Édition du 17 décembre 2024

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Négociations du secteur public

Les salariés du CSSS Jardins-Roussillon appellent la population à les soutenir dans leur lutte pour la défense du système de santé et de services sociaux (APTS-SCFP)

CHÂTEAUGUAY, QC, le 19 juin 2015 - Malgré leur exaspération devant la lenteur des négociations pour le renouvellement de leur convention collective, c’est dans un esprit festif que les quelque 2000 membres du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) local 3247 et de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) du territoire Jardins-Roussillon se sont rassemblés cette semaine devant leurs lieux de travail respectifs dans les municipalités de la région. Ils profitent de l’occasion pour informer les citoyens de la dégradation de leurs conditions de travail et de l’impact des compressions qui menacent les services de santé et les services sociaux.

Les gels et faibles augmentations salariales des 15 dernières années font en sorte que les travailleuses et les travailleurs du réseau public accusent un recul salarial d’au moins 8 % par rapport à la moyenne des salariés québécois, et ce, en tenant compte des avantages sociaux. « Au-delà des augmentations de salaire, nous demandons des conditions d’exercice sécuritaires et humaines. Les restrictions budgétaires imposées aux établissements les forcent à réduire leurs effectifs. Les salariées doivent conjuguer avec des charges de travail importantes et fonctionner presqu’uniquement dans des contextes de crise et auprès de clientèles de plus en plus vulnérables. C’est une réalité quotidienne très difficile sur le plan psychologique. Le réseau est de moins en moins attrayant et il fait déjà face à une pénurie de main-d’œuvre importante dans plusieurs secteurs », mentionne Simon Beaulieu, président du local 3247 du SCFP.

« Le réseau de la santé et des services sociaux doit exercer un attrait sur les personnes salariées pour maintenir des services publics de qualité. Faute d’effectif, le système se privatisera graduellement, au bénéfice des compagnies d’assurances qui se rempliront les poches. Tant mieux pour ceux qui pourront se payer des services privés, mais pour les autres… Le but d’une entreprise privée, en santé comme dans d’autres domaines, est de générer des profits. Est-ce bien là le système de santé que l’on veut ? », soulève Vanessa David, vice-présidente de l’exécutif local APTS.

« Les coûts de santé représentent 42 % des dépenses de l’État québécois. La main-d’œuvre, qui représente 9 % de ce budget, n’est pas ce qui coûte le plus cher », précise Simon Beaulieu. Le Québec a le système de santé le moins coûteux de toutes les provinces canadiennes. Selon l’Institut canadien d’information sur la santé, les dépenses en santé au Québec en 2011 étaient de 3 338 $ par habitant, alors que la moyenne canadienne était de 3 790 $.

« Selon plusieurs économistes, la situation financière du Québec n’est pas aussi alarmante que le prétend le gouvernement. La preuve, les milliards investis dans le Fond des générations ne sont actuellement même pas utilisés pour rembourser la dette. L’expérience de certains pays d’Europe, dont la Grèce, nous enseigne que des mesures d’austérité comme celles qu’implante le gouvernement libéral ont eu des effets dévastateurs », mentionne Vanessa David.

D’autres solutions existent qui permettraient de récupérer des revenus suffisants pour maintenir et développer les services publics. Voici quelques exemples :
Un régime public d’assurance médicaments : une économie de 1 milliard de dollars ;
L’imposition à 100 % des gains en capital des entreprises : une économie de 200 millions ;
La lutte à l’évasion fiscale et au paradis fiscaux : une économie de 300 millions.
Ainsi, augmenter l’impôt des institutions financières qui ont fait des profits d’un peu plus de 30 milliards de dollars en 2013 permettrait au gouvernement d’assurer le maintien des services de santé et des services sociaux publics gratuits et de qualité.

Parfois même au prix de leur santé physique et mentale, les personnes salariées du réseau de la santé et des services sociaux tentent de maintenir la qualité des services que la population est en droit d’avoir. « Nous faisons appel à la population pour qu’elle nous soutienne dans notre lutte visant à préserver des services publics de qualité et accessibles ainsi que des conditions de travail décentes », déclare Simon Beaulieu.

« Le ministre Barrette nous a engagés dans une énième restructuration administrative du réseau de la santé, soit encore dix ans à s’harmoniser et s’ajuster. Tout ce temps aurait pu être beaucoup mieux investi auprès de la clientèle. Tout pour la gestion et les firmes privées et moins pour les services à la population ! », s’indignent les porte-parole syndicaux.

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