Édition du 19 novembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Le vrai visage de François Blais

À quand un ministre de l’Éducation nationale ?

À toutes les personnes qui ont pu croire que François Blais avait des sympathies pour la gauche, le choc a sans doute été brutal : le responsable du business de l’éducation s’est présenté dans le média qui lui ressemble (radio X) pour dire ce qu’il pense (bien que ce dernier mot soit plutôt fort) des étudiantEs, dont ce devrait être sa mission de prendre soin. C’est-à-dire que ce sont des enfants gâtés qu’il faut mâter.

J’ai eu l’occasion de débattre lors des soirées Michel-Chartrand, à Longueuil, le mercredi 8 juin 2011, avec François Blais à propos du revenu de citoyenneté. J’y défendais la position du Conseil central du Montréal métropolitain de la CSN, qui a de sérieuses réserves sur cette mesure si elle n’est pas bien définie dans une politique globale et complète de services sociaux.

La salle peuplée essentiellement de sympathisants à Québec solidaire (dont Blais est aussi loin que d’Alpha du Centaure alors que moi j’en suis un des quelques centaines de membres fondateurs) a fait une fête à monsieur Blais qui défendait la position d’une instauration rapide et partielle d’un revenu qui ressemble beaucoup plus au revenu minimum garanti que prônait le crédit social en espérant que ça renvoie les femmes à leurs fourneaux.

Monsieur Blais était un poisson bien difficile à saisir, car il ne répondait jamais aux arguments montrant que le revenu minimum peut être une arme d’augmentation des inégalités et de délestement des plus riches de leurs responsabilités sociales s’il s’accompagne de la disparition des diverses assurances sociales et de la réduction des services sociaux et publics.

Demi-vérités, omissions, réticences et restrictions mentales de la part de mon interlocuteur ont fait de cette soirée une expérience extrêmement frustrante, où il s’était réservé le beau rôle alors que je passais pour le méchant. Il paraissait bien généreux de proposer une implantation partielle du régime de revenu minimum alors qu’en fait il s’agit de la proposition de Milton Friedman, le pape du néolibéralisme : « Donnez la même somme minimum à tous les adultes, puis laissez-les se débrouiller. Plus d’aide d’aucune sorte. Les plus méritants s’en tireront bien. » Je paraphrase, mais c’est en gros la pensée de Friedman, que Blais s’est bien gardé de rendre claire, mais c’est aussi sa position.

De mon côté, j’ai dû expliquer, comme le montre André Gorz, que l’allocation de citoyenneté doit être inconditionnelle, suffisante et universelle pour être efficace, sinon elle accroit les inégalités. Mais, j’ai obtenu la réponse qu’on pourrait commencer par une forme de revenu minimum pour certaines catégories, puis après élargir. Ce qui a bien plu à l’auditoire, mais justement, c’est ouvrir la porte à la ségrégation des catégories sociales alors qu’une telle mesure ne peut pas être partielle, pour fonctionner elle doit s’appliquer à tous.

Tout cela pour dire qu’on peut facilement passer pour généreux quand en fait on veut abandonner les moins nantis à la loi du plus fort.

Et, finalement, j’ai bien hâte qu’on nomme comme ministre de l’Éducation quelqu’un qui s’intéresse vraiment à l’avenir de la société, qui a à cœur la jeunesse, qui l’aime, la comprend et veut profiter de son énergie et de sa capacité critique, plutôt que de voir ce ministère comme une usine à fabriquer des diplômes et des robots serviles.

Mais à quoi peut-on s’attendre d’un gouvernement formé par le Parti des Affairistes ?

Francis Lagacé

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