Pour vaincre l’équipe adverse, il faut au moins une chose : une idée !
Socrate, quel buteur !

Synopsis :

Ce match de foot oppose l’Allemagne (Luther, Hegel, Kant, Schopenhauer, Schelling, Leibniz, Wittgenstein, Nietzsche, Heidegger, Marx, etc.) et la Grèce (Héraclite, Platon, Aristote, Socrate, Archimède, Épictète, Sophocle, Empédocle, Épicure, etc.). Confucius est l’arbitre en chef. Saint Augustin et Saint Thomas d’Aquin sont juges de ligne. Le coup de sifflet se fait entendre. Les joueurs s’éparpillent sur la pelouse, réfléchissent à voix haute et certains le font en se caressant en même temps la barbe. Manifestement, tous pensent, mais il ne vient à l’esprit de personne de prendre possession du ballon.

Durant la partie, Nietzsche (qui d’autre ?) reçoit un carton jaune de Confucius. (J’ouvre une parenthèse ici : Mais pourquoi diantre Nietzsche argumente-t-il avec l’arbitre en chef ? Est-ce à cause du "nihilisme passif" qu’affiche Confucius devant ce match qui ne se met pas en branle ? Ou à cause de "l’éternel retour" qu’affectionnait tellement notre philosophe allemand du XIXe siècle ? Ou encore à cause de ces deux éventualités ? Je l’ignore. Revenons à la description, dans ses grandes lignes, de ce match qui, reconnaissons-le, est terriblement lent. Je ferme la parenthèse).

L’équipe allemande effectue une substitution de joueurs. Marx, qui piaffait d’impatience, arrive enfin dans la mêlée. Sa stratégie dialectique ne servira à rien dans ce match qui oppose les antiques aux modernes. Archimède allume. Il a enfin son "Eureka !" Son équipe se met en mouvement en zone adverse et c’est le… BUT, grâce à une tête de Socrate. 

Score final : Grèce 1 Allemagne 0. 

Au foot, comme ailleurs dans la vie, il ne suffit pas de penser. Il faut juste avoir la bonne idée en réfléchissant.

Rappelez-vous ceci quand vous irez au cinoche la prochaine fois : Le cinéma, "[c]e n’est pas une image juste, c’est juste une image" (Godard). Ou plutôt, c’est juste une succession de plusieurs images présentées en continu.

Yvan Perrier