Diversité artistique Montréal (DAM) souhaite interpeller le Conseil des arts et lettres du Québec (CALQ) sur la situation d’urgence à laquelle font face les organismes, compagnies et artistes dits de la diversité qui ont manifesté leur mécontentement hier le 4 octobre 2017 à travers une conférence de presse. En effet, DAM constate une défaillance financière certaine à l’égard des organismes qui travaillent pour plus de diversité, alors que le CALQ n’a cessé depuis deux ans d’afficher une volonté de rattrapage vis-à-vis de cet enjeu, notamment en développant un plan d’actions spécifique en ce sens, mais sans vraiment en dévoiler ni le processus permettant de le déployer, ni l’enveloppe budgétaire précise y étant attachée pour lui permettre d’atteindre ses objectifs. D’ailleurs, au regard des résultats du financement quadriennal dénoncés par Résarté, DAM est surpris de voir un certain nombre de compagnies et d’organismes dits de la diversité coupés ou loin d’être financés à la même hauteur que d’autres organismes pour les mêmes types de services, quand justement un plan d’actions est lancé pour plus d’équité dans le milieu.

Dans cette volonté d’aller vers plus d’équité en rejoignant les valeurs du CALQ « d’accessibilité, équité et ouverture à la multiplicité des expressions », il est aujourd’hui capital d’accompagner les mots et les volontés de gestes forts et audacieux en appuyant prioritairement les organismes qui travaillent pour la diversité. Les discours politiques de tous les paliers gouvernementaux mettent la diversité comme une priorité de leurs actions, mais cette priorité ne semble pas être prise en compte dans le financement pour pallier le rattrapage nécessaire vis-à-vis d’organismes, de compagnies ou d’artistes qui vivent des difficultés récurrentes dans leur développement, leur rayonnement régional ou encore leur reconnaissance et insertion professionnelle.

Dans un contexte social et mondial de discours haineux, de provocations sectaires, d’actes malveillants à l’endroit des populations racisées et minoritaires, l’urgence sociale et collective de renouveler notre paysage artistique et culturel, de combler le fossé de la sous-représentation, d’être plus juste et plus équitable devant les obstacles systémiques que rencontrent les artistes dits de la diversité, doit participer à une prise de conscience citoyenne et institutionnelle afin de poser des actes concrets et durables qui permettront enfin de rétablir un équilibre propice à une réelle inclusion. Autrement dit, à la possibilité d’inclure une façon de faire et de penser l’art avec des esthétiques certes différentes mais tout aussi « excellentes » que ce que la pensée eurocentrée qui domine le jugement actuel veut bien laisser croire en provoquant par ailleurs un certain nombre d’iniquités, y compris dans le financement de ceux qui contribuent à enrichir notre patrimoine commun.

DAM souhaite donc que cette urgence soit considérée et que des mesures financières précises et transparentes soient attachées au plan d’actions en cours afin que son contenu, par ailleurs tout à fait pertinent, soit appliqué de façon concrète et exemplaire. C’est cet exemplarité et courage politiques qui feront du Québec un pionnier dans l’inclusion de la diversité et une société fière de toutes ses pratiques artistiques, de ses formes d’art et de sa culture diversifiées.

Source :
Diversité artistique Montréal (DAM)