18 septembre 2022 | tiré de Left Voice
Aujourd’hui, la situation politique aux États-Unis est définie par les contradictions suivantes. D’une part, nous sommes dans un moment d’instabilité et de polarisation accrue – dont l’expression principale est la radicalisation croissante du Parti républicain. Une crise économique semble se préparer – une crise que, comme le gouvernement Biden l’a clairement indiqué, frappera d’abord la classe ouvrière. Ceci, combiné à une marée montante de syndicalisation dirigée par la « jeune génération militante », pourrait signifier, à terme, la montée de la lutte des classes. En outre, il y a eu un fort déclin de la confiance du public dans les institutions – un phénomène qui a des expressions à la fois de gauche et de droite – ce qui déstabilise globalement la situation.
D’un autre côté, cependant, le Parti démocrate est en remontée. Il promet la stabilité et une réponse forte aux attaques de droite. Au début de l’année, les Démocrates étaient en chute libre, n’ayant pas été en mesure d’adopter une législation significative dans un contexte d’inflation massive. La cote de popularité de Biden a atteint son point le plus bas. On croyait que les Démocrates étaient sur le point d’être massacrés aux élections de la mi-mandat. Mais ensuite, après que la Cour suprême ait annulé Roe (le droit à l’avortement), les Démocrates ont fait ce qu’ils font de mieux : utiliser la peur de la montée de la droite pour reprendre l’initiative dans la collecte de fonds et recherche d’un soutien électoral. Même si les Démocrates n’ont rien fait pour rétablir le droit à l’avortement, ils ont quand même pu se positionner rhétoriquement comme la seule alternative à l’avancée de la droite. Ainsi, grâce en grande partie aux ONG affiliées au Parti démocrate comme Planned Parenthood, ils ont surfé sur l’indignation suscitée par le renversement de Roe et renforcé considérablement leurs appuis.
Cela a eu des répercussions sur l’ensemble de la situation nationale. Biden a réussi à discipliner Joe Manchin et à faire adopter la loi sur la réduction de l’inflation (plus communément appelée projet de loi sur le climat), qui a donné aux Démocrates une victoire législative bien nécessaire leur permettant de prétendre travailler à la lutte aux changements climatiques. Pendant ce temps, les prix de l’essence ont également chuté, donnant un certain répit économique aux travailleurs, ce qui, à son tour, a aidé à stabiliser la situation politique – bien que l’inflation élevée et les bas salaires continuent à détériorer la situation de la classe ouvrière. Tout cela a renforcé la position des Démocrates, et il semble de plus en plus probable qu’ils seront en mesure de maintenir le contrôle du Sénat et potentiellement de minimiser la vague républicaine à la Chambre des représentants, renversant deux hypothèses précédentes sur les élections de la mi-mandat.
Dans l’ensemble, la situation nationale reste contradictoire. Les nouveaux développements changent la situation presque chaque semaine. Mais, dans l’ensemble, nous pouvons retirer quelques tendances clés qui définissent le moment actuel de la vie politique.
Les avancées de la droite
L’une de ces tendances les plus fortes dans la situation nationale est l’avancée de l’extrême droite et l’escalade des attaques contre les droits démocratiques - notamment contre le droit à l’autonomie corporelle et contre le droit de vote. Cette avancée de droite est la retombée des « guerres culturelles » du début des années 1990, mais elle présente quelques spécificités. Premièrement, cette série d’attaques de droite contre les droits civils fait reculer avec succès des droits qui étaient déjà légalement consacrés. En d’autres termes, plutôt que d’empêcher simplement les opprimés d’obtenir plus de concessions de l’État, la droite réussit à récupérer des concessions déjà obtenues – comme le droit à l’avortement.
