Dans les années 70, Pauline Julien a écrit La litanie des gens gentils que Richard Grégoire a mis en musique. Les premières paroles, servant de refrain, allaient comme ceci : « Polis, gentils, ravis, soumis, endormis, aplatis. »
C’est à cette chanson que fait penser la récente sortie de Régine Laurent, présidente en sursis de la Fédération interprofessionnelle de la Santé du Québec (FIQ), dont on se demande bien quelle mouche a pu la piquer pour déclarer que la grève est trop dérangeante.
On a l’impression d’entendre les conformistes du patronat qui nous serinaient pendant les mouvements sociaux de 2012 qu’il fallait faire des manifestations sans que ça ne nuise à personne.
Sait-on bien que la grève, d’abord été illégale au XIXe siècle, est un droit acquis de haute lutte qui a été reconnu comme un droit constitutionnel par un jugement de la Cour suprême dans la cause Federation of Labour c. Saskatchewan (2015).
Sait-on bien que les manifestations et les grèves ne sont efficaces que si elles sont dérangeantes ? Il y a de quoi être renversé d’entendre une responsable syndicale prétendre que le peu de moyens à la disposition des travailleuses et des travailleurs soit déjà de trop devant l’arsenal de restrictions et d’injonctions dont disposent les patrons.
On a l’impression d’une main tendue vers les organisations patronales pour dire « Repêchez-moi, je suis déjà de votre côté. »
Heureusement, les travailleuses des Centres de la petite enfance (CPE), affiliées à la Confédération des syndicats nationaux (CSN), ne se sont pas fait seriner de pareils discours et ont pu obtenir une entente de principe après une journée de grève la semaine dernière et la menace de deux jours de grève cette semaine, et cela tout en conservant l’appui des parents. Comme quoi, il y en a qui comprennent encore ce que signifie la solidarité dans le monde du travail.
LAGACÉ, Francis
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