La GRC est le service de police compétent dans la plupart des provinces, trois territoires, 150 municipalités et environ 600 communautés autochtones.
M. Trudeau propose que la GRC se concentre exclusivement sur les enjeux policiers fédéraux. Le SESJ et le SCFP représentent près de 9 000 membres civils et membres de la fonction publique qui travaillent directement pour la GRC. Ces membres forment le pilier opérationnel de la GRC dans tout le pays et apportent un savoir-faire crucial aux activités d’analyse judiciaire, d’échange de renseignements, de coordination des interventions d’urgence, des équipes chargées des homicides et des groupes tactiques, sans parler des autres services spécialisés et de leur inestimable connaissance du terrain dans leurs régions respectives.
Au sein du personnel de la fonction publique de la GRC, il y a des milliers de personnes qui travaillent dans les coulisses d’enquêtes criminelles complexes, des analystes de données qui tiennent à jour les registres de délinquance sexuelle et surveillent l’état de la pornographie juvénile au Canada, des spécialistes qui travaillent dans les laboratoires judiciaires et les unités de cybercriminalité, sans compter les adjointes et adjoints aux services de détachement, les gestionnaires de ressources humaines, et bien d’autres. Les opératrices et opérateurs des télécommunications, par exemple, s’occupent des communications d’urgence, de la sûreté des agentes et agents et de la coordination en temps réel des ressources lorsqu’il y a des incidents graves, des catastrophes et des menaces à la sécurité nationale. Les analystes, eux, collectent des renseignements et aident aux activités de surveillance liées au crime organisé, au contre-terrorisme et aux menaces à la sécurité publique.
« Dans la dernière année, le SESJ a fait le tour de détachements locaux aux quatre coins du pays pour témoigner toute sa reconnaissance et mettre en relief le rôle et l’efficacité de la GRC dans ces collectivités. Je peux affirmer sans équivoque que les détachements locaux, qui sont tous soutenus par la vaste infrastructure opérationnelle de la GRC, ont une valeur inestimable qu’il serait pour ainsi dire impossible de remplacer. Il faudrait des années, voire des dizaines d’années, pour créer des services provinciaux comparables », souligne David Neufeld, président national du SESJ.
La création de multiples nouvelles forces policières provinciales nécessiterait des investissements massifs dans la formation, le recrutement, l’infrastructure, l’équipement, les systèmes informatiques et la logistique opérationnelle. De surcroît, cette longue et laborieuse transition exigerait énormément de temps et de ressources et risquerait fort probablement de détourner des ressources habituellement affectées à d’autres priorités d’ordre public.
« Les 1 100 opératrices et opérateurs des télécommunications et analystes préposés à l’écoute qui travaillent à la GRC sont un rouage essentiel des interventions d’urgence, non seulement pour les opérations policières, mais aussi pour la coordination des mesures d’intervention en cas d’urgence ou de catastrophe au Canada.
Qu’il s’agisse de deux de forêts, d’inondations, de fusillades ou d’urgences nationales, ce sont eux qui s’assurent que les agentes et agents, premières et premiers répondants et équipes d’intervention d’urgence peuvent compter sur les renseignements et la coordination dont ils ont besoin pour sauver des vies. Le recrutement et la formation de nouveaux effectifs est déjà un défi, mais s’il fallait reconstituer l’ensemble des connaissances opérationnelles, de l’expertise d’intervention en cas d’urgence et des renseignements sur la sécurité nationale qui pourraient être perdus, le défi serait de toute autre envergure. Il ne s’agit pas d’une simple proposition de politique de la part d’un premier ministre sortant. Si cette proposition se concrétise, elle deviendra une menace directe pour la sécurité publique dans tout le Canada », affirme Kathleen Hippern, présidente du SCFP 104.
Le SESJ est tout à fait d’accord sur un point : il faut intensifier les activités nationales liées à la sécurité publique afin de protéger nos frontières et parer aux menaces transnationales contre la sécurité — à la GRC comme dans les autres organismes fédéraux —, notamment la cybercriminalité, la contrebande de drogues et la traite de personnes. Cependant, il ne faudrait surtout pas sous-estimer les implications d’une réorganisation des services de police au Canada.
« La proposition de M. Trudeau ignore complètement le sort des milliers d’employées et employés de la fonction publique fédérale et des milliers d’autres membres civils qui fournissent des services essentiels à la sécurité publique pour la population canadienne, alors qu’elle réformerait fondamentalement, voire démantèlerait, l’architecture policière dominante au Canada », soutient Lynette Robinson, vice-présidente nationale du SESJ.
M. Trudeau propose que la GRC mette fin à tous ses contrats de maintien de l’ordre public à partir de 2032 et se concentre strictement sur les questions fédérales. Selon les ententes actuelles, les provinces et territoires assument 70 % des coûts liés aux services de police de la GRC sur leur territoire respectif. Ottawa couvre le reste.
Ces ententes doivent expirer en 2032.
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