Des 135 postes qui seront abolis au sein du CIUSSS, 37 sont des postes de technologiste médical. Et 8 postes seulement seront créés à Chicoutimi, où se situe le laboratoire serveur vers lequel sera transféré la grande majorité des analyses effectuées jusqu’à maintenant dans les laboratoires de Dolbeau, Roberval, Alma, Jonquière et La Baie. Ces laboratoires sont donc appelés à être pour ainsi dire démantelés, avec pour objectif de réaliser une économie de 1,3 million de dollars.
L’APTS s’interroge sur la faisabilité de cette opération de centralisation. « Nous doutons de la capacité du laboratoire de Chicoutimi d’absorber le surplus d’analyses provenant de partout sur le territoire avec seulement 8 technologistes de plus, affirme Lynn Brie, porte-parole de l’APTS pour la région. L’automatisation ne comble pas tous les besoins ; même performante, une machine a ses limites. »
Le projet de réorganisation des laboratoires médicaux, dont l’implantation se voit précipitée par les compressions découlant du budget 2016, prévoit également le traitement d’analyses de la Côte-Nord au laboratoire de Chicoutimi. Or, on sait que quand les laboratoires ne parviennent pas à répondre à la demande, le surplus d’analyses est confié au privé. « Le même phénomène a été observé lors de la réorganisation du réseau public de laboratoires en Ontario, explique la porte-parole syndicale. Au bout du compte, l’exercice est payant pour les entreprises privées alors que des emplois dans le système public sont perdus pour les gens formés dans la région. »
Depuis plusieurs mois déjà, l’APTS rappelle que l’accroissement du nombre de transferts d’échantillons comporte des risques pour la sécurité. Même avec un nombre limité de transferts, des incidents sont survenus récemment. Ainsi, en avril dernier, 22 patients ont dû retourner à l’hôpital de Jonquière pour fournir de nouveaux échantillons parce que les boîtes avaient été oubliées durant la fin de semaine à Roberval où ils devaient être analysés. Quelques semaines plus tôt, un prélèvement urgent en pathologie, expédié d’Alma à Chicoutimi, est revenu à son point de départ sans avoir été traité.
L’APTS estime en outre que la centralisation des laboratoires n’est pas une solution appropriée pour de grandes régions comme le Saguenay-Lac-Saint-Jean ou la Côte-Nord, où le transport peut être hasardeux en raison des conditions climatiques et routières.
Alors que la direction du CIUSSS du Saguenay-Lac-Saint-Jean travaille depuis longtemps sur le plan de réorganisation, sous la supervision directe du ministère de la Santé et des Services sociaux, elle refuse d’en fournir les détails au syndicat. Un article de la convention collective l’oblige pourtant à permettre au syndicat de proposer des alternatives en cas de réorganisation majeure.