Parmi les organisations signataires on retrouve notamment, Amnesty international, Human Rights Watch, Independent Jewish Voices, Oxfam etc. Les organisations prennent notamment acte du fait que tous les États parties à la Convention ont l’obligation de faire ce qui est en leur pouvoir pour prévenir et punir les actes de génocide à l’heure où le Gouvernement du Canada admet exporter des équipements militaires « non létaux » vers Israël et que le Gouvernement Québécois refuse de condamner de telles exportations après s’être obstinément refusé à exiger un cessez-le-feu.
Les prises de positions des centrales syndicales
Curieusement, les organisations de la société civile québécoise sont très peu représentées dans la liste des signataires. Fait notable également, le mouvement ouvrier n’est pas représenté, il n’y a aucune centrale syndicale et aucun syndicat canadien ou québécois. En ce qui concerne les centrales syndicales québécoises à tout le moins, cette absence ne semble cependant pas être un accident.
Tout d’abord, on relèvera que les centrales syndicales québécoises n’ont pas adopté de déclaration intersyndicale, suite aux massacres de Hamas du 7 octobre 2023 ou suite à ce qui est désormais identifié par la Cour de justice comme un génocide « plausible » justifiant l’adoption de mesures conservatoires. Ceci est d’autant plus regrettable que par le passé, les centrales syndicales n’ont pas hésité à adopter des déclarations communes en matière de politique internationale ; ce fut notamment le cas sur le conflit Israélo-Palestinien, en 2014 et 2010 ou plus récemment pour dénoncer l’invasion Russe à grande échelle de l’Ukraine. De telles initiatives intersyndicales ont pourtant été réalisées dans d’autres pays, en France par exemple ou très récemment par de puissantes Fédérations syndicales internationales (FSI) .
Ensuite, une rapide recherche internet révèle que ce « plausible » génocide n’est clairement pas au cœur des préoccupations des organisations syndicales et le désintérêt structurel des organisations syndicales pour les questions de politiques internationales ne peut pas tout justifier. À titre d’exemple, le terme « Gaza » ne donne aucun résultat sur le site de la CSQ. La FTQ a adopté un communiqué en octobre 2023, qui dénonce les crimes commis de part et d’autre, qui demande au Hamas de « cesser ses agressions inqualifiables » mais qui n’appelle pas au cessez-le-feu de la part d’Israël . Sur le site de la CSN, on trouve une résolution adoptée par le Centre international de solidarité international (CISO) qui appelle au cessez-le-feu mais aucune déclaration propre à la CSN . La page Facebook du Comité de solidarité internationale du Conseil Central du Montréal-Métropolitain (CCMM-CSN) montre que ce dernier a adopté une « question de privilège » le 1er novembre en soutien au peuple palestinien qui dénonce « l’intimidation subie par certains groupes ayant manifesté leur appui au peuple palestinien » mais qui ne condamne pas les massacres du 7 octobre 2023. Le CCMM a également relayé deux appels à manifester, un communiqué pour soutenir la requête de l’Afrique du Sud à la CIJ ainsi qu’une résolution adoptée par le Syndicat des travailleuses(eurs) des centres de la petite enfance de Montréal ; c’est à peu près tout.
L’inertie des bureaucraties syndicales en cas de « plausible » génocide à Gaza
À notre connaissance, en date du 12 février 2024, aucune centrale syndicale québécoise n’a « pris acte » de l’ordonnance de la Cour internationale de justice, exigé le boycott des livraisons d’armes ou des échanges commerciaux avec Israël, appuyé ou relayé les actions de blocages des armes comme celle menée à Saint-Augustin-de-Desmaures devant General Dynamics en décembre 2023 au Québec ou en février 2024 au Port de Vancouver par exemple ; toujours à notre connaissance, aucune centrale n’a exigé de ses membres qu’ils veillent à ce que les employeurs ne contribuent pas d’une façon ou d’une autre au « plausible » génocide, aucune n’a dénoncé la suspension de l’aide humanitaire canadienne à l’UNRWA ou tout simplement appelé ses membres à faire des dons.
Concrètement, la solidarité internationale des centrales syndicales québécoises en cas de « plausible » génocide à Gaza semble donc se résumer aujourd’hui à de très rares déclarations de principes isolées et à d’exceptionnels appels à manifester. Force est alors de constater que cette passivité des dirigeant.es syndicaux contraste dramatiquement avec les mobilisations sans précédent des jeunes, des travailleurs, des travailleuses au Québec comme un peu partout dans le monde, en faveur d’un cessez-le-feu et pour mettre fin à un « plausible » génocide.
Camille Popinot
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