Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Mexique - Minières criminelles

Sur CyberPresse en fin de semaine on pouvait lire :
« Le fils d’un leader communautaire mexicain qui s’est exprimé contre les activités de l’entreprise minière Blackfire Exploration de Calgary avant d’être abattu devant sa maison du Chiapas, l’année dernière, visite le Canada pour livrer son message.

En entrevue samedi, Jose Luis Abarca Montejo a affirmé que les multinationales canadiennes corrompent les autorités de son pays et contaminent l’environnement.
[...]

La visite du militant a aussi pour objectif de démontrer son soutien à deux projets de loi privés déposés à Ottawa. Soumis par Peter Julian et un député libéral, ils visent à responsabiliser plus fortement les entreprises canadiennes qui font des affaires à l’étranger. »

L’entreprise dit ne pas être impliquée. Qu’en est-il au juste ?

Sur le site du groupe Mines Alerte Canada, qui a participé avec Common Frontiers et les Métallos (tous canadiens) à une enquête sur place, on trouve l’article qui suit :

Une communauté mexicaine est ravagée par les activités minières de Blackfire Exploration, révèle une délégation d’enquête canadienne
23 avril 2010

La délégation exhorte le Parlement canadien à déposer une motion de blâme contre Blackfire et à adopter les projets de loi C-300 et C-354
OTTAWA, le 21 avril - Une délégation canadienne en visite dans l’État mexicain du Chiapas à la suite du meurtre du militant Mariano Abarca, dans lequel ont été impliqués plusieurs employés de la société minière de Calgary Blackfire Exploration, a conclu que Blackfire doit quitter le Chiapas et que le Parlement canadien doit agir immédiatement pour éviter que d’autres conflits aient des conséquences funestes dans l’industrie minière à l’échelle mondiale.
Le 7 décembre 2009, la mine de barite de Blackfire, située près de la localité de Chicomuselo, dans le sud de l’État du Chiapas, au Mexique, a été fermée par les autorités étatiques chargées de la protection de l’environnement. Mariano Abarca Roblero a été tué par balle devant sa maison le 27 novembre 2009.

"Au cours de notre enquête, nous avons vu une communauté ravagée par l’omniprésence de l’intimidation, par la violence, par des pratiques minières inadmissibles, par la destruction de l’environnement, par le harcèlement juridique... et par le meurtre sanglant de Mariano Abarca, qui a dénoncé cette destruction", déclare Rick Arnold de Common Frontiers.

"Selon la famille Abarca, c’est Blackfire qui, au final sinon directement, est responsable de la violence ayant suivi l’entrée en service de la mine, laquelle a abouti à la mort de M. Abarca", indique Dawn Paley, journaliste et chercheuse ayant pris part à la délégation au nom de Mines Alerte Canada. "Ce sentiment est partagé par beaucoup de gens à Chicomuselo."

"Le ministère de l’Environnement et du Logement du Chiapas a fermé la mine, les autorités ont arrêté plusieurs employés de l’entreprise et la communauté a dénoncé ouvertement les agissements de Blackfire. Malgré tout, l’entreprise cherche toujours à faire casser la décision du Ministère et à reprendre ses activités comme si de rien n’était, ce qui est scandaleux", soutient le porte-parole de Mines Alerte, Jamie Kneen.

"D’après les conclusions de notre enquête, il est évident que le Parlement du Canada doit immédiatement adopter deux mesures. Premièrement, une motion de blâme doit être déposée par tous les partis contre les activités de Blackfire. Deuxièmement, le Parlement doit adopter les deux projets de loi sur la responsabilisation des sociétés minières qui sont actuellement à l’étude, en l’occurrence les projets de loi C-300 et C-354", déclare Mark Rowlinson, avocat du Syndicat des Métallos.

La délégation d’enquête, qui a séjourné au Mexique du 21 au 27 mars à l’invitation du REMA (réseau mexicain de collectivités victimes de l’industrie minière), comptait des représentants de Mines Alerte Canada, de Common Frontiers et des Métallos. Vous trouverez un compte rendu complet des conclusions de la délégation ici-bas.

