Raison #1- Nous n’avons plus le luxe d’attendre
En août dernier, les premiers ministres des provinces canadiennes se rencontraient lors du Conseil de la Fédération à Charlottetown. Le premier ministre du Québec Philippe Couillard en a profité pour convier ses collègues canadiens à un sommet sur les « meilleures pratiques » de lutte contre les changements climatiques qui se tiendra à Québec en avril 2015.
Bien qu’il faille saluer cette initiative, il est à craindre que sans un fort leadership et sans un message clair de la population aux élus, les résultats de ce sommet ne dépassent le stade des bonnes intentions, encore une fois.
Pourtant, plus que jamais, il est urgent d’agir et plusieurs raisons devraient nous inciter à faire entendre nos voix en marge de cet événement. Voici la première :
La communauté internationale n’a plus le luxe d’attendre les retardataires
Les appels des scientifiques sont unanimes : nous aurions dû agir hier. Maintenant, la fenêtre de temps pour éviter un réchauffement global catastrophique de plus de deux degrés rapetisse et il faudra diminuer nos émissions de gaz à effet de serre (GES) d’au moins 40-70 % d’ici 2050 par rapport aux niveaux de 2010 pour y arriver. Plus nous attendons, plus ce sera difficile.
Par ailleurs, les effets du réchauffement sont de plus en plus évidents. Même si le Québec a été épargné, une carte des températures moyennes de la terre publiée récemment par la NASA montre des températures passablement au-dessus des moyennes pour le mois de janvier 2015. En fait, la planète vient de vivre son second mois de janvier le plus chaud jamais enregistré !
Malgré cela, les efforts mondiaux pour contrer les changements climatiques continuent d’être minés par une poignée de gouvernements réfractaires dont fait malheureusement partie le Canada.
Dans son édition 2015, le Climate Change Performance Index classait le Canada au rang des pires pays concernant la performance climatique, aux côtés notamment de l’Arabie Saoudite, de l’Iran et de la Russie.
Cette situation peut sembler désespérée pour une majorité de citoyens canadiens et québécois préoccupés par les questions climatiques, d’autant plus que la Conférence de Paris de décembre 2015 qui doit accoucher d’un successeur au protocole de Kyoto approche à grands pas.
Cela dit, il ne faut pas minimiser l’impact des efforts qui peuvent être déployés à petite échelle. En 2013, dans le cadre d’un marché du carbone partagé avec la Californie (Western Climate Initiative (WCI)), le Québec mettait en place son propre système de plafonnement et d’échange d’émissions. Partout dans le monde, des régions, des villes, des entreprises et des citoyens prennent les devants pour lutter contre les changements climatiques. Cette mobilisation ne peut avoir qu’un effet d’entraînement sur les paliers supérieurs de gouvernement.
Nos dirigeants doivent décider de l’avenir de notre planète. Aidons-les à prendre les bonnes décisions !
Le 11 avril à Québec, nous avons plusieurs raisons d’unir nos voix et de rappeler à M. Couillard et ses collègues canadiens que l’inaction en matière climatique n’est plus une option. Pour les décideurs, comme pour nous, citoyens.
Pourquoi marcher le 11 avril ? Raison #2 – Le développement des sables bitumineux et les projets d’oléoducs représentent une menace tangible
D’ici 2030, l’industrie pétrolière canadienne prévoit que sa production atteindra 6,44 millions de barils par jour, soit une augmentation de 85 % par rapport à ses niveaux de 2013. La plus grande partie de cette augmentation proviendra de l’exploitation des sables bitumineux de l’Ouest canadien.
Afin de tirer des revenus de la production future, les compagnies pétrolières ont besoin de voies d’écoulement supplémentaires vers les marchés internationaux. C’est dans ce contexte que sont nés les controversés projets d’oléoducs comme Keystone XL, Northern Gateway et Énergie Est.
À lui seul, le projet Énergie Est de TransCandadoit acheminer 1,1 million de barils de pétrole par jour sur 4 600 kilomètres, dont 700 kilomètres en territoire québécois, longeant et traversant le fleuve Saint-Laurent, passant à proximité de villes comme Montréal et Québec, de territoires autochtones, de terres agricoles et de nombreuses zones de biodiversité.
Or, un rapport de la Fondation David Suzuki nous apprenait récemment que les projets de mégas oléoducs comme Énergie-Est ne sont pas aussi sécuritaires que ne l’affirme l’industrie.
Ainsi, entre 2004 et 2013, au Canada, on aurait recensé pas moins de 19 déversements majeurs d’au moins un million de litres de pétrole et près de 950 déversements de plus petite envergure provenant d’oléoducs divers.
