C’est là la concrétisation d’une promesse électorale d’Obama comme ses autres promesses d’envoyer plus de troupes en Afghanistan et d’attaquer le Pakistan de façon unilatérale. Et comme sa stratégie de guerre basée sur l’axe "Afghanistan-Pakistan », la reconstruction de l’industrie nucléaire aux États-Unis par le financement public est vouée à l’échec ainsi que d’autres sauvetages que les contribuables seront obligés de faire.
L’opposition à ce plan, qui consiste à tripler les garanties de prêt existant pour la construction de centrales nucléaires à 54,5 milliards d’euros, couvre un large éventail de positions idéologiques. Au niveau le plus élémentaire, en termes économiques, la production d’énergie nucléaire n’a tout simplement pas de sens. Le coût de la construction de ces monstres est si élevé, et les risques sont si grands qu’aucun investisseur, banquier ou fonds de capital de risque raisonnable n’investira dans sa construction.
Personne ne prêtera de l’argent à une société d’énergie pour construire une centrale nucléaire, et les compagnies énergétiques refuseront de dépenser leur propre argent. Obama lui-même professe une telle passion pour le libre marché, qu’il l’a lui-même affirmé dans un séminaire de Blomberg-Business Week : « Nous sommes de fervents partisans d’un libre marché prospère et dynamique. » Eh bien, les marchés libres ont depuis longtemps abandonné l’énergie nucléaire. L’Heritage Foundation, un des groupes de recherche que dirige de la droite américaine, a déclaré : « Les grands programmes de garanties de prêt sont largement problématiques à tout le moins. Elles endetteront les contribuables, accorderont un traitement préférentiel aux bénéficiaires et fausseront les marchés de capitaux. » C’est ce que dit l’Heritage Fondation.
Amory Lovins du Rocky Mountain Institute, un critique de l’industrie nucléaire depuis fort longtemps m’a dit : ce que fera l’énergie nucléaire sera de remplacer le charbon, notre source de combustible domestique la plus abondante. Et ça sonne bien pour le climat, mais en réalité, l’expansion de l’énergie nucléaire empirera le changement climatique, pour une raison simple. L’énergie nucléaire est incroyablement coûteuse. Ces coûts ont énormément augmenté ces derniers temps. Si nous finançons des centrales nucléaires, nous obtiendrons environ deux à dix fois moins de solutions climatiques par dollar, et ces solutions seront de 20 à 40 fois plus lentes que si nous financions la création de sources d’énergie moins chères et plus rapides, qui dépassent l’énergie nucléaire, le charbon et le gaz et tout type de centrales offertes sur le marché. Et ces concurrents impliquent l’utilisation efficace de l’électricité et ce qu’on appelle la microénergie, qui sont tous deux des énergies renouvelables, hors l’énergie hydroélectrique, et qui produisent de l’électricité et de la chaleur. En fait, dans des bâtiments plus récents, on économise la moitié de l’argent en carburant et en carbone par rapport à ce qui se fait normalement. Ensuite, l’énergie nucléaire ne peut en effet fournir les bénéfices climatiques, la sécurité et les avantages comme le prétendent certains. Elle n’est pas liée au pétrole. Et elle est très coûteuse. "
Le Bureau de l’administration et du budget de la Maison Blanche dans le même communiqué qui annonçait la création 54,5 milliards de dollars pour promouvoir l’énergie nucléaire, parlait "d’une subvention de 500 millions de dollars pour soutenir les garanties de prêts entre 3 et 5 milliards d’euros pour des projets d’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. " Cela signifie que seulement un dixième de la somme d’argent consacrée à l’énergie nucléaire sera consacré à la promotion des technologies d’efficacité énergétique et aux énergies renouvelables. Pendant ce temps, l’administration Obama envisage d’annuler le financement nécessaire pour achever la construction du complexe de stockage de déchets nucléaires à Yucca Mountain, qui a très mauvaise réputation. Edwin Lyman de l’Union of Concerned Scientists, a déclaré au Christian Science Monitor qu’Obama "n’a pas de plan pour stocker les déchets radioactifs provenant de la nouvelle génération de centrales nucléaires." Et c’est irresponsable " a-t-il dit.
Les déchets des centrales nucléaires sont un cauchemar au niveau environnemental, mais ils augmentent également les menaces de prolifération nucléaire. Obama a dit dans son récent discours annuel au Congrès : "Bien que nous sommes impliqués dans deux guerres, nous sommes confrontés à ce qui est peut-être le plus grand danger qui menace le peuple américain : la menace des armes nucléaires. Il a appuyé la vision de John F. Kennedy et Ronald Reagan en défendant une stratégie visant à en finir avec la propagation de ces armes et a prétendu avoir pour objectif un monde sans de telles armes. Pour réduire notre arsenal et les lanceurs de missiles, alors que nous nous assurons de notre dissuasion, les États-Unis et la Russie sont en train de finaliser des négociations sur le contrôle des armes le plus complet depuis près de deux décennies. Au sommet sur la Sécurité nucléaire en avril se réuniront quarante-quatre nations derrière un objectif clair : sécuriser tous les matériaux nucléaires vulnérables dans le monde dans les quatre ans, afin qu’ils ne tombent jamais dans les mains de terroristes. » Malgré cela, les plans de la proposition d’Obama d’une « nouvelle génération de centrales nucléaires « propres et sans risque » conduiront à une augmentation du retraitement du combustible nucléaire » commercial que l’Union of Concerned Scientists a décrit comme" dangereux, sale et coûteux » et elle conclut que cela augmentera les risques mondiaux de prolifération nucléaire et de terrorisme nucléaire.
Tant Amory Lovins et que l’Union of Concerned Scientists ont déconstruit le mythe que l’énergie nucléaire est essentielle à la lutte contre le réchauffement climatique. Lovins écrit : « Chaque dollar investi dans l’expansion nucléaire va empirer le changement climatique, comme il reste moins d’argent pour investir dans une solution efficace. Obama a dit la première partie du financement public bénéfiera au géant de l’énergie Southern Co. Ce qui va « générer des milliers d’emplois dans la construction dans les années à venir, et environ 800 emplois permanents. » Cependant, les investissements dans les technologies des énergies solaire, éolienne et cogénération pourraient accomplir la même chose, créant rapidement aux États-Unis les mêmes industries qui sont en plein essor en Europe. En outre, les risques d’échec d’une éolienne ou d’un panneau solaire sont minuscules par rapport à la catastrophe de centrales nucléaires comme celles qui se sont produites à Three Mile Island et à Tchernobyl.
Tant en termes économiques qu’en termes environnementaux pour la prévention des menaces nucléaires, les garanties de prêt d’Obama pour le développement de l’énergie nucléaire sont inefficaces à tous égards.
Denis Moynihan a contribué à la production journalistique de cette rubrique.
© 2010 Amy Goodman
Texte anglais traduit par Mercedes Campings et Democracy Now ! en espagnol, spanish@democracynow.org
Amy Goodman est l’animatrice de "Democracy Now !" Un site qui diffuse des nouvelles quotidiennes sur plus de 550 radios et télévisions en anglais et plus de 250 stations de radio en espagnol. Elle est co-auteure du livre "Debout à la folie : Ordinary Heroes dans des temps exceptionnels", récemment publié en livre de poche.
Source originale : http://www.democracynow.org/es/blog/2010/2/18/la_opcin_nuclear_de_obama .