Les négociations achoppent principalement sur le respect de l’ancienneté dans les mouvements de main-d’œuvre et le financement du régime de retraite.
« Nous sommes ici pour dire aux actionnaires qu’ils sont perdants dans l’équation si le lockout se poursuit. Avec les coûts liés à l’arrêt et à l’éventuel redémarrage de deux séries de cuves et la diminution de production, le lockout a déjà coûté plus de 164 millions US en profits perdus à ABI, et le compteur tourne. La compagnie a indiqué son intention de revenir négocier prochainement. On demande maintenant aux actionnaires de s’assurer que cette fois sera la bonne et que les négociateurs aient des mandats pour régler les points en litige », explique le directeur québécois des Métallos, Alain Croteau, qui s’est adressé aux manifestants à l’extérieur avant d’entrer dans la salle de réunion du centre des congrès pour assister à l’assemblée des actionnaires.
C’est une centaine de lockoutés qui ont fait plus de 15 heures de route depuis Bécancour au Québec pour venir se faire entendre des actionnaires et dénoncer ce lockout « absurde ». Cinq représentants du Syndicat des Métallos, détenteurs de procuration pour représenter des actionnaires, entreront dans l’assemblée pour s’adresser aux dirigeants d’Alcoa.
« Nos membres sont déterminés, ils ne rentreront pas à genoux. Mais est-ce nécessaire d’accumuler les pertes encore longtemps avant d’arriver à un règlement ? Ce lockout est absurde. Nous sommes venus demander aux actionnaires de faire une différence dans la durée du conflit. Ils peuvent exiger aujourd’hui des comptes de la haute direction. Les prix sont bons, la prime Midwest est élevée, Alcoa a tout intérêt à produire à pleine capacité. Et nous sommes prêts à faire ce qu’on fait de mieux : de l’aluminium de qualité », fait valoir le président de la section locale 9700, Clément Masse.
L’arrêt et le redémarrage des cuves coûtent environ 100 millions, tandis qu’ABI se prive au bas mot de profits de l’ordre de 16 millions par mois en raison de la diminution de production. Ces estimations sont par ailleurs très conservatrices puisqu’elles ne tiennent pas compte de la valeur ajoutée lors de la fabrication de produits comme les plaques et la billette.
Rappelons qu’Alcoa (détenteur de 74,9 % des parts d’ABI) et Rio Tinto (détenteur de 25,1 %) ont déclenché un lockout le 11 janvier dernier. Pourtant, le comité de négociation avait tout juste avant ouvert la porte à la migration pour tous les salariés d’un régime à prestations déterminées vers un régime de retraite à financement salarial. Un tel régime répondait en tous points aux préoccupations des actionnaires qui souhaitaient éliminer le passif des régimes de retraite des états financiers. Les parties s’étaient à toutes fins pratiques entendues et il restait seulement à finaliser les modalités de financement.
L’autre élément au cœur du litige est le respect de l’ancienneté dans les mouvements de main‑d’œuvre. Les syndiqués tiennent à ce que des postes soient affichés en premier lieu au sein de l’usine avant d’être offerts en recrutement externe.
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