S’inspirant de la revue Les cahiers du socialisme publiée de 1978 à 1984, Pierre Beaudet a été le principal initiateur de la revue Les Nouveaux Cahiers du Socialisme dont le premier numéro, Les classes sociales aujourd’hui a été publié en 2009. Il y écrivait deux articles, La crise au-delà de la crise, avec François Cyr et La reconfiguration des classes sociales au Canada. Le numéro 27 qui sortira bientôt, Le défi de l’immigration au Québec, a été principalement pensé et conçu par lui. Parallèlement, il a aussi mis sur pied l’Université d’été des NCS en 2010, un forum de formation de gauche qui a connu un succès important durant de nombreuses années. Un des fondateurs du groupe Alternatives et directeur au cours des premières années, il en était depuis l’automne dernier redevenu directeur.
Pierre a non seulement participé à élever le débat politique par ses écrits, il a également été un bâtisseur de structures alternatives de gauche et de solidarité internationale. Son travail de solidarité internationale a d’ailleurs commencé en Afrique du Sud, où il s'est fortement impliqué dans la lutte contre l'apartheid.
Il y aura encore beaucoup à dire et à raconter sur ce qu’a été Pierre Beaudet, nous terminerons ici pour l’instant notre hommage avec une citation de lui-même tiré de son livre Un jour à Luanda, citation assez révélatrice de la pensée de ce grand personnage :
« Que reste-t-il de cette épopée à part des souvenirs éparpillés ? Avec le recul, je suis convaincu que des semences ont été mises en terre. Cette évolution pourrait-elle venir à maturité ? Saura- t-elle éviter les écueils des grandes vagues d’émancipation du passé ? Si l’on était sages, on se dirait : « il est trop tôt pour le dire ! »
En attendant, j’arrive lentement mais inexorablement, vers mon « dernier tournant ». J’ai eu la chance de manipuler ce que j’appellerais de passionnantes « boîtes à outils ». Elles provenaient des luttes, qui ont mis au monde, à l’aide d’intellectualités engagées, des méthodologies et des hypothèses, que nous avons transformées à notre tour, avec tous les trébuchements imaginables. Je sens une sorte d’impératif moral à les rendre un peu plus intelligibles, sachant qu’elles sont comme toujours dépassées et dépassables.
Il vaut probablement mieux les connaître et les critiquer, si ce n’est que pour éviter de répéter les mêmes erreurs ! Après cela, il nous reste, comme le disait Antonio Gramsci, mon philosophe militant italien préféré, « l’optimisme de la volonté et le pessimisme de l’intelligence »…
André Frappier
Pour le Comité de rédaction de Presse-toi à gauche
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