Les systèmes de détection des fuites ne sont également pas infaillibles. Ainsi, lors de la rupture de la ligne 6B d’Enbridge ayant provoqué le déversement de plus de 3 millions de litres de pétrole bitumineux dans la rivière Kalamazoo en 2010, les procédures les plus élémentaires d’urgence n’ont pas été suivies.
Selon le National Transportation Safety Board (NTSB), ce déversement aurait été en grande partie attribuable à la négligence d’Enbridge et à l’inertie de son centre de contrôle situé à Edmonton. L’alarme qui permettait de détecter les baisses de pression de l’oléoduc vieux de 40 ans aurait été ignorée et celui-ci aurait été remis sous pression non pas une, mais deux fois.
Au Québec, le projet Énergie Est et les autres projets de transport pétrolier en marge du Saint-Laurent doivent traverser une dizaines de zones de biodiversité abritant plusieurs espèces floristiques et fauniques en danger. Le projet Énergie Est doit aussi passer à proximité des prises d’eau potable de Montréal, de Trois-Rivières et d’une partie de Québec, où s’abreuvent plusieurs millions de personnes.
Avec ces projets, la question n’est pas de savoir SI un déversement aura lieu, mais plutôt QUAND et OÙ il aura lieu. Le peu de retombées économiques que fait miroiter le projet Énergie Est pour le Québec vaut-il vraiment que l’on prenne ce risque ?
Par ailleurs, le développement de mégas projets d’oléoduc concoure à une exploitation accrue des sables bitumineux canadiens. Des estimations récentes suggèrent que le projet Énergie Est pourrait à lui seul induire une augmentation de 40 % de la production de pétrole au Canada dans les prochaines années.
Pourtant, pour éviter la catastrophe climatique, le Canada doit absolument laisser plus de 85 % de ses ressources pétrolières connues dans le sol.
Le constat est clair : on ne peut à la fois prétendre être un leader en matière de protection de l’environnement et de climat et être en faveur des sables bitumineux et de la construction de mégas oléoducs. Il est désormais urgent de rappeler à nos décideurs, en particulier au gouvernement du Québec, que le développement de cette industrie et de tels projets risque d’avoir des conséquences irréversibles.
Le 11 avril à Québec, nous avons plusieurs raisons d’unir nos voix et de rappeler à M. Couillard et ses collègues canadiens que l’inaction en matière climatique n’est plus une option. Pour les décideurs, comme pour nous, citoyens.
Pourquoi marcher le 11 avril ? Raison #3- Des alternatives existent !
Trop souvent, on entend dire que nous sommes irrémédiablement dépendants des énergies fossiles et que les énergies alternatives et renouvelables sont inefficaces et ne remplaceront jamais le pétrole.
Si tel était vraiment le cas, 213 milliards de dollars US n’auraient pas été investis en 2013 dans l’énergie éolienne, solaire, hydroélectrique, dans la biomasse et les biocarburants à l’échelle de la planète. Selon l’agence Bloomberg, ce montant représente une croissance annuelle moyenne des investissements dans les énergies renouvelables de 21 % depuis 2004 et presque le double des investissements nets dans les énergies fossiles, excluant le remplacement d’équipements déjà existant !
Ces chiffres sont pour le moins encourageants.
En plus d’être moins polluantes, les technologies propres et les énergies renouvelables permettent d’éviter le gaspillage, améliorent l’efficacité de la production et créent des emplois durables et de qualité. De ce point de vue, elles constituent une alternative attrayante pour bon nombre d’entreprises et continueront de gagner en popularité pour devenir le pivot d’une économie mondiale de plus en plus verte et performante.
Peu de gens le savent, mais l’industrie des technologies propres représente près de 11 milliards de dollars au Canada.
Un récent reportage de Radio-Canada démontre également que le Québec tire très bien son épingle du jeu dans ce secteur d’avenir avec plus de 500 entreprises spécialisées dans les technologies propres, dont 70 % sont connectées à l’étranger.
Une ombre à ce tableau toutefois : la difficile commercialisation de nos entreprises, ici même ! Comme quoi, nul n’est prophète en son pays.
Le gouvernement du Québec peut-il faire plus pour aider nos entreprises en technologies propres à devenir des leaders ici et à l’international ?
Encore une fois, nos décideurs font face à un choix : demeurer dépendants d’énergies fossiles appartenant au siècle passé ou entamer un vrai virage vers une économie plus verte et prospère.
Aidons-les à prendre la bonne décision.
Le 11 avril à Québec, nous avons plusieurs raisons d’unir nos voix et de rappeler à M. Couillard et ses collègues canadiens que l’inaction en matière climatique n’est plus une option. Pour les décideurs, comme pour nous, citoyens.
Confirmez votre présence et faites passer le mot !
Pour plus d’informations sur les technologies propres et l’économie verte, consultez les sites d’Écotech Québec et de SWITCH, l’Alliance pour une économie verte au Québec.