(…) S.v.p., dites-nous ce que vous comprenez de cet événement.
C.G. : Nous avons donné (à l’armée israélienne) les coordonnées GPS précises de l’école désignée par les Nations Unies (pour recevoir des réfugiéEs). Le drapeau bleu des Nations Unies était installé sur le toit. Nous l’avons répété pendant quelques heures. Nous leur avons lancé un appel, nous les avons suppliés, nous avons plaidé les causes humanitaires pour qu’elle ouvre une fenêtre d’opportunité afin que nous puissions évacuer les femmes, les enfants, les civils, les malades, les personnes âgées, les bébés, les mourantEs hors de la zone de conflit. Nous avons lancé des appels désespérés. Nous avons expliqué la situation qui prévalait dans l’école. Nous n’avons reçu aucune réponse positive. Nous n’avons pas pu évacuer les civilEs et les conséquences tragiques sont là maintenant : c’est le carnage, un carnage sans pitié comme vous avez pu le voir sur vos écrans hier ; voilà le résultat.
A.G. : Expliquez-nous ce qu’il y a là. Combien de réfugiéEs y avait-il dans cette école ?
C.G. : Je vais d’abord vous annoncer quelques nouvelles. Le nombre de réfugiéEs sous notre protection est maintenant de 150,000 personnes. Cela représente presque 10% de la population de Gaza. Tous et toutes sont désespéréEs, traumatiséEs et ont quitté leurs domiciles devant l’escalade dramatique de l’offensensive israélienne. Les écoles sont des bâtiments construits pour recevoir un millier d’étudiantEs environ qui arrivent le matin et repartent l’après-midi. Ce flot de réfugiéEs y vit maintenant 24 heures sur 24 depuis 17 jours.
Les sanitaires sont insuffisants, l’eau manque. Il ne faut pas oublier qu’à cause du blocus de Gaza, 95% de l’eau qui s’y trouve n’est pas potable. Alors, dans ces écoles, quand vous ouvrez le robinet c’est de l’eau saline qui en sort. Donc nous devons voir a l’approvisionnement en eau par camions ; le moindre litre d’eau pour 150,000 personnes. Et ce n’es que l’eau. Il y a l’alimentation, les matelas à fournir, les équipements sanitaires, toutes choses dont ces gens ont désespérément besoin dans ces refuges clairement en zone de guerre. Maintenant, il semble bien qu’il n’y ait aucun lieu sur à Gaza. On nous a pilonnés et il semble que chacun de nos 80 refuges et les 150,000 personnes qui s’y trouvent sont à risque.
A.G. : Les militaires israéliens disent qu’il se peut que ce soit le Hamas qui ait lancé ces obus sur l’école….
C.G. : Il est bien connu que les roquettes Qassam sont inefficaces. Alors, l’idée qu’en quelques minutes un certain nombre d’entre elles ait pu attaquer un même secteur semble tenir du miracle. Mais, si c’est ce que l’armée israélienne et ses porte-paroles comme M. Regev disent, bon…Mais il est peut être pertinent de leur demander comment, quand ces armes tombent en Israël, ont les dit complètement inefficaces et comment, hier, à Beit Hanoun, elles ont put frapper au même endroit en quelques minutes ? Je pense que nous avons droit à un peu plus de clarté.
A.G : Pourquoi les PalestinenNEs vont-il dans cette école ? Qui sont-ils au juste ?
C.G. : Ce sont des gens ordinaires, les habitants de la région autour de Beit Hanoun dans le nord de Gaza qui a été particulièrement affectée par l’entrée des troupes israéliennes dans cette offensive. Ce sont donc des gens qui sont particulièrement traumatisés, dramatiquement affectés. Ils ont quitté leurs domiciles. Beaucoup d’entre eux sont déjà des réfugiés, dépossédés, sans pays. Ils et elles ont fuit en courant sous les bombardements en attrapant leurs enfants et quelques affaires. Ce sont des gens apeurés. Il y a des cicatrices apparentes et d’autres qui ne le sont pas. Et j’ai bien peur que celles qu’on ne voit pas soient plus profondes que les autres. Et n’oublions pas de nommer « cicatrices » ce que nous avons vu hier.
A.G. : Mardi, (22-07) l’Office des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens a émis un communiqué disant qu’on avait découvert des roquettes pour la deuxième fois dans une de ses écoles. Selon ce communiqué, cette école était vacante et située entre deux autres où sont acceuilliEs quelques 1,500 personnes déplacées de l’intérieur. Il est aussi dit que comme le personnel a été immédiatement évacué, le nombre de roquettes ne peut être confirmé. Pouvez-vous clarifier ce point M. Gunness ?
C.G. : Bien sûr. De fait, nous avons découvert une cache de roquettes. Il est notoire que ces armes sont instables ; donc nous avons évacué l’école et nous avons posté un gardien à la porte. Et nous avons entrepris des consultations pour trouver des experts internationaux qui pourraient les neutraliser. Pendant la nuit, un groupe de réfugiés a tenté de fuir et d’entrer dans cette école. Donc il nous a fallu y retourner et nous avons découvert que les armes avaient disparu. Nous en avons informé les organisations concernées, au premier chef, le bureau du Secrétaire général des Nations Unies. Il a ordonné que les services de sécurité des Nations Unies et celui des mines soient mobilisés. Il y a donc maintenant une enquête pour déterminer ce qui s’est exactement passé. Des experts internationaux sont en route.
Bien sur, nous ne voulons pas d’une situation où des groupes militants puissent s’introduire dans nos installations et y cacher des armes. Nous avons publiquement fortement condamné ces agissements. Nous avons clairement identifié cela comme une violation de la neutralité intrinsèque des Nations Unies. Et nous avons avisé les groupes militants que cela ne devait plus jamais se produire. Il est fondamental que toutes les parties au conflit respectent les lieux d’asile pour les civilEs et l’inviolabilité des propriétés et installations des Nations Unies. Il faut aussi que tous respectent le droit humanitaire international et celui des travailleurs-euses humanitaires internationaux. Ce qui est arrivé hier est un exemple de cette transgression aux conséquences éprouvantes car sans pitié. Je dirais que c’était une attaque sans cœur, un bombardement sans cœur. Nous ne disons pas de qui il est le fait, nous demandons une enquête. Nous devons savoir sans aucun doute qui en est responsable.
A.G. : Clarifions : l’école des Nations Unies qui a été attaquée hier, où 16 personnes ont été tuées et ces centaines blessées, n’était pas celle dont nous venons de parler et où se trouvaient des roquettes ?
C.G. : Non, vous avez raison. Les caches d’armes qui ont été trouvées étaient dans des écoles fermées pour l’été. Les écoles des Nations Unies sont régulièrement inspectées et c’est au cours d’une de ces inspections que ces caches ont été trouvées. Ce n’étaient pas des endroits qui servaient de refuges. Et, soyons clairs, il n’y a aucune preuve que l’école qui a été attaquée hier servait de cache pour des roquettes ou qu’il s’y trouvait quelques militants que ce soit en action.
Et je dois dire aussi que lors des attaques israéliennes précédentes, Plomb durci en 2088, 2009 et celle qui lui est antérieure, les porte-paroles d’Israël ont soutenu que des militants se trouvaient dans nos installations. Mais il n’y a jamais eu l’ombre d’une preuve pour assoir ces accusations. Elles étaient fausses et elles ont été dommageables aux Nations Unies.
A.G. : Est-ce que d’autres écoles des Nations Unies qui servent de refuge ont été attaquées depuis le début du conflit actuel ?
C.G. : Oui. La semaine dernière deux d’entre elles ont été touchées par des tirs aériens lancés par Israël. L’une d’elle hébergeait environ un millier de personnes ; cinq y ont été blessées. Dans une autre où 300 personnes avaient trouvé refuge une petite fille a été blessée. Quand nous y sommes retournés pour enquêter, nous avons convenu avec l’armée israélienne d’une période de deux heures où les camions identifiés au nom des Nations Unies pourraient circuler. Et quand nous y étions, il y a eu d’autres tirs contre nous ; l’épouse d’un de mes collègues y a laissé la vie. Cela souligne l’importance pour les parties au conflit de respecter les lois internationales (en matière de guerre).
A.G. : Qu’est-ce qu’on vous dit à propos d’un cessez-le-feu ? Et qu’est-ce qui doit arriver selon vous ?
C.G. : Nous sommes une organisation humanitaire et nous ne participons pas aux discussions à propos d’un cessez-le-feu. Ce que nous faisons, c’est de faire face, de minimiser les conséquences des incapacités des politiciens et des négociateurs de paix. Nous entendons ce que vous entendez par exemple que la fin du Ramadan pourrait peut-être amener une certaine cessation des hostilités. Je n’ai pas d’information particulière à ce sujet. Mais je peux vous dire que les 150,000 personnes qui ont trouvé refuge dans nos installations sont toutes des victimes potentielles comme celles qui étaient installées dans l’école de Beit Hanoun hier. Elles tremblent, sont mortes de peur, traumatisées et espère par-dessus tout un cessez-le-feu qui va tenir.
A.G. : Et que dites-vous aux PalestinienNEs qui quittent leurs maisons après les avis de l’armé israélienne par téléphone ou dépliants que les bombardements vont commencer ?
C.G. : ChacunE doit prendre sa décision. Ça peut paraitre irresponsable mais, franchement, que pouvons-nous dire ? Gaza est un lieu complètement clos. C’est unique dans l’histoire des conflits contemporains que le théâtre des opérations soit un lieu complètement fermé. Il n’y a nulle part où s’enfuir. Et dans tout Gaza il n’y a aucun endroit sur. Si les parties à ce conflit sont assez sans cœur pour attaquer un lieu clairement identifié comme un asile, un refuge, nous ne pouvons garantir de sécurité nulle part. Il est consternant aujourd’hui, que dans un territoire où tant de personnes sont aidées par les Nations Unies, où des refuges surs sont identifiés à leur nom, des situations semblables arrivent. C’est épouvantable et condamnable. Et cela doit cesser. C’est assez de civilEs, assez de femmes, d’enfants, de jeunes gens qui n’ont rien à voir avec ce conflit, assez de vieux, de malades et de mourants (ainsi attaquéEs). Ils et elles ont assez souffert. Assez, c’est assez.
A.G. : Et que répondez-vous aux militaire israéliens qui disent qu’ils ne font que des bombardements de précisions, que le Hamas se sert des civilEs comme boucliers humains ?
C.G. : Et bien, si des bombardements de précision mènent à ce que nous avons vécu et tuent majoritairement des civilEs, il faut se demander de quelle précision on parle.
A.G. : Je vous remercie, M. Gunness. (…)