Deuxièmement, l’attaque de la droite est plus radicale qu’auparavant, comme en témoignent ses objectifs. Par exemple, la dernière vague de projets de loi anti-trans était axée sur l’interdiction faite aux personnes trans – mais, comme c’est presque toujours le cas, en particulier aux personnes transféminines – d’utiliser les toilettes publiques associées à leur sexe. Il s’agit, bien sûr, d’une attaque odieuse et de droite contre leurs droits fondamentaux, mais elle vise principalement à restreindre la capacité des personnes trans à s’intégrer à la vie publique. En d’autres termes, les attaques visaient à restreindre les espaces publics auxquels les personnes trans ont accès.
Ces nouvelles attaques, cependant, vont plus loin et tentent d’attaquer le droit des personnes trans à la transition. Qu’il s’agisse de la tentative de faire des soins de santé pour les jeunes un crime, de désigner les transitions de genre comme de la maltraitance des enfants ou de retirer les soins de santé trans de la couverture Medicaid – la vague actuelle d’attaques de droite contre les soins de santé trans cherche à détransitionner de force les personnes ou à d’abord les empêcher de faire la transition. En ce sens, ces attaques visent à restreindre les personnes trans non seulement dans les espaces publics, mais aussi dans les espaces privés.
Si les mouvements culturels de droite précédents avaient espéré restreindre agressivement l’autonomie corporelle à ce degré, ils n’ont pas pu aller très loin. Mais maintenant, la droite avance au-delà des limites de ce qui est communément attendu dans la démocratie libérale. L’ère néolibérale a été définie, en partie, par une plus grande intégration des opprimés (y compris les personnes queer, les femmes, les personnes de couleur, etc.) dans le courant dominant de la société capitaliste, ce qui allait de pair avec la concession de certains droits légaux. Pour la première fois depuis le début de l’ère néolibérale, nous assistons à un recul de ce processus.
En termes de droits reproductifs, nous pouvons voir que la droite a remporté l’une de ses plus grandes victoires depuis des décennies. Avec l’annulation de l’arrêt Roe c. Wade (qui protégeait le droit à l’avortement), la Cour suprême a supprimé de manière non démocratique non seulement une victoire clé du mouvement féministe, mais a aussi levé des obstacles à d’autres avancées vers la droite. Maintenant, les législateurs républicains de divers États cherchent à interdire le contrôle des naissances et les contraceptifs pour les couples qui ne sont pas mariés. Cette victoire est le résultat d’une combinaison de plusieurs facteurs. Premièrement, le déplacement de la situation vers la droite et la dépolitisation relative. À un autre moment, l’annulation du droit à l’avortement aurait pu conduire à une mobilisation massive de personnes qui ont rejeté la décision et la légitimité du tribunal. Bien qu’il y ait eu quelques marches dans les jours précédant et suivant la décision, aucun mouvement n’a émergé. C’est, en grande partie, parce que l’élection de Biden a eu un important effet démobilisateur. Biden et les Démocrates ont réussi à contenir la colère des masses et l’ont détournée de l’organisation de rue vers la politique électorale. Alors que cette offensive se menait, Biden a été élu et une grande partie de sa base est retournée à la vie privée et a abandonné la politisation accrue de l’ère Trump. Cela a dégagé le terrain et a permis l’avancée de la droite sans beaucoup de résistance.
Un autre facteur clé est la stratégie de plusieurs décennies de l’aile évangélique du Parti républicain, qui cherche à s’intégrer dans l’État en installant des juges de droite. Cette stratégie consistant à « de placer dans la cour » des extrémistes de droite a conduit les évangéliques à soutenir des candidats politiques avec lesquels ils avaient de grandes différences politiques (comme Trump). Il y a également eu des tentatives de présenter des candidats à des postes spécifiques pour faire avancer ce programme sur le système judiciaire. Par exemple, la Federalist Society a essentiellement aidé Trump à choisir les juges qu’elle désirait. Cette stratégie a porté ses fruits pour la droite, non seulement dans le renversement de Roe, mais aussi dans une litanie d’autres décisions de droite qui ont été rendues ainsi rendues possibles.
