Que fait-on des divers mécanismes de contrôle disponibles ?
Il faut savoir que nos membres propriétaires opérateurs affectés à la récolte de la forêt ont des outils à même leur machinerie pour enregistrer le nombre de tiges et le diamètre moyen du bois. C’est de cette manière qu’ils sont payés, ils sont donc en mesure d’assurer un certain contrôle.
Et ils ne sont pas les seuls, nos membres propriétaires de camions qui transportent le bois sont pesés et il est possible d’évaluer leur contenu par une formule de masse versus volume.
Finalement, quand le bois entre en usine pour se faire transformer, nos membres savent exactement les quantités qui y sont traitées. En fait, nous nous assurons régulièrement que nos usines reçoivent et traitent bien la quantité de bois qui leur a été attribuée par le ministère. C’est une question de protéger les emplois. Qui plus est, de nombreuses scieries offrent des bonis de production qui sont calculés en direct sur un tableau indicateur dans l’usine. Ainsi, chaque heure, les travailleurs sont en mesure de savoir exactement si leur taux de production leur permettra d’obtenir un boni.
Ce ne sont que quelques exemples de mesures de contrôle du bois récolté qui sont disponibles, accessibles et connus. C’est pourquoi nous nous questionnons sur la quantité réelle de bois qu’il est possible de « subtiliser » sans que quelqu’un quelque part ne tire une sonnette d’alarme. En fait, au cours des 15 dernières années, nous n’avons eu connaissance qu’à une seule reprise d’un cas où un travailleur remettait en question la quantité de bois récolté par son abatteuse versus le calcul de l’entreprise forestière.
Ceci étant dit, soyons clairs, si des gens ont fraudé, qu’ils paient et assument les conséquences de leurs actes.
En matière de gouvernance, ce n’est pas nouveau, divers problèmes existent au sein du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs. Sur la question du mesurage notamment, nous croyons qu’une manière de régler la problématique serait de confier cette tâche au forestier en chef. De par son statut indépendant, il pourrait avoir la responsabilité du mesurage de la même manière qu’il veille aussi à l’équilibre entre possibilité forestière et récolte pour assurer la pérennité de la ressource.
Nous croyons par ailleurs qu’une certaine décentralisation des pouvoirs de Québec vers les régions d’où provient la ressource pourrait améliorer la gestion de nos forêts.
La forêt, cette ressource renouvelable, doit être cultivée
Mais sur l’essentiel, il faut établir un large consensus sur le caractère essentiel de la forêt pour la vitalité économique de nos régions tout autant que de nos grands centres. Il faut aussi comprendre qu’il s’agit d’une ressource renouvelable qui, une fois mature, sera exposée aux maladies et aux incendies faute de récolte. C’est pourquoi il est primordial de la cultiver et de la récolter.
Il faut prendre conscience que la forêt nous procure une matière première essentielle à de nombreux secteurs névralgiques de notre économie. Car si le papier journal est en déclin, ne nous y trompons pas, les secteurs du bois de sciage, des panneaux, du papier tissus, de l’emballage alimentaire, du transport de marchandises (carton) et bien d’autres, bénéficient de pronostics positifs. Et que dire des secteurs à développer avec les nombreuses applications que laisse entrevoir la cellulose de bois.
Au-delà de tout, préoccupons-nous des travailleurs, de leur famille et des communautés qui ne doivent pas être laissés pour compte dans ce débat. Leurs ancêtres ont contribué à développer le Québec moderne qui est le nôtre. Et à leur tour, ils participent au maintien de la vitalité économique de nos régions. Mais pour se faire, il faut s’entendre sur une donnée fondamentale, la forêt est une ressource renouvelable qui doit continuer d’être récoltée.
Maintenant, pouvons-nous améliorer la gestion de cette forêt ? Certainement. Consacrons-nous-y.
Renaud Gagné
Directeur québécois du syndicat Unifor
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