« Après un vaste processus de consultation auprès de l’ensemble de nos membres, où nous avons pu rencontrer des dizaines de milliers de travailleuses et de travailleurs des services publics, ceux-ci nous ont donné un mandat de négociation très clair : combler le retard de 8,3 % qu’ils accusent par rapport à la rémunération des autres salariés québécois et améliorer leur qualité de vie au travail et les conditions dans lesquelles ils exercent leur profession », déclare Francine Lévesque, vice-présidente de la CSN.
Les demandes salariales du Front commun sont de l’ordre de 4,5 % par année, pour une convention collective d’une durée de trois ans. Elles s’expliquent ainsi : 2 % par année pour combler le retard de la rémunération globale de 8,3 %, identifié en novembre dernier par l’Institut de la statistique du Québec ; une majoration de 2 % supplémentaire pour maintenir la parité salariale avec les autres salariés québécois au cours de la durée de la convention et afin d’assurer une protection contre la hausse du coût de la vie et, enfin, un montant fixe équivalent à 0,5 % du salaire moyen afin que la croissance économique du Québec puisse bénéficier aux employé-es de l’État.
Le Front commun entend aussi s’attaquer aux problèmes de qualité de vie au travail en améliorant les conditions dans lesquelles les salarié-es des services publics exercent leur profession. « Au cours des dernières années, nous avons noté un effritement croissant de notre autonomie professionnelle, et ce, parallèlement à une augmentation considérable du nombre de cadres, souligne Lucie Martineau, porte-parole du SISP. Nous constatons également les effets ravageurs de l’intrusion du secteur privé dans les services publics en termes de gaspillage et de perte d’expertise dans nos réseaux. Il est temps d’inverser ces tendances. »
Alors que le gouvernement prévoit le départ à la retraite de 15 000 employé-es du secteur public annuellement, au cours des prochaines années, le Front commun considère que des mesures concrètes d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre doivent être convenues avec le gouvernement. « Environ 35 % des gens que nous représentons sont sur des listes de rappel, sans garantie d’emploi, et gagnent 25 000 $ par année, fait remarquer Daniel Boyer, président de la FTQ. En additionnant ce nombre avec les salarié-es à temps partiel, c’est plus d’une personne sur deux qui ne bénéficie pas d’un poste régulier à temps complet. Il est temps d’offrir à ces gens la possibilité de faire carrière dans les services publics. »
« Il ne faut pas oublier que 75 % des gens qui travaillent dans les services publics sont des femmes, rappelle Francine Lévesque. Les directions des établissements où elles travaillent n’ont aucune obligation, à l’heure actuelle, de convenir de mesures concrètes en matière de conciliation famille-travail-études. En 2014, cette situation est inacceptable, tant pour les femmes que pour les hommes à l’emploi. Le gouvernement doit prendre ses responsabilités et convenir avec nous de balises encadrant la conciliation famille-travail-études ».
Appel à la mobilisation
Au même moment, dans l’ensemble des établissements où travaillent les salarié-es du secteur public, de nombreuses actions ont été tenues afin de sensibiliser les employeurs locaux aux demandes de négociation du Front commun.
Les représentants du Front commun amorceront également la semaine prochaine une tournée de l’ensemble des régions du Québec. Cette tournée démarrera le 4 novembre dans les Laurentides pour se terminer le 11 décembre dans la région de Montréal. « Nous aurons l’occasion de rencontrer les membres du Front commun à même leur milieu de travail et de tenir, en soirée, des assemblées publiques portant sur les enjeux de cette négociation. Ce sera une excellente occasion pour discuter avec les travailleuses et les travailleurs du secteur public de nos revendications et d’échanger sur la conjoncture politique qui prévaut au Québec », indique Lucie Martineau.
« Au cours des prochains mois, nous serons de toutes les tribunes pour réaffirmer notre engagement envers les services publics, mis à mal par les politiques d’austérité du gouvernement libéral, affirme Daniel Boyer. La mobilisation est bien engagée, pas question de ralentir d’ici la conclusion de conventions collectives satisfaisantes pour l’ensemble des salarié-es de l’État québécois ! »
À propos
Le Front commun regroupe le Secrétariat intersyndical des services publics (SISP, formé de la CSQ, du SFPQ et de l’APTS), la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ). Ensemble, ces organisations représentent plus de 400 000 travailleuses et travailleurs des réseaux de la santé et des services sociaux, de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la fonction publique du Québec. Les conventions collectives du secteur public viendront à échéance le 31 mars 2015.