La victoire de la droite dans Roe valide à la fois la stratégie de l’establishment républicain (qui a toujours inclus des secteurs de l’aile évangélique) et ouvre la porte à de nouvelles avancées de la part des « nouveaux républicains », qui élargissent leur audience. Contradictoirement, cependant, cela aide également les Démocrates, qui capitalisent sur l’indignation publique face à la décision de stimuler leurs espoirs électoraux de mi-mandat – ce qui a conduit certains Démocrates à appeler les élections de mi-mandat le « Roevember ».
Réorientation du Parti républicain
Dans l’ensemble, le Parti républicain se déplace vers la droite – faisait sien des éléments du trumpisme, du nationalisme chrétien et du conservatisme national – et il se radicalise de plus en plus. Les premiers signes de ce changement sont apparus en 2008 avec Sarah Palin, puis se sont intensifiés avec le mouvement Tea Party. La crise économique de 2008 a déstabilisé la situation politique et conduit à une polarisation entre la droite et la gauche. Alors que les Démocrates ont réussi à contenir avec (plus ou moins) de succès leurs éléments de gauche, les Républicains se ont appuyés sur leurs éléments de droite. Symptôme de cette polarisation : Trump a pris le contrôle du parti. Le Parti républicain qui a nommé John McCain (ou, d’ailleurs, Mitt Romney) semble très éloigné du Parti républicain qui a fait de Ron DeSantis sa figure de proue. Ce virage à droite du Parti républicain doit être compris comme, en grande partie, sa façon de répondre aux importantes tendances démontrant la perte de confiance dans les institutions, au mécontentement envers le statu quo, à la polarisation croissante et à la colère face aux échecs du néolibéralisme.
Trump lui-même, cependant, est maintenant dans une position contradictoire. Considéré à l’origine par beaucoup comme la représentation politique de l’extrême droite, Trump est confronté à plus de défis par des personnalités telles que DeSantis. Alors que Trump est toujours, le chef politique du Parti républicain et la figure de proue de la grande droite qui l’entoure, des fissures dans son armure émergent.
D’une part, la tentative de discipliner légalement Trump semble s’intensifier. Ll’exemple le plus clair est le raid du FBI à Mar-a-Lago. Bien que l’issue de l’enquête soit déterminée par divers facteurs – notamment l’équilibre des forces et la réponse à ce raid de la droite – il est clair que Trump est dans une position plus précaire qu’il ne l’était il y a quelques mois. C’est le résultat de sa perte de soutien au sein du Parti républicain. Alors que la majorité des Républicains – à la fois la base et les élus – soutiennent Trump, nous assistons à des défections notables. Plus particulièrement, le propre vice-président de Trump, Mike Pence, a pris la défense du FBI et a déclaré qu’il envisagerait de témoigner lors des audiences du 6 janvier. En outre, environ la moitié des Républicains sont prêts à ne pas appuyer Trump en 2024, selon un récent sondage – un signe de la baisse du soutien de Trump au sein de son parti.
Le positionnement de Pence est particulièrement intéressant car il révèle à la fois son intention presque certaine de se présenter à la présidence – représentant une aile évangélique plus traditionnelle du Parti républicain, qui est moins liée au trumpisme – alors que des secteurs de l’establishment républicain abandonnent Trump. N’ayant jamais été une figure populaire parmi l’establishment républicain, l’intention de Trump de se présenter à nouveau en 2024 est certainement troublante pour les membres de la direction républicaine, en particulier autour de la question de la politique étrangère, où l’approche isolationniste de Trump est en décalage avec les politiques républicaines traditionnelles.
