Dans le contexte de l’accident nucléaire de Fukushima, la preuve de l’incapacité des agences de sûreté nucléaire à assurer la sécurité des populations ainsi que le passé délinquant de la société d’état H-Q dans son mode de gestion des opérations à la centrale nucléaire de G-2 incitent le MVM à promouvoir la délivrance d’un permis limitant l’exploitation de la centrale nucléaire de G-2 au déclassement du réacteur nucléaire ainsi qu’à la sécurisation complète du site nucléaire.
Pour le MVM les affirmations démagogiques et non scientifiques de la CCSN tentant de nier l’évidence de la dangerosité de la filière électronucléaire au Canada sont à ce point infantilisantes qu’elle a perdu le peu de crédibilité que l’on pouvait encore lui accorder. Selon Pierre Lambert du MVM une simple visite du site de la CCSN http://bit.ly/hi3rYv convaincra le citoyen du fait que celle-ci est davantage une agence de relation publique faisant la promotion de l’industrie qu’une agence de surveillance dédiée à la protection de la population contre les abus et l’irresponsabilité de l’industrie.
Le MVM est d’avis que la vision cauchemardesque des événements en cours présentement au Japon devrait inciter le gouvernement du Québec à abandonner définitivement le projet de procéder à la réfection de G-2, à exiger de la part d’Hydro-Québec de se concentrer sur la planification du déclassement de la centrale nucléaire, et d’obtenir un permis limité à cette fin de la part de la CCSN. D’autant plus que le réacteur nucléaire de G-2 fournit seulement 1,4% de la puissance électrique du Québec et n’est donc pas du tout essentiel à la sécurité d’approvisionnement en énergie pour les québécois.
Selon Michel Fugère du MVM, Fukushima aura révélé aux canadiens le fait que les agences nationales de sûreté nucléaire de même que l’agence internationale ne bénéficient pas de la coopération de l’industrie et des gouvernements de même que des ressources financières appropriées afin d’assurer le respect de la réglementation internationale en matière de sûreté et de sécurité nucléaires. De plus, le cas du propriétaire des installations de Fukushima TEPCO a mis en lumière le fait que non seulement l’industrie ne respecte pas les règles de sûreté mais de plus se permet de falsifier les informations concernant la conformité de leurs installations.
Monsieur Lambert rappelle ici que la direction d’Hydro-Québec aurait admis par le passé avoir exigé de ses employés de ne pas émettre des rapports de non-conformité de ses opérations au site de G-2. Il semble bien que la culture du secret et de la manipulation des faits relatifs aux activités nucléaires soit un comportement partagé par plusieurs opérateurs de réacteurs nucléaires. D’ailleurs la triste commémoration de l’accident de Tchernobyl fait également écho à cette affirmation.
Les promoteurs du nucléaire n’apprécient pas devoir se soumettre au contrôle démocratique de leurs activités. Tel que mentionné par le Centre pour l’Innovation dans la Gouvernance Internationale (CIGI) dans un rapport sur l’énergie nucléaire et la gouvernance mondiale à l’horizon 2030 : « ’industrie nucléaire civile tend à se méfier des régimes de sûreté, de sécurité et de non-prolifération nucléaires, tandis que les gouvernements et les organismes internationaux négligent souvent de consulter et d’impliquer les parties prenantes du secteur et autres intéressés, notamment la société civile. » (1). Selon monsieur Fugère, la CCSN, le gouvernement canadien et les provinces nucléarisées n’échappent pas à ce constat.
La CCSN doit être sensible au contexte politique actuel au Québec.
Il y a à peine quelques semaines la direction d’Hydro-Québec a remis entre les mains du Premier ministre Jean Charest la décision de procéder à la réfection ou au déclassement du site nucléaire de G-2. Le Parti Québécois s’est engagé pour sa part à mettre un terme à l’aventure nucléaire au Québec et ce même si les travaux de réfection étaient en cours. Le parlement du Québec a adopté, à l’unanimité, une motion interdisant l’entreposage permanent des déchets radioactifs en territoire québécois. De toute évidence le Québec se prépare à sortir du nucléaire et la CCSN doit envisager d’exiger d’H-Q qu’elle se prépare à la fermeture définitive du site nucléaire.
Pour le MVM, tant et aussi longtemps que les promoteurs du nucléaire et les agences mandatées pour assurer la sûreté des installations et la sécurité des populations n’auront pas adhérés de manière judiciairement contraignante au contrôle démocratique de nos sociétés, l’interdiction d’émettre de nouveaux permis pour la construction et la réfection de réacteurs nucléaires ainsi que le transport hors site des déchets radioactifs, devraient être décrétée .
Merci
(1) Citation extraite de « nucléaire et la gouvernance mondiale à l’horizon 2030 » publié en 2010 par le CIGI et le Centre canadien pour le respect des traités , page 7