Édition du 17 décembre 2024

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Memorandum sur la situation politique actuelle au Togo

Dans la droite ligne de sa logique de déstabilisation de l’opposition, qui l’a conduit récemment à interdire aux responsables de l’UFC et du Front Républicain pour l’Alternance et la Changement (FRAC) de se rendre à Kpalimé et à Tsévié, le gouvernement maintient toujours autour du siège de l’UFC, un dispositif policier qui en empêche l’accès.

Le présent mémorandum fait le point sur les derniers évènements politiques au Togo, créés par l’ingérence inacceptable du gouvernement dans les affaires internes de l’Union des Forces de Changement (UFC). En effet, au sein de l’UFC, un conflit oppose M. Gilchrist Olympio au Bureau National qui l’a exclu provisoirement pour fautes lourdes après la signature d’un accord avec le RPT sans l’aval du Parti.
Pour mettre fin à ce dysfonctionnement, le Bureau National de l’UFC a décidé de convoquer un Congrès extraordinaire. Par lettre en date du vendredi 30 juillet 2010, le Bureau National a informé le Ministre de l’Administration Territoriale et son collègue de la Sécurité qu’il organise, conformément aux prérogatives que lui confèrent les statuts du Parti, un congrès extraordinaire le Mardi 10 août 2010.
Le lundi 9 Août 2010, veille du Congrès, soit douze jours après la réception de ce courrier, les Ministres Bodjona et Titikpina cosignent une lettre dans laquelle ils informent le Bureau National de l’UFC que Monsieur Gilchrist Olympio, ex-président national de l’UFC, organise lui aussi un congrès extraordinaire le jeudi 12 août 2010 et que « la seule convocation régulière du congrès extraordinaire de l’UFC est celle revêtue de la signature du président national, en l’occurrence celle du 12 août 2010. ».

Les deux ministres, ayant visiblement compris qu’ils ne pouvaient légalement empêcher le Bureau National de tenir ses assises, ont conclu leur lettre en l’exhortant à « une nécessaire concertation » avec Monsieur Gilchrist Olympio.
Le 10 Août 2010 au matin, date du Congrès, alors que les militants affluaient de partout vers le lieu du Congrès et que de nombreux participants s’impatientaient dans les rues avoisinant le Foyer de l’Eglise Evangélique Presbytérienne de Nyékonakpoé, des gendarmes et des policiers en armes ont donné l’assaut par des passages à tabac et des tirs de grenades lacrymogènes étiquetées ‘’SNPE / CARTOUCHES PROPULSIVES’’, occasionnant des blessés dont plusieurs graves. Les grenades utilisées ont été reconnues comme étant non conventionnelles par des experts en la matière. La répression s’est poursuivie toute la journée avec de nombreuses arrestations arbitraires. Toute la ville de Lomé était quasiment en état de siège. Plusieurs militants et sympathisants ainsi que de simples passants sont arrêtés et déférés à la prison civile de Lomé.

Pendant que se poursuivaient la répression violente et les exactions de toutes sortes perpétrées par les gendarmes et les policiers contre les militants et sympathisants de l’UFC, les travaux du Congrès de l’UFC se déroulaient conformément au plan de repli du Comité d’Organisation. Des délégués de haut niveau provenant de trente cinq fédérations sur les quarante que compte le parti au Togo, ont pris part aux travaux. A l’issue du Congrès, la liste du Bureau National réaménagé a été rendue publique lors d’une conférence de presse animée à la permanence des députés de l’UFC à Lomé par le Président National Jean-Pierre Fabre et le Président du Congrès M. Patrick Lawson entourés de Me Isabelle Améganvi, 2ème Vice Présidente et de Mme Mana Sokpoli, Présidente des Dames des Forces de Changement.

Conformément à l’article 17 de la Charte des partis politiques, le secrétariat général du parti a fait parvenir, par trois fois y compris par voie d’huissier, les statuts modifiés du parti et la liste du Bureau National au Ministère de l’Administration Territoriale qui a refusé de les réceptionner. Un dépôt du même dossier par l’intermédiaire du Premier Ministre, Chef de gouvernement, a essuyé le même refus.

Il y a lieu de relever qu’au même moment où le pouvoir en place a tenté d’empêcher par tous les moyens, y compris par la violence aveugle des policiers et des gendarmes, le Congrès du Bureau National du mardi 10 Août 2010, celui illégalement convoqué le 12 Août 2010 par M. Gilchrist Olympio, définitivement exclu du parti par le Congrès, a bénéficié du soutien ostentatoire du pouvoir RPT et d’une protection policière démesurée.

Dans ce conflit interne à l’UFC, le gouvernement RPT prend le parti de soutenir M. Gilchrist Olympio. Cette ingérence est inacceptable. Il ne revient pas au gouvernement de prendre parti dans les conflits internes aux partis politiques et d’imposer ses diktats en usant d’arguments fantaisistes et fallacieux qui cachent mal son intention réelle de détruire l’opposition démocratique.

Dans la droite ligne de sa logique de déstabilisation de l’opposition, qui l’a conduit récemment à interdire aux responsables de l’UFC et du Front Républicain pour l’Alternance et la Changement (FRAC) de se rendre à Kpalimé et à Tsévié, le gouvernement maintient toujours autour du siège de l’UFC, un dispositif policier qui en empêche l’accès. De même, le mercredi 11 Août 2010, il a empêché la séance hebdomadaire de prières au Temple Méthodiste Salem de Lomé, par un dispositif policier injustifié.

Le contexte politique créé par l’attitude partisane du gouvernement met en péril l’exercice des activités politiques dans notre pays. L’Union des Forces de Changement est convaincue que la communauté internationale demeure à l’écoute de l’évolution de la situation politique actuelle au Togo et souhaite que cette écoute soit plus vigilante et plus exigeante, notamment au regard du déficit démocratique persistant.

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