Contradictoirement, cependant, Trump a également été renforcé (à court terme) par le raid de Mar-a-Lago. Le raid a redynamisé des secteurs de sa base, comme on peut le voir dans les manifestations contre des bâtiments du FBI par des partisans de Trump. Trump peut maintenant se réaffirmer en tant que force anti-establishment en soulignant le ciblage politique auquel il est confronté. En outre, dans la bataille des primaires – une bataille qui a impliqué George W. Bush et Mitch McConnell parcourant le pays pour tenter de vaincre les candidats trumpistes – Trump a très bien réussi. Constamment, Trump s’est avéré une force majeure au sein du Parti républicain, capable de rallier le soutien derrière les candidats de son choix.
Les Démocrates : renforcés à court terme, mais incapables de résoudre ses contradictions
Les Démocrates ont également eu à vivre les conséquences de cette polarisation accrue au sein de leur parti, soit l’émergence du courant autour de Sanders et de la DSA. Mais l’establishment démocrate a été mieux à même de minimiser et de coopter ces éléments sous son aile. Ainsi, alors que les Républicains se polarisent vers la droite, les Démocrates essaient de se tenir au centre, ce qui signifie, essentiellement, qu’ils se déplacent également vers la droite dans une tentative de suivre le « centre » du discours politique qui s e déplace vers la droite sous les pressions des Républicains. Ainsi, alors que les Démocrates peuvent prétendre défendre les valeurs progressistes ou combattre la droite, en réalité, ils aident à déplacer le discours politique global vers la droite – à la fois en dépensant des dizaines de millions pour soutenir les candidats les plus à droite dans les primaires républicaines dans l’espoir qu’ils seront plus faciles à battre. Mais ils disciplinent aussi les éléments de gauche de leur base.
Malgré leurs défis à long terme, cependant, les Démocrates sont dans la meilleure position politique qu’ils l’ont été le reste de l’année – ce qui n’est toujours pas le mieux ou le plus idéal de leur point de vue. Après des mois d’impasse législative et de luttes intestines publiques entre la droite et le centre du parti, Biden a finalement fait adopter quelque chose. La loi sur la réduction de l’inflation (plus communément appelée projet de loi sur le climat) est extrêmement insuffisante et truffée de concessions aux sociétés productrices d’énergie, mais elle représente un acquis pour Biden. Pour la première fois en plus d’un an, Biden a obtenu un projet de loi « historique » au Congrès.
Pour ce faire, Biden devait ramener la droite démocrate – à savoir Joe Manchin – dans la bergerie. Manchin, qui avait publiquement déclaré son opposition au projet de loi, est revenu sur sa position et a appuyé le projet de loi après avoir obtenu plusieurs concessions pour l’industrie du charbon. Cela représente, cependant, une victoire majeure pour Biden. Enfin, il a pu diriger son parti sur le front intérieur et faire adopter une partie de son programme. Il a ensuite annulé une partie de la dette des étudiant-e-s – bien que beaucoup, beaucoup moins que la remise complète qui est ce qui est cruellement nécessaire – en tenant partiellement une promesse de campagne. Tout cela a insufflé une nouvelle vie aux Démocrates du Congrès, qui étaient apparemment complètement démobilisés il y a seulement quelques semaines. Pour sa part, la cote de popularité de Biden grimpe, bien qu’il reste remarquablement impopulaire.
L’autre facteur majeur qui soutient les espoirs électoraux des démocrates est la décision de la Cour suprême d’annuler Roe (qui assurait le droit à l’avortement). Ce faisant, ils ont donné aux démocrates leur meilleur argument aux électeurs qui s’opposent aux attaques de la droite contre contre les droits reproductifs. Un démocrate – qui a remporté son élection – est allé jusqu’à écrire sur ses pancartes de campagne que « le choix est sur le bulletin de vote ». Depuis la décision de la Cour suprême, les démocrates ont obtenu de meilleurs résultats lors d’élections spéciales et une majorité d’électeurs inscrits disent que l’avortement sera « très important » pour leur vote de mi-mandat. Il est intéressant de noter que ce même sondage montre qu’aujourd’hui moins d’électeurs qu’au printemps disent que Biden sera un facteur majeur dans leurs votes de la mi-mandat. Il semble de plus en plus probable que les Démocrates gardent le contrôle du Sénat et garde au moins un contrôle partiel du Congrès.
