Une semaine auparavant, était présentée à Tout le monde en parle l’entrevue de Félix Auger-Aliassime, étoile montante canadienne du tennis professionnel. Une bien embêtante question lui a alors été posée, celle de sa résidence fiscale à Monaco. L’intéressé s’est alors démené avec cette patate chaude, entre autres en invoquant qu’il comptait redonner à sa manière, via l’organisation Tennis Canada.
Dans la même entrevue a été question justement de Tennis Canada et de sa requête d’un soutien financier pour la construction d’un toit pour le stade de tennis au parc Jarry, à Montréal. Question quiz : à partir de quel mécanisme universel de financement de l’état Tennis Canada obtiendrait-elle son "dû" ? Réponse : les impôts. Ainsi, c’est toute une chance que Tennis Canada puisse compter sur la contribution fiscale des citoyens et citoyennes pour qu’un jour, Félix Auger-Aliassime et compagnie demeurent bien au sec au mois d’août au parc Jarry, lors du tournoi de tennis de la coupe Rogers.
Ironiquement, peut-être serait-ce là la meilleure manière pour Félix Auger-Aliassime de « redonner » à Tennis Canada : banalement et humblement en payant ses impôts au Canada, non pas sur ses revenus de tournois obtenus à l’étranger donc non-imposables au pays, mais par exemple sur ses revenus de publicités ou de commandites. C’est ce que font le commun des mortels, afin que collectivement nous puissions nous offrir certes des infrastructures sportives, mais tendre également vers des soins de santé de qualité, un système d’éducation digne de ce nom, des transports en commun non-tarifés etc.
Autrement, mis à part les éclatantes prouesses sur le terrain de tennis, il devient difficile de distinguer ces joueurs de tennis qui habitent Nassau aux Bahamas- Eugénie Bouchard, Denis Shapovalov- ou Monte-Carlo à Monaco, de ces multinationales qui « optimisent » à la baisse leur contribution aux institutions de bien-commun.
Qatar Exxon Mobil Open, Rolex MonteCarlo Masters : la tricherie commandite le sport.
L’existence de ces joueurs de tennis professionnels et celle des multinationales sont solidaires, puisque les grandes entreprises commanditaires des tournois de tennis qui achètent à grands frais le droit de faire apparaître leur marque à la télévision, peuvent se permettre l’organisation de ces spectacles sportifs onéreux notamment suite à leur fiscalité tricheuse, dont les premiers bénéficiaires demeurent ces heureux sportifs-boursiers.
Tout de même un tour de force stupéfiant que de convertir une fraude en un match de tennis, qui aura l’avantage de susciter la demande d’autographe plutôt que la critique, l’adulation plutôt que la révolte. Être divertis par le vol dont nous sommes les victimes : lorsque la fraude devient placement de produits ; lorsque le divertissement devient diversion.
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