Dans le cadre du projet OPTILAB, la nouvelle réforme centralisatrice du ministre, la quasi-totalité des analyses serait transférée malgré l’agrandissement récent, à grands frais, des laboratoires de Saint-Jean. Or, à ce jour, les systèmes informatiques des deux laboratoires ne sont pas compatibles, les modalités de transport sécuritaires et rapides pour les spécimens n’ont pas été établies et rien n’a été convenu quant au déplacement du personnel spécialisé qui travaille à Saint-Jean.
Cette précipitation choque les membres du personnel de laboratoire, soucieux d’offrir des analyses de qualité dans des délais raisonnables. Leur inquiétude devant la précipitation et l’incohérence des directives ministérielles est partagée par le Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens de l’établissement - qui s’est prononcé unanimement contre l’implantation immédiate d’OPTILAB dans le Haut-Richelieu - ainsi que par la direction du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Centre qui a réclamé plus tôt cet automne la mise en place de comités chargés d’analyser la faisabilité en termes techniques, cliniques, financiers, de sécurité, de transport et de ressources humaines. « Pourquoi ne pas attendre les recommandations de ces comités ?, s’interroge Sylvie Richer, porte-parole de l’APTS pour la région. Quelle urgence y a-t-il à réorganiser précipitamment les laboratoires alors que les conditions d’efficacité et de sécurité ne sont pas réunies ? Et comment expliquer l’absence de consultation et de transparence dans ce processus ? »
Plusieurs problèmes doivent en effet être résolus afin de pouvoir garantir un service rapide et sécuritaire et un traitement équitable des salariés. « Nous appréhendons les risques de pertes d’échantillons et de dégradation des spécimens, rappelle la porte-parole syndicale. Bien que seulement 30 km séparent Saint-Jean-sur-Richelieu de Greenfield Park, il faut prendre en compte que des prélèvements proviennent de beaucoup plus loin sur le territoire et que la congestion routière est chose courante en Montérégie. À l’instar des médecins qui désapprouvent la liste annoncée, on ne s’explique pas non plus pourquoi tant d’analyses sont transférées. »
Le déplacement de la main-d’œuvre occasionné par cette centralisation ne peut pas se faire non plus en un clin d’œil. Les technologistes doivent être formés pour travailler sur des appareils différents. De plus, la quantité considérable d’analyses à faire dans les espaces limités des laboratoires de l’Hôpital Charles-LeMoyne fera en sorte que le travail devra s’effectuer sur des quarts de soir et de nuit. « Malgré des décennies d’ancienneté, déplore Sylvie Richer, les technologistes pourraient se voir imposer ce recul de leurs conditions de travail ; il faut s’attendre à ce qu’elles et ils fassent valoir leurs droits. »