Cela aurait semblé presque impensable il y a quelques mois. Nous pouvons voir à quel point les démocrates ont pu saisir l’avancée de la droite – une avancée qu’ils ont favorisée – et les attaques contre les droits démocratiques pour renforcer leur position politique. S’ils battent les candidats d’extrême droite, les Démocrates pourront, comme ils l’ont fait après 2020, se désigner comme la réponse à l’extrême droite.
Le discours dramatique de Biden sur la « protection de la démocratie » contre le trumpisme est une preuve supplémentaire du plan des Démocrates : attiser la peur légitime de la droite pour se renforcer – à la fois à court terme, avec les élections de mi-mandat, et en réponse à la perte de confiance plus généralisée envers eux. En se présentant comme les défenseurs de la démocratie, les Démocrates jouent essentiellement sur ce terrain. Une fois de plus, on nous dit que c’est l’élection la plus importante de notre vie, que la liberté et la démocratie sont en jeu, que nous devons voter pour un parti que nous n’aimons pas particulièrement pour empêcher que l’extrême droite ne prenne le pouvoir. C’est la même ligne que les Démocrates utilisent depuis des années, mais cette fois, cela semble plus réel.
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L’énorme potentiel (et largement inexploité) de la génération militante et progressiste (la génération U)
Le phénomène actuel de la génération U est peut-être le développement le plus prometteur de ces derniers mois. Bien qu’il y ait certaines limites à la façon dont cette tendance se développe, il est extrêmement important qu’il y ait un mouvement de syndicalisation dynamique pour la première fois depuis des décennies et qu’il soit dirigé principalement par des jeunes noirs, bruns, queer, immigrants, etc. Cela représente un énorme bond en avant pour le mouvement ouvrier, à la fois en termes de dynamisme et en termes du nombre de lieux de travail syndiqués.
De plus en plus de lieux de travail continuent d’être organisés – généralement par de jeunes organisateurs locaux qui sont liés à un lieu de travail. Une usine Amazon à Albany, dans l’État de New York, a déposé une demande de syndication auprès de l’ALU. Si cet effort est couronné de succès, il représenterait la deuxième grande victoire pour le syndicat Amazon Labor Union. La lutte pour syndiquer Starbucks se poursuit alors que les travailleurs subissent de plein fouet des activités antisyndicales intenses et potentiellement illégales, notamment des fermetures de magasins et des licenciements.
Fait important, cette semaine a vu la première grande grève des enseignants à l’orée de la nouvelle année scolaire. Les enseignants et les travailleurs de l’éducation de Columbus, dans l’Ohio, se sont mis en grève deux jours avant ce qui était censé être le premier jour d’école. Ils exigent de meilleures installations scolaires, un programme plus complet et des classes plus petites. Le district scolaire de Columbus – le plus grand de l’État – tente de contraindre les familles à franchir la ligne de piquetage virtuelle avec des menaces d’absentéisme pour les familles qui ne se conforment pas, mais certains élèves ont déjà rejoint les enseignants sur les lignes de piquetage. Cette grève pourrait inspirer d’autres travailleurs de l’éducation à travers le pays au début de l’année scolaire.
De plus, les teamsters d’UPS entament leur combat contractuel – qui atteindra son paroxysme en 2023 – ce qui, selon beaucoup, mènera à une grève. Cela signifierait que plus de 350 000 travailleurs – organisés avec les teamsters – dans le secteur de la logistique seraient en grève, une grève plus perturbatrice que celle que nous avons vue ces derniers mois. Ceci, combiné aux phénomènes de syndicalisation plus larges, prépare le terrain pour une période potentiellement combative.
