« Ce lockout s’éternise parce que le rapport de force est déséquilibré. Imaginez si le gouvernement donnait 165 millions à des syndiqués pour faire la grève pendant plus d’un an. Les Québécois ne l’accepteraient pas. Ce n’est pas plus acceptable de financer le conflit d’une multinationale étrangère. Le gouvernement doit rétablir l’équilibre », souligne le président de la section locale 9700 des Métallos, Clément Masse, représentant les 1030 lockoutés d’ABI à la rue depuis le 11 janvier 2018.
Le chef de la direction financière d’Hydro-Québec a reconnu lors du lancement du rapport annuel de la société d’État au début du mois que le lockout chez ABI avait entraîné une perte financière nette de 165 millions en 2018.
Lors de la campagne élctorale, François Legault avait indiqué qu’il entendait traiter le dossier de façon prioritaire. « Ça ne semble pas sérieux du côté patronal », affirmait-il en point de presse le 31 août 2018. Une semaine plus tard, il lançait : « Il est vraiment temps qu’il y ait du leadership de la part du gouvernement. » Lorsque des représentants syndicaux lui avaient expliqué qu’une clause de force majeure ("Act of God") permettait à ABI de ne pas payer pour le bloc d’électricité qui lui est réservé, le futur premier ministre avait eu cette réponse : « Un contrat ça se brise, ça se renégocie ».
Maintenant, c’est toujours l’impasse. Alcoa a rompu en février les négociations pour une énième fois, rejetant du revers de la main une demande d’arbitrage et tout « processus alternatif ». « Alcoa cherche à tout prix à imposer ses vues. Le gouvernement ne peut ainsi laisser une multinationale américaine, qui bénéficie d’avantageux tarifs d’électricité dans trois alumineries au Québec, malmener les travailleurs et faire payer l’ensemble des Québécois pour son lockout. Nous demandons au gouvernement d’intervenir sérieusement. Nous demandons au premier ministre de donner suite à ses déclarations lancées en campagne électorale », ajoute Clément Masse.
Un message, un commentaire ?