Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Premières Nations

Le mépris : la marque de commerce de Harper

De la Baie-James jusqu’à Ottawa, 1600 km, 70 jours et plus de marche dans des conditions difficiles. Partis depuis la mi-janvier, 300 jeunes réussissent à se rendre, le 25 mars, au Parlement d’Ottawa. Pourquoi tant d’efforts ? Pour réclamer eux aussi haut et fort, en appui à Theresa Spence, le respect dû aux Premières Nations ! La réponse de Harper ? Mépris.

Souhaiter la bienvenue aux pandas chinois est bien plus important ! Les impératifs du commerce passent avant tout ! L’argent avant les gens, c’est le gros bon sens n’est-ce pas ?

Le mépris de Harper n’est pas réservé qu’à eux ! Qu’ils se le disent pour ne pas se décourager.

C’est le même mépris que subissent les travailleurs saisonniers qui devront faire 100km pour un travail à 70% de leur salaire antérieur !

Même mépris pour les députés, quand Harper fait passer ses projets de loi omnibus sans leur laisser la possibilité de les analyser et de les amender.

Même mépris pour la démocratie avec les appels frauduleux pour tromper les électrices et électeurs.

Même mépris pour la démocratie quand il s’organise pour détruire l’essence de l’organisme Droits et Démocratie par ses yes men.

Même mépris pour les femmes, quand il coupe les subventions aux organismes favorisant notamment la planification des naissances.

Même mépris des groupes en alphabétisation par ses coupures.

Même mépris pour le Québec quand il ne veut même pas lui transférer les données du registre des armes à feu, quand il durcit la loi sur les jeunes contrevenants alors que la réhabilitation au Québec est un succès.

Même mépris pour les organisations non gouvernementales de solidarité internationale qui faisaient vraiment une différence dans les pays en voie de développement et désormais privées de subventions.

Même mépris pour les sciences sauf celles visant à faire empocher des profits immédiats aux Compagnies.

Même mépris envers les citoyens durement réprimés par la police quand ils contestent les choix du G 20 ou du G8. Qui doute que l’ordre de les mâter vient de haut lieu ?

Même mépris dans les coupures du programme de contestation judiciaire, visant là encore des gens ou organismes sans pouvoir pour se défendre. Sans une telle aide financière, des infractions en matière de droits humains ne pourraient pas être traduites devant la justice. [1]

Même mépris pour les résolutions de l’ONU qui visent à protéger les droits des Palestiniens.

Même mépris pour les accords internationaux visant à protéger les écosystèmes de notre seul habitat possible, la planète Terre.

Les seules choses pour lesquelles Harper n’a pas de mépris, c’est l’argent et le pouvoir. Autant il méprise les autochtones, les travailleurs, les palestiniens, autant il s’agenouille devant les puissances de l’argent.

Voilà longtemps qu’il a choisi le camp des dominants, qu’il épouse leur vision du monde. Tout comme eux, il croit qu’au bout du compte, les moins nantis, ceux qui ont un budget serré, c’est de leur faute. Ils n’ont qu’à travailler plus, plus loin, plus fort et doivent accepter un salaire moindre tel que promulgué par sa loi.

Cette vision des dominants, mine de rien, est subtilement propagée. Plus les gens vont croire que les moins nantis le sont par leur faute, moins ils vont questionner notre système économique, plus ils vont se contenter de la Guignolée, et du Club des petits-déjeuners pour palier aux inégalités.

Que les baisses d’impôt des entreprises et des nantis, que le maintien des paradis fiscaux viennent creuser les inégalités n’est aucunement un problème pour lui. Au contraire, c’est en droite ligne avec ses politiques.

Combien de temps encore allons-nous supporter ce mépris ?

Face a ce mépris, une seule réponse : une solidarité à toute épreuve. Une telle solidarité repose sur des gens avertis parce que bien informés. Voilà une action que chacun a le pouvoir de faire. S’informer toutefois ne suffit pas.

Robert Jasmin [2] terminait ses conférences en nous parlant des 4 « s’ins » : S’informer, s’indigner, s’impliquer et si nécessaire s’insurger.

Plus cette solidarité sera bien planifiée, bien organisée, plus elle sera efficace.

Voilà que 300 jeunes et le mouvement Idle no more, nous montrent la voie. Tout comme les autochtones d’Amérique du Sud qui ont choisi des gouvernements plus à gauche, lesquels font passer les intérêts du peuple avant ceux des dominants.

Notre réponse à leur appel peut faire la différence.

Françoise Breault


[2ex-président d’ATTAC-Québec

Françoise Breault

Après une carrière en enseignement, dont un an avec les Échanges France-Québec, j’ai poursuivi en travail social auprès des familles. Vers l’âge de cinq ans, je me demandais pourquoi il y avait des pauvres et ce que je pouvais faire. Sans en prendre pleinement conscience, cette interrogation m’a habité toute ma vie. Une année en Amérique du Sud ne m’avait toujours pas apporté de réponse. Cela m’a pris du temps à voir clair... Maintenant que la lumière est allumée, je ne peux et ne veux la refermer... Tous les faits, toutes mes lectures me confirment comment le système économique actuel contribue à ce fossé grandissant entre riches et pauvres. Me voici maintenant à ma 3e carrière, celle où je peux mettre tout mon temps et énergie à sensibiliser les gens aux graves enjeux d’aujourd’hui, afin de vivre dans un monde plus juste... « mais nous, nous serons morts mon frère... ».

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