De plus en plus, on ne voit plus la candidature du PS comme une véritable alternative à Sarkozy. Au cours des dernières années a émergé une gauche alternative qu’on appelle la gauche de la gauche. Cette gauche alternative veut rompre à différents degrés avec la fausse alternative entre que représente le PS.
La candidature de l’ancien ministre du gouvernement du PS de Lionel Jospin, Jean Luc Mélenchon pour le Front de Gauche est fortement représentative de cette gauche alternative. Il fait une percée autour de 13-14 %. Le gros de l’organisation de la coalition du Front Gauche tourne autour du Parti-communiste français (PCF). Est- ce que nous assistons à rupture de l’alliance électorale et gouvernementale entre le PCF et le PS ? Cette alliance existe depuis l’élection de François Mitterrand du PS à la présidence en 1981.
Autrefois principal parti de gauche en France, le PCF a joué le rôle de cinquième roue dans son alliance avec PS, maintenant un minimum d’éluEs, en avalisant de plus en plus des politiques pro-capitalistes avec la participation de ministres communistes dans les différents gouvernements du PS. On peut raisonnablement se poser la question du rôle que jouera le PCF dans le Front de Gauche dans le cas d’une éventuelle victoire du candidat du PS François Hollande lors du deuxième tour de la présidentielle le 6 mai. D’autant que les élections législatives suivantes auront lieu les 10 et 17 juin et que les partis désignent déjà leurs candidats et candidates.
Dans le cas du Font de Gauche une grande majorité des candidates et candidates aux législatives seront du PCF. A moins que Jean-Luc Mélenchon soit gagnant au premier tour ou passe au deuxième tour des présidentielles, on peut s’attendre à ce que le Front de gauche subisse de fortes pressions de la part du PCF pour participer à un autre gouvernement du PS gestionnaire de la crise capitaliste, en cas de victoire de François Hollande.
On ne peut miser sur un coup poker stratégique. Il est sans doute peu probable que Jean Luc Mélenchon passe au deuxième tour des présidentielles à la place de Hollande mais ce n’est pas impossible. Tout dépend si la mobilisation autour de la commémoration de prise de bastille s’élargit vraiment. On est encore dans la politique fiction. Mais si le passé est garant de l’avenir, le Front de gauche risque de se déchirer d’ici les législatives sur la participation à un probable gouvernement PS.
Cette dernière hypothèse est reprise par le candidat à la présidentielle du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), l’ouvrier Philippe Poutou. Peu connu au début de la campagne, ce syndicaliste, qui a su contribuer au maintien de son usine contre la fermeture, a vu sa propre candidature contestée même à l’intérieur de son propre parti par des partisans de la candidature de Mélenchon. Philippe Poutou a réussi à contourner les nombreuses obstacles de la quête des 500 signatures nécessaires pour être officiellement candidat.
Malgré un mauvais départ de campagne, dépassant pas le 1% dans les sondages, il a commencé à se faire connaître et en surprendre plus d’un en confrontant dans les débats publics sans détour les politiques d’austérité que les principaux partis veulent appliquer tout en dénonçant le Front national (FN). Sans enlever l’importance de l’enjeu de présidentiel, c’est vraiment dans la campagne des législatives de juin qu’on connaîtra la dynamique de la situation politique française. On vivra encore plusieurs semaines de surprises dépendant de la mobilisation populaire.