Ce qui suit n’est pas un texte rédigé, patiemment réfléchi et savamment ordonnancé pour présenter un tout qui se voudrait cohérent, solide et exhaustif. C’est la reproduction à l’identique de 14 remarques, comme autant de tweets, générées par la lecture de cette lettre aux Français d’Emmanuel Macron.
1/ Déclarée grande cause du quinquennat "l’égalité femmes-hommes" est portée disparue. Le mouvement #MeToo est en train de transformer nos sociétés mais le mot "femmes" n’est même pas présent dans le texte
2/ Autres absents : les jeunes. Non pas nos "enfants", terme énoncé à 4 reprises qui les infantilise, mais la jeunesse, celle qui a souffert de la pandémie et des confinements, dont le futur est barré par la crise écologique et la guerre, et qui aspire à construire son avenir.
3/ Que nous dit Emmanuel Macron ? Que son bilan est bon, excellent même, hormis quelques "choix" qu’il "ferait sans doute différemment", et qu’il nous propose donc de le reconduire, tout en nous promettant du sang et des larmes (travailler plus, réduire les cotisations sociales)
4/ Emmanuel Macron nous dit qu’il fera "reculer les déserts médicaux" quand le pays a perdu 34 établissements de santé publics sous son quinquennat (1376 hôpitaux fin 2016, 1342 fin 2020) et plus de 17 000 lits dont nous manquons cruellement. Stop ou encore ?
5/ En plein salon de l’agriculture, E. Macron ne voit le monde agricole que comme un secteur à "moderniser" (le fameux triptyque "robotique, numérique, génétique"), alors qu’il faudrait une grande loi pour préserver les terres et les paysans qui disparaissent à vitesse grand V.
6/ Alors, oui, Emmanuel Macron promet de faire de l’école et du grand âge une priorité (comme l’égalité femmes-hommes en 2017 ?) mais tout en réduisant des impôts et des cotisations pourtant nécessaires pour financer notre "modèle social" et des priorités nouvelles.
7/ Contrairement à ce qu’Emmanuel Macron a prétendu plusieurs fois, il n’a tiré aucun enseignement de ses erreurs, ni de la pandémie qui a pourtant mis en lumière de terribles défaillances dans l’appareil d’état et une mondialisation qui nous conduit dans l’impasse.
8/ Emmanuel Macron veut au contraire poursuivre les "transformations engagées durant ce mandat" et qui, loin de permettre à TOUS "nos compatriotes de vivre mieux" ont permis aux riches de s’enrichir sans que les plus précaires et pauvres du pays n’en voient la couleur.
9/ Emmanuel Macron va-t-il intervenir pour réduire les inégalités ? Certes non. Le "pognon de dingue", disponible pour sauver les actionnaires des grands groupes, ne sera pas mobilisé pour "corriger" les inégalités : à la "méritocratie", perverse illusion, de s’en charger.
10/ En matière économique, Emmanuel Macron reprend déjà les exigences du MEDEF sur la poursuite de la baisse des impôts de production, dont profiteront les secteurs de la finance et de la pétrochimie, et dont on sait déjà qu’elle ne créera que très peu d’emplois.
11/ A plusieurs reprises, cette lettre aux français répond à Zemmour et Le Plen, y compris de manière contradictoire (on dit ici qu’il ne faut "ressasser la France de notre enfance" avant d’évoquer "Un art de vivre millénaire") plus qu’elle ne trace un avenir collectif.
12/ Vous y lirez également le poncif habituel selon lequel, nous, citoyennes et citoyens, aurions des devoirs avant d’avoir des droits, là où la Constitution nous garantit uniquement des droits : seul l’Etat a des devoirs à notre égard. #LeDroitPourLesNuls
13/ Plus grave, E. Macron confirme être sur la mauvaise pente en voulant faire de nos histoire, langue et culture des réalités immémorielles et intangibles qu’un Français devrait se limiter à "connaitre, aimer et partager", alors que celles-ci ne cessent d’évoluer et s’hybrider.
14/ Enfin, E. Macron conclut sa lettre aux Français en confirmant que le débat sur son bilan sera escamoté, et qu’il se limitera à nous informer de "son projet". Nous valons mieux que ces allocutions télévisées et lettres aux Français assénées sans journaliste ni contradicteur.
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