Dans quelle mesure la période de lutte des classes à venir sera-t-elle combative ?
Cela dépend de la façon dont la génération U qui se développe politiquement. À l’heure actuelle, ils sont relativement inactaifs sur le plan politique – agissant sur le lieu de travail mais n’intervenant pas de manière significative dans la situation politique globale en tant que travailleurs. Il n’y a pas eu de grèves ou d’arrêts de travail pour protéger le droit à l’avortement, par exemple. En effet, même l’antisyndicalisme n’est pas combattu – à quelques exceptions notables près – par des actions en milieu de travail. Au contraire, la confiance est placée dans le Conseil national des relations de travail (NLRB) pour résoudre les différends. C’est une stratégie dangereuse parce que, fondamentalement, elle repose sur l’État plutôt que sur le pouvoir ouvrier. En cela, il limite le développement d’un mouvement ouvrier et sème une fausse foi dans le Parti démocrate (qui pointe vers le NLRB comme un exemple positif de la façon dont les Démocrates peuvent aider les travailleurs).
La génération U pourrait être incroyablement perturbatrice. Les travailleurs font fonctionner la société, ce qui signifie que, si les travailleurs le choisissent, nous pouvons mettre toute l’économie capitaliste à l’arrêt. C’est un outil immensément puissant qui terrifie les capitalistes et leurs politiciens. C’est pourquoi Biden crée des « équipes d’urgence » spéciales pour aider à éviter une grève des chemins de fer ; les capitalistes veulent maintenir leurs profits. Si la génération U choisit d’utiliser ce pouvoir pour affecter la situation politique – par exemple, une grève pour l’avortement ou les droits des trans – cela représentera un développement majeur.
Perspectives pour l’avenir
Compte tenu des contradictions et de la polarisation de la situation actuelle, il est vital que la gauche ait une analyse et une stratégie claires. De l’avancée de la droite au potentiel de la génération U, la gauche a de nombreux défis et opportunités. Les attaques de l’extrême droite contre nos droits démocratiques fondamentaux exigent un mouvement organisé et militant dans les rues et sur les lieux de travail. Ce mouvement sera en mesure non seulement de défendre les droits que nous avons déjà, mais aussi de créer une force pour la conquête de nouvelles concessions. Nous ne pouvons pas simplement nous battre pour protéger ce que nous avons déjà gagné ; nous devons exiger et nous battre pour d’autres conquêtes. Tant en termes de réformes qui rendront la vie un peu meilleure et qui rendront l’organisation un peu plus facile mais aussi, éventuellement, pour la conquête totale du pouvoir et le renversement de ce misérable système.
Ceci, bien sûr, sera difficile. Et cela ne se fera pas du jour au lendemain. Mais c’est urgent, parce que la droite avance et que l’establishment montre à nouveau qu’il ne veut pas et ne peut pas la combattre de manière significative. Les Démocrates font progresser les pires secteurs du Parti républicain parce qu’ils croient que cela aidera leurs chances politiques à mi-mandat. Leur faire confiance est téméraire et irresponsable. Plutôt que de tomber dans ce piège, nous devons prendre sur nous d’organiser un mouvement pour nous protéger. Les organisations féministes socialistes comme Bread and Roses seront vitales pour organiser et approfondir la lutte contre la droite.
Nous ne devons cependant pas oublier que c’est la classe ouvrière seule qui peut renverser le capitalisme. En utilisant notre pouvoir en tant que travailleurs et travailleuses, nous pouvons empêcher la machine capitaliste de fonctionner, qui est l’outil le plus puissant de notre arsenal. En ce sens, nous ne devons pas considérer le mouvement ouvrier croissant comme séparé de la lutte contre la droite. L’un peut et doit construire l’autre. Nous devons saisir les opportunités offertes par la situation actuelle et les transformer en avancées pour notre mouvement.
Ezra Brain
Ezra est un artiste de théâtre et professeur basé à New York.
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