Il y a ceux qui pleurent. Et les autres. La mort de Margaret Thatcher lundi a également suscité des réactions acerbes à l’image de cette figure controversée. "Je bois un verre en ce moment précis. C’est un jour merveilleux, je suis ravi". Le commentaire est signé David Hopper, responsable régional du syndicat des mineurs (NUM) dans le nord-est de l’Angleterre, ennemis jurés de la Dame de fer qui avait tordu le coup à la grande grève de 1984-1985. "Bon débarras", a poursuivi le syndicat dans un communiqué. "Margaret Hilda Thatcher est partie mais les dommages causés par sa politique fatale persistent malheureusement".
"Macho de droite"
En Irlande du Nord, même son de cloche pour le président du parti républicain irlandais Sinn Fein, Gerry Adams : "On se souviendra particulièrement de Margaret Thatcher pour son rôle honteux lors des grèves de la faim héroïques de 1980 et 81 (de prisonniers républicains irlandais)". Le parlementaire britannique George Galloway lui a souhaité de "brûler dans les flammes de l’enfer". Peter Tatchell, militant des droits de l’homme a lui fustigé ses positions ultra-libérales, estimant qu’elle avait "initié la politique qui a mené à la crise économique actuelle". Et d’asséner : "A son crédit, Margaret Thatcher a brisé le plafond de verre sexiste en politique. Mais une fois Premier ministre elle a fait très peu pour les droits des femmes, elle était un macho de droite".
Morrissey, Barton et les autres
En dehors de la classe politique, "Maggie" était également loin de faire l’unanimité à l’image. Emblématique, la réaction de l’ex-chanteur des Smiths, Morrissey - interprète de l’inoubliable "Margaret on the guillotine" - a qualifié la défunte de "barbare", "sans un atome d’humanité".
Joey Barton, le joueur britannique de l’Olympique de Marseille a, lui, publié un tweet féroce - à l’image de celui de Jean-Luc Mélenchon : "Je dirais bien RIP Maggie mais ce ne serait pas vrai. Margaret Thatcher va découvrir en enfer ce qu’elle a fait aux mineurs." Quelque deux cents personnes ont improvisé dans le quartier londonien de Brixton une fête de rue pour dire à leur ancienne ministre "bon débarras". Même rassemblement à Glasgow, sur la place George Square, théâtre en 1989 de manifestations contre la poll tax, la réforme des impôts locaux qui a précipité la chute de l’inflexible "Maggie".
Des réactions sur Lepoint.fr (extraits)
C’est par ces mots très durs à l’encontre de l’ex-Premier ministre britannique conservateur que Jean-Luc Mélenchon et le Parti communiste lui ont rendu hommage. "Margaret Tchatcher va découvrir en enfer ce qu’elle a fait aux mineurs." Une pique qui fait référence au bras de fer engagé au début des années 1980 avec les mineurs en grève.
"La majorité des Britanniques ont souffert"
Selon le PCF, "c’est l’arrogance, la certitude d’avoir toujours raison, même seule, c’est son inhumanité à l’égard des mineurs grévistes gallois ou des grévistes de la faim de l’IRA" dont se souviendront certains. "Peu de femmes politiques ont déchaîné autant de passions. Si la frange rétrograde et conservatrice de la population anglaise en a fait son héroïne pendant plus d’une dizaine d’années, l’immense majorité des Britanniques a souffert de sa politique économique et sociale", écrit le Parti communiste dans un communiqué.
"Bijoux du royaume vendus aux capitaux étrangers"
"C’est Thatcher qui a transformé ce pays en place boursière et en pôle de service, sacrifiant un à un les pans de l’économie traditionnelle. S’il n’y a plus d’industries de transformation, si tous les bijoux du royaume ont été un à un vendus aux capitaux étrangers, c’est grâce à madame Thatcher", ajoute-t-il.
Pour le PCF, "à l’image de Reagan, elle a inventé une droite décomplexée qui a aussi inspiré Nicolas Sarkozy". "Si vous voulez vous souvenir de Margaret Thatcher, réécoutez Renaud ou allez voir un film de Ken Loach", conseille le Parti communiste, qui "est du côté de ceux à qui l’outrance libérale de la politique de Thatcher a donné envie de construire une nouvelle Grande-Bretagne".
Réactions mitigées de la classe politique française
Thatcher : le tweet assassin de Jean-Luc Mélenchon
Le leader du Front de gauche a déclaré que la Dame de fer, décédée, allait "découvrir en enfer ce qu’elle a fait aux mineurs gallois".
De son côté, François Hollande a salué la relation que la Dame de fer et la France ont eue au fil des années. "Tout au long de sa vie publique, avec des convictions conservatrices qu’elle assumait pleinement, elle fut soucieuse du rayonnement du Royaume-Uni et de la défense de ses intérêts", estime le président de la République François Hollande, saluant son "impulsion décisive" pour la construction du tunnel sous la Manche et sa relation "toujours franche et loyale" avec la France.
S’il évoque un "grand" dirigeant politique, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault souligne au passage : "Les années Thatcher, les années Reagan (ont) causé bien des dégâts économiques et sociaux."
"Terribles dégâts"
Le député socialiste Pouria Amirshahi ne se prive pas de rappeler, sur Twitter, les "terribles dégâts" causés par "la contre-révolution néolibérale née de son alliance avec Reagan". "Entêtée, compétente, sans états d’âme, fragile", énumère Jacques Attali, qui fut le conseiller spécial du président socialiste François Mitterrand, contemporain de Margaret Thatcher.
Jean-Louis Bianco, secrétaire général de l’Élysée de 1982 à 1991, se souvient de sa "force de caractère" et glisse sur i>Télé : "Je crains qu’elle reste comme quelqu’un qui a incarné le néolibéralisme." Le socialiste Gérard Filoche voit, lui, dans l’ex-chef du gouvernement britannique "l’émule de tous les réactionnaires, la barbare des temps récents".