L’affaire Cahuzac n’est pas l’affaire Cahuzac. Parce que surtout et avant tout ce n’est pas l’affaire d’un seul homme qui aurait menti, « les yeux dans les yeux », au Président, au Premier ministre, à l’Assemblée, au peuple français.
L’affaire Cahuzac est une affaire d’État et une affaire de tous et de toutes. Elle n’est pas un coup de tonnerre dans le ciel serein de la Cinquième République, une exception, le fruit des errements d’un individu qui aurait failli. Non, elle est en fait le révélateur du fonctionnement d’un système dans lequel sont liés, au sein de collusions étroites, dirigeants politiques, une partie du monde médiatique et oligarchie financière. Conflits d’intérêt, « renvois d’ascenseur », passages d’un conseil d’administration à un cabinet de ministre et vice-versa, les mélanges des genres sont en fait monnaie courante. Le parcours de Jérôme Cahuzac en est la parfaite illustration. Lui qui exerce ses activités de conseil, activités très lucratives auprès des laboratoires pharmaceutiques qu’il connaît bien grâce à sa fonction politique au sein du cabinet de Claude Evin (alors ministre de la Santé) entre 1988 et 1991.
La confusion entre intérêts personnels et service de l’État existe constamment au sein de cette Cinquième République, discréditée et disqualifiée. Il s’agit donc de défendre qu’il faut en finir avec ces institutions. Institutions qui n’ont jamais permis l’expression d’une démocratie directe, mais qui ont renforcé au fil des années le présidentialisme et qui se sont soumises à la logique des marchés.
Aussi l’affaire Cahuzac est d’autant plus insupportable dans le contexte actuel de cure d’austérité et de crise sociale pour le plus grand nombre. En effet, cette soumission à la finance qui guide la politique du gouvernement et du président de la République s’accompagne des politiques d’austérité exigeant des sacrifices à la majorité de la population, alors que les plus puissants et les plus riches profitent de l’évasion fiscale, y compris l’ancien ministre du Budget en charge de réprimer cette dernière !
L’heure est donc grave. Alors que la droite et l’extrême droite radicalisent leur position et leurs mobilisations contre l’égalité des droits et le mariage pour tous, il ne s’agit ni de se contenter des mesurettes de François Hollande, ni de crier au « tous pourris ». Non, aujourd’hui au lieu de hurler avec les loups, il faut poser des actes forts, il faut changer de République !
Mais cette VIe République, s’il nous faut la réclamer, il s’agit surtout de l’incarner, de lui donner de la chair !
D’abord nous voulons une véritable République démocratique et sociale.
La République démocratique dans laquelle on pourrait se reconnaître appliquerait l’égalité réelle des droits entre toutes et tous, hommes et femmes, homosexuel-les et hétérosexuel-les, Français-es et résident-es étrangers.
La République démocratique que nous voulons fonctionnerait avec d’autres institutions, les élus ne seraient pas des professionnels de la politique, ils pourraient se voir appliquer révocabilité, limitation des mandats et non cumul de ces derniers. La proportionnelle intégrale à tous les niveaux serait retenue.
La République démocratique, c’est une démocratie jusqu’au bout qui se donne les moyens d’impliquer tout le peuple, de l’échelle locale à l’échelle nationale, qui permet l’expression de la démocratie directe tant sur les lieux de vie que sur les lieux de travail. Il s’agira de mettre en œuvre un pouvoir efficace parce que souple et impliquant la population à partir du principe de subsidiarité : ne serait délégué à l’échelon supérieur que ce qui ne peut être pensé et mis en œuvre localement.
Une République démocratique ne peut réellement exister qu’en étant une République sociale.
C’est pourquoi elle assurerait un toit et un salaire décent pour tous et toutes, une protection sociale et un droit à la santé pour tous et toutes.
Enfin une VIe République dans son organisation sociale et démocratique se donnerait les moyens d’en finir avec ce système capitaliste et productiviste en promouvant la transition écologique, et de mettre en place une vraie coopération en direction des autres peuples, en Europe et au-delà.
C’est le sens de la journée du 5 mai. Par cette première initiative, le Front de gauche veut montrer qu’il est porteur d’une alternative à gauche. Nous voulons exiger l’arrêt des politiques d’austérité, affronter l’oligarchie financière, poser les jalons pour exiger un processus constituant comme en Islande et ouvrir la voie vers une VIe République.
A l’instar de nos camarades grecs, espagnols, portugais, italiens, tunisiens qui n’en peuvent plus des politiques d’austérité menées par des élites politiques au service de l’oligarchie financière, il est temps de reprendre la rue.