Édition du 17 décembre 2024

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Politique québécoise

Plan Nord : Charest abandonne les forêts

Alors que son gouvernement avait annoncé en grande pompe lors du dévoilement du Plan Nord que ce projet de développement industriel à grande échelle au nord du 49ème parallèle allait mettre à l’abri de toute exploitation industrielle 50% du territoire du Plan Nord (600 000km²), l’équipe de Jean Charest faisait planer lors des consultations sur le 50% de protection que l’activité forestière serait permise dans les zones protégées. Afin de démentir ce non-sens qui défie tout entendement, le ministre de l’Environnement Pierre Arcand avait alors annoncé à l’automne 2011 que non, il n’y aurait pas de coupe dans les zones de protection.

Le monde forestier s’est alors rapidement braqué contre cet objectif du Plan Nord et plusieurs intervenants ont sorti la massue pour éviter toute nouvelle protection en forêt commerciale, alors que personne, ni dans les groupes environnementaux ni au sein du gouvernement, ne soutenait qu’il fallait protéger 50% de la forêt commerciale. Par contre, comme tout bon gouvernement qui se tient debout devant la noble cause de la protection de l’environnement, l’équipe Charest a flanché sous la pression.
50% protégé, tant que ça ne dérange pas personne

Il n’a fallu que quelques semaines pour que le gouvernement se ravise et annonce en catimini que dans le fond, le 50% de protection, ça ne touche pas la forêt...juste ce qu’il y a au Nord. Le ministre des Ressources naturelles Clément Gignac, secondé par la suite par le ministre délégué Serge Simard, ont annoncé cette semaine que seulement 10% de la forêt sera protégée. C’est là une cible qui est en deçà des objectifs minimum fixés à Rio en 1992.

« On a fait des vérifications. Ça va jouer entre 8 % et 12 %. Donc, une moyenne de 10 %, pas plus. On a fait refaire les calculs et effectivement, c’est le gros maximum ; 50 %, c’est totalement faux » dit Serge Simard, ministre délégué au Ressources naturelles

Ce que l’équipe de Jean Charest ne disait pas, c’est que oui, peut-être qu’il n’y aurait pas de coupe forestière dans les zones de protection, mais rien ne dit que ces zones doivent être en forêt (c’est grand en sapristi le Nord du Québec). Voilà un bel exercice de communication et d’écoblanchiment, reflet de ce Plan Nord bâclé, ce « buffet ouvert » digne des années 60.

Alors non seulement le Plan Nord ouvre la porte à l’accélération de la destruction des écosystèmes du Nord, à l’exploitation des ressources sans la mise en place de balises environnementales adéquates ni d’un système de redevances qui permettrait aux Québécois de réellement profiter de cette exploitation, mais en plus on nous assure que les écosystèmes les plus menacés, les plus près des gens et les plus diversifiés ne seront surtout pas protégés.

Il n’y a qu’un mot pour résumer ma pensée : wow !
Sauver ce qui est menacé

S’il est impossible (et non souhaitable) de protéger 50% des forêts commerciales dans le territoire du Plan Nord, il y a tout de même de gros efforts de conservation à faire pour sauver les dernières grandes forêts vierges de notre territoire public. Ces forêts couvrent environ 30% de la zone commerciale boréale (ou 10% du territoire forestier total), se retrouvent dans le territoire du Plan Nord, et leur protection doit être une priorité. Greenpeace milite pour sauver 2 de ces forêts, la Vallée de la Broadback et les Montagnes Blanches.

C’est là le premier test pour tout plan crédible de développement durable du Nord québécois. Mais il semble que l’équipe de Jean Charest a déjà abandonné l’idée de mettre les mots « crédible », « durable » et « Nord » dans la même phrase...?

L’auteur est blogueur pour Greenpeace Canada

Nicolas Mainville

Greenpeace Canada

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