Renseignements : Jamie Kneen, Mines Alerte Canada, bureau : (613) 569-3439, cell. : (613) 761-2273, jamie@miningwatch.ca ; Dawn Paley, chercheuse, cell. : (604) 619-1127, dawnpaley@gmail.com ; Mark Rowlinson, Syndicat des Métallos, bureau : (416) 544-5983, cell. : (647) 231-5983, mrowlinson@usw.ca

Dans la lettre envoyée à la l’unité anti-corruption de la GRC par le groupe ci-dessus auquel se sont joint plusieurs autres, on peut lire ceci sous la rubrique « structure corporative » :

« D’après le site web www.blackfireexploration.com, Blackfire Canada dirige des opérations au Mexique par le biais d’une filiale mexicaine, Blackfire Exploration Mexico S de RL de CV, dont elle est à 100% propriétaire (« Blackfire Mexico »). M. Emiliano Avila Canales, administrateur et actionnaire majoritaire de Blackfire Canada est aussi le PDG de Blackfire Mexico. M. Artemio Avila Cervera, administrateur de Blackfire Canada est également, au sein de Blackfire Mexico, le directeur général de la Responsabilité sociale. (caractère gras ajouté, traduction de l’auteure)

Plus loin sous la rubrique « Allégations de pots-de-vin et de corruption au Mexique », on peut lire ce qui suit :
D’après un document signé par M. Artemio Avila Cervera, Blackfire Mexico a effectué des paiements totalisant au moins 204 022,69 Pesos mexicains (équivalant à environ CDN 20 000$ au taux de change applicable à ce moment-là) à M. Julio César Velázquez Calderón, maire de la municipalité de Chicomuselo, dans l’état du Chiapas, Mexique, pour services non-officiels au bénéfice de Blackfire Mexico. L’entreprise a également fourni au maire d’autres avantages dont des billets d’avion pour
lui-même, sa famille et ses associés. Ces paiements et autres avantages ont été apparemment faits en réponse à la demande du maire pour des « faveurs ».

Selon l’information qui nous est disponible, ces paiements et la fourniture d’autres services accordés à M. Velázquez en tant qu’agent public étranger semblent constituer une violation de l’alinéa 3(1) de la Loi (ndlr : Loi sur la corruption d’agents publics étrangers). Ces paiements ne semblent pas répondre à quelque autre mesure de « défense » prévue l’alinéa 3(3)de la Loi ni en tant qu’« exception » sous l’alinéa 3(4) de la Loi.

En outre, l’information disponible suggère que les responsables corporatifs qui contrôlent, dirigent et assurent l’opération de Blackfire Canada étaient informés et ont peut-être exigé de Blackfire Mexico que la filiale s’engage à corrompre un agent public étranger dans l’intérêt et de Blackfire Mexico et de Blackfire Canada. »

Qui est donc ce monsieur Emiliano Avila Canales, actionnaire majoritaire de Blackfire Canada et PDG de Blackfire Mexico ? Sur le site de Blackfire Canada, il est décrit comme suit : « Emiliano Canales, Président et Directeur général de Blackfire Exploration Mexico Emiliano appartient à la troisième génération d’une famille minière. Il est né et a grandi au sein de l’entreprise familiale et participe activement aux activités de l’industrie depuis plus de 9 ans. Emiliano a joué un rôle d’intermédiaire à plusieurs niveaux (« intercut ») relativement à la mise en marche de deux mines productives dans l’état du Chiapas. Son expérience inclut la participation auprès de sociétés internationales en tant qu’interprète et agent de relations publiques oeuvrant du côté juridique des affaires ; il a travaillé également à la négociation de ventes et de projets conjoints auprès de sociétés internationales tel Rio Tinto, DuPont, CEMEX, Consup, ainsi qu’auprès des gouvernements fédéral et d’état.

Émiliano a aussi oeuvré à la conception de la campagne (ndlr : électorale) du gouvernement de l’état de San Luis Potosi et plusieurs autres campagnes de moindre importance dans la région Sud du Mexique. Émiliano détient un baccalauréat en maths/physique avec concentration en sciences politiques de l’ITESM, soit l’Institut technique de Monterrey. Émiliano est l’un des fondateurs de Blackfire Canada et est responsable pour l’ensemble des relations publiques et des ressources humaines ainsi que de toutes relations d’affaires avec les gouvernements tant fédéral que d’état au Mexique. » (traduction de l’auteure)

Il me semble que ce résumé parle de lui-même. Ce monsieur serait donc aussi co-fondateur en plus d’être actionnaire majoritaire de la société canadienne qui détient la société mexicaine à 100%. Il s’agit toutefois d’une entreprise canadienne, raison pour laquelle le gouvernement pourrait agir en conformité de la loi citée plus haut et envoyer un signal fort à la fois aux gens d’affaires canadiens qu’à leurs collègues d’autres pays que ce genre de comportement et d’activités criminelles non seulement ne sont pas tolérés mais seront punis en conséquence. Mais on a le gouvernement Harper...
D’autre part, lorsqu’on visite le site de Mines alerte Canada, on se rend compte du nombre incroyable d’événements et de situations comme celle décrite plus haut, à travers le monde tout comme chez nous au Québec et au Canada, au détriment, ici comme ailleurs, des peuples autochtones de chacun des pays.

Il faudra penser à inclure de telles lois aux codes du Québec et les appliquer. Nous pourrons de cette façon non seulement protéger les citoyens du Québec mais aussi ceux des pays où nous faisons affaire.

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