Édition du 18 juin 2024

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Opinion

Le travail partagé : piste de solution à la crise économique

Presque tous les jours, les médias nous annoncent des mises à pied touchant de nombreux travailleurs. Au cours des mois de janvier, février et mars, quelque 272 900 emplois ont été perdus au Canada. Cette calamité fait partie des conséquences soi-disant inévitables de la crise économique. Ne serions-nous pas plutôt devant une belle opportunité d’appliquer une idée soutenue par la simplicité volontaire, à savoir la réduction du temps de travail et, conséquemment, le travail partagé ?

Dans un monde où la technologie permet de produire toujours davantage avec de moins en moins de personnel, le système économique actuel et le marché du travail arrivent dans une impasse. La bulle du surendettement et du crédit à risque vient d’éclater et ne peut plus répondre à la spirale surproduction-travail-surconsommation. Plus de chômeurs signifie moins de surconsommateurs dans un système qui fait tout pour convaincre que le bonheur réside dans la consommation.

Une solution humaine

Le partage du travail, et bien sûr de la richesse, serait un pas dans la bonne direction en vue de mettre un tant soit peu l’économie au service de l’humanité. Réduire le chômage représente davantage que de simplement permettre à plus de monde d’avoir du travail, c’est aussi une façon de revaloriser de nombreuses personnes, de leur rendre une certaine dignité et de leur donner de l’espoir.

En privilégiant le travail partagé plutôt que les mises à pied, les entreprises sont elles-mêmes gagnantes puisqu’elles s’assurent de garder leur main-d’œuvre et de préserver le moral du personnel. Et face à un marché du travail qui se modifie graduellement avec le vieillissement de la population, la réduction du temps de travail vient augmenter les chances d’intégration des jeunes et des immigrants.

Pour récupérer du temps précieux

Dans la simplicité volontaire, travailler moins implique d’entretenir un rapport différent avec le temps et l’argent. Réduire notre temps de travail permet d’avoir davantage de temps pour soi ou pour nos relations interpersonnelles. Nous aurons plus de temps à consacrer à la famille, aux amis ou à des activités communautaires. Oui, nous pouvons arrêter d’en rêver et prendre le temps de bricoler, lire, dessiner, faire de l’exercice, profiter du grand air et de la vie. Tout ceci permettra de réduire le stress et pourra engendrer un enrichissement intérieur. Bref, le fait de réduire nos heures de travail peut certainement améliorer notre santé physique et psychologique. Dans le même élan, nous serons plus reposés et mieux disposés pour aborder nos activités, si bien que nous en tirerons davantage de satisfaction.

Évidemment, travailler moins d’heures entraîne une diminution du revenu et il faut donc être prêt à réduire sa consommation en conséquence. Et bien tant mieux ! Tous, nous n’en sortirons que plus gagnants. La personne qui réduit sa consommation de façon consciente et volontaire simplifie grandement sa vie et s’épargne beaucoup de faux problèmes en sachant dire « assez » plutôt que « toujours plus ». Il est important de souligner qu’apprendre à satisfaire nos besoins essentiels et à consommer de façon raisonnable n’a absolument rien à voir avec une quelconque soumission aux pires privations. Ce n’est pas non plus un discours passéiste qui refuse le progrès, loin de là ! L’atteinte d’un équilibre entre notre temps de travail et un niveau de consommation responsable ouvre les portes à une vie plus riche, plus satisfaisante et plus intense. Il ne faut surtout pas « perdre sa vie à vouloir la gagner ! ».

Vers une économie du mieux-être

Basée sur la surconsommation et le gaspillage, notre économie nous mène inexorablement vers une crise écologique. Diminuer notre consommation constitue un élément de solution primordial en réduisant l’exploitation des ressources et la pollution à la source. Mais l’économie doit aussi se transformer et privilégier des secteurs moins matériels tels que les services, la culture, le savoir et d’autres secteurs plus écologiques tels le recyclage, les énergies vertes, etc. Dans un tel contexte, la réduction du temps de travail, combinée avec une résurgence souhaitable des valeurs humaines et communautaires, peut certainement contribuer à améliorer le mieux-être et la qualité de vie de tous et chacun.

par Michel Séguin
Membre du Groupe de simplicité volontaire de Rimouski et du Réseau québécois pour la simplicité volontaire

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