Les élections se sont tenues dans des conditions difficiles : des Maliens inscrits, mais sans leur carte d’électeur Nina (numéro d’identification nationale), d’autres avec carte, mais sans être inscrits, et enfin des jeunes qui n’ont pu se faire enregistrer...
La situation a été des plus chaotiques dans les camps de réfugiés. Au Burkina Faso, sur les 50 000 réfugiés, seulement 3 500 étaient inscrits, avec au final seulement 50 personnes qui ont pu voter. Dans la région parisienne, peu de monde, dans cette nombreuse communauté malienne, a pu voter.
Seuls les responsables politiques occidentaux qui ont exigé ces élections dans un temps si court ont exprimé leur satisfaction. À croire que pour eux, les standards de la démocratie ne sont pas les mêmes en Europe qu’en Afrique.
La « gauchafrique »
Malgré les conditions difficiles, il apparaît que les Maliens se sont rendus massivement aux urnes à l’exception de la région de Kidal au nord du Mali, démontrant leur volonté de s’emparer du futur de leur pays.
Les premiers résultats, mais il faut être prudent, montrent un succès pour Ibrahim Boubacar Keita (dit IKB), un politicien bien connu au Mali puisqu’il a été pendant six ans Premier Ministre du régime Alpha Omar Konaré, mais aussi président de l’Assemblée nationale. Lors de la crise, il s’est tenu soigneusement à mi-chemin entre les putschistes et les partisans de l’ordre ancien. Ainsi, cela lui a permis de ne pas apparaître aux yeux des Maliens comme le représentant direct de l’ancien pouvoir déchu d’Amadou Toumani Touré. Il a bénéficié aussi du soutien officieux de l’Imam Mahmoud Dicko, président du conseil islamique du Mali. Et pour parfaire ce profil hétéroclite, il est vice-président de l’Internationale socialiste...
Après ces élections, le futur président malien deviendra donc légitime, l’ingérence française légale, la corruption florissante, bref le retour à la normale de la Françafrique… jusqu’à la prochaine crise !
Paul Martial