine Laurent, qui mise sur la prévention et sur des interventions collaboratives. Nos préoccupations en ce qui a trait aux enfants co-victimes de violence conjugale et à leurs mères ont été entendues et font l’objet de recommandations fidèles aux réalités du terrain » se réjouit la présidente Chantal Arseneault.
Les intervenant.e.s en protection de la jeunesse sont invité.e.s à reconnaître les impacts de la violence conjugale sur les enfants, à entendre leur voix et à remplacer la pression indue à laquelle on soumet les mères par un soutien et un accompagnement adaptés, qui tiennent compte de leur victimisation pour réellement les aider à protéger leurs enfants.
La Commission a retenu la majorité des recommandations mises de l’avant par notre regroupement : la mise en œuvre de protocoles de collaboration entre les acteurs impliqués dans la protection de la jeunesse, incluant les maisons d’aide et d’hébergement ; la désignation d’une personne pivot responsable du dossier de la violence conjugale au sein des DPJ ; la formation sur la problématique, avec un accent sur la violence post-séparation ; la supervision clinique des intervenantes ou encore le développement de programmes de soutien aux enfants victimes de violence conjugale.
Le rôle clé des organismes communautaires
En plus d’encourager des investissements financiers conséquents pour renforcer l’action communautaire, le rapport Laurent reconnaît le rôle clé des organismes communautaires et prône une meilleure collaboration avec les maisons d’aide et d’hébergement afin d’améliorer la protection des droits des enfants.
L’approche préventive permet en effet de valoriser tout le travail effectué par les organismes oeuvrant avec les familles, les jeunes mais aussi les femmes, au sein desquels se noue, dans la proximité, un lien de confiance qui est primordial pour bien accompagner les enfants et agir autant que possible pour favoriser leur bien-être et leurs droits.
Dans cette lignée, les maisons d’aide et d’hébergement membres du Regroupement ont développé une expertise en intervention jeunesse, qui leur permet d’accompagner adéquatement les enfants confrontés à la violence conjugale. Spécialistes de la problématique, les intervenantes offrent également de la formation aux professionnel.le.s de différents milieux. Tout comme pour la mise en œuvre des recommandations des autres rapports d’experts récemment remis au gouvernement, elles sont ainsi prêtes et disponibles pour mettre leur expertise au service des changements qui s’imposent dans la foulée du rapport Laurent.
Pour une mise en pratique cohérente
« Toutes ces actions ont le potentiel de mieux protéger les enfants dans des contextes de violence conjugale. Nous avons là un rapport étoffé et prometteur, qui crée de grandes attentes sur le terrain et le Regroupement suivra de près les suites que donnera le gouvernement » ajoute Chantal Arseneault.
En effet, la mise en pratique des recommandations devra à son tour tenir compte des spécificités des situations de violence conjugale, à distinguer sans équivoque des « conflits familiaux » et des « conflits de séparation ». À cet égard, la responsabilisation des pères violents devra faire l’objet d’efforts soutenus. Enfin, la médiation, la collaboration entre parents et la coparentalité devront être utilisées avec circonspection dans de tels contextes afin d’éviter de revictimiser la mère et de placer l’enfant dans une situation délicate et potentiellement néfaste.
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