Depuis 2007 et ce sans aucun débat public, le gouvernement a conclu plusieurs partenariats publics-privés avec la Fondation Lucie et André Chagnon (FLAC). Ces ententes, totalisant plus de 1 milliard de dollars, dont 525 millions proviennent des coffres de l’État, s’immiscent dans des domaines relevant des politiques publiques. Or, les organismes signataires de la déclaration « Non aux PPP sociaux » interpellent le nouveau gouvernement pour qu’il profite de l’échéance de ces ententes pour ne pas les renouveler. Le choix de la formule des PPP sociaux est un choix erroné puisqu’il existe déjà un réseau d’organismes communautaires reconnu, œuvrant auprès des populations ciblées par ces partenariats, de même que notre réseau public en santé et services sociaux qui souffre grandement du désinvestissement de l’État. Comment le gouvernement peut-il justifier un tel choix ? Céline Métivier, du Réseau québécois de l’action communautaire autonome, rappelle d’ailleurs que les 4 000 organismes d’action communautaire autonome auraient besoin d’une somme supplémentaire de 300 millions de dollars uniquement pour se sortir la tête de l’eau et réaliser adéquatement leur mission.
Dérive démocratique
« Il s’agit d’une véritable dérive démocratique, s’indigne Nancy Harvey, porte-parole du Regroupement des organismes communautaires famille de Montréal. Avec ces partenariats, la Fondation Chagnon ne se contente pas seulement d’influencer les politiques sociales, mais elle participe activement aux décisions quant aux orientations et pratiques d’interventions sociales, de la période de la grossesse jusqu’aux soins de fin de vie », mentionne-t-elle.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la Coalition « Non aux PPP sociaux » a choisi le cadre de la Semaine québécoise des familles pour interpeller le nouveau gouvernement, puisque les groupes Famille ont été parmi les premiers à être investis par la Fondation Chagnon.
Philanthropie des affaires
Les organismes remettent en question l’idée que le gouvernement se lie à une fondation privée pour développer des mesures sociales. N’adhérant pas à la « philanthropie des affaires » qui veut que les fondations privées seraient plus efficaces que l’État pour réduire la pauvreté et les problèmes sociaux, les signataires de la Déclaration « Non aux PPP sociaux » rappellent que les mesures les plus efficaces sont celles qui s’attaquent aux causes structurelles des problèmes sociaux et qui visent une meilleure redistribution de la richesse.
Des règles fiscales complaisantes
De plus, comble d’ironie, c’est la population entière, par le biais des crédits d’impôts, qui a subventionné les centaines de millions de dollars épargnés par la famille Chagnon, grâce à l’exemption obtenue par sa fondation lors de la vente de Vidéotron en 2000. Dans ce contexte, les riches peuvent bien se montrer généreux !
Avec des règles fiscales complaisantes envers les fondations, le gouvernement se prive, chaque année, d’argent qu’il pourrait investir directement dans les écoles, les institutions de santé, les programmes sociaux, le soutien à la mission des organismes communautaires. Cette situation doit cesser. Les organismes signataires de la Déclaration « Non aux PPP sociaux » exigent donc du nouveau gouvernement qu’il mène un large débat public sur la responsabilité de l’État québécois quant aux orientations des politiques sociales et qu’il réinvestisse dans les services publics et la mission des organismes communautaires.
La Coalition « Non aux PPP sociaