Après les différentes compressions effectuées au nom de l’austérité, l’aide aux entreprises en difficulté dans les régions passe maintenant dans le tordeur. Les propos du ministre de l’Économie, Jacques Daoust, le prouvent. Ce dernier affirmait dans le quotidien Le Devoir du 2 mars dernier, qu’une entreprise n’a pas à être sauvée pour protéger l’ego des entrepreneurs. « Ça fait surtout mal à l’ego en région, parce que quand vous êtes le roi du village, et que vous devez faire faillite, c’est difficile », a-t-il affirmé.
Des propos dénoncés par le président du SPGQ, M. Richard Perron, lors d’une rencontre à Sherbrooke avec des professionnels membres du syndicat. Cette rencontre s’inscrit dans une vaste tournée des régions du président qui souhaite ainsi prendre le pouls de la situation de ses membres, intervenir pour la défense de leurs emplois en région et promouvoir des services publics de qualité et adaptés aux besoins de la population.
En plus des propos du ministre, le SPGQ condamne vigoureusement la décision du gouvernement d’amputer sévèrement le budget des directions régionales de santé publique de 23,7 millions $ en 2015, l’équivalent de 33 % d’un budget de 72 millions $.
« De manière générale, le geste est inadmissible, et encore plus sous l’angle particulier de la Direction de santé publique de l’Estrie. Pour la remercier de son travail acharné lors de la tragédie ferroviaire de Lac-Mégantic, le gouvernement estropie son budget de 40 % et une partie de son personnel se retrouvera au chômage. De plus, les déplacements de nos professionnels qui sont chargés d’aider les gens de Lac-Mégantic seront restreints », s’indigne M. Perron.
Ce geste abrasif du gouvernement élu le 7 avril s’inscrit parmi une très longue liste d’institutions publiques régionales ayant été la cible d’une vague d’austérité sans précédent qui s’apparente à une entreprise systématique de destruction massive.
« Il y a eu les coupes au ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, la fermeture des directions régionales des ministères de l’Éducation et de l’Immigration et celle des bureaux régionaux du Conseil du statut de la femme. À tout cela il faut ajouter les centres locaux de développement, les conférences régionales des élus, les carrefours jeunesse-emploi et les agences de la santé et des services sociaux qui ont été tronçonnés. Comment le premier ministre peut-il affirmer que son gouvernement a pour mission de bâtir une économie plus forte, qui va créer des emplois dans toutes les régions ? », questionne le président du SPGQ.
Pourtant, lors de son discours inaugural à l’Assemblée nationale, le premier ministre déclarait que « nos régions, nos milieux ruraux seront également synonymes de modernité. Il y a des communautés, des familles qui y vivent, des jeunes qui veulent y revenir. Des régions qui, elles aussi, revendiquent leur part d’espoir ».
« Abolir des services et des postes dans l’administration publique régionale contribue à désavouer leur rôle dynamique et constructif dans les processus de développement. Ces institutions sont pourtant des acteurs de changement essentiel, porteurs d’expertises, de mémoire et de savoirs. Ils permettent d’ajuster des programmes nationaux aux spécificités des territoires d’intervention. Ce n’est certainement pas à partir des grands centres que ce travail peut se faire », conclut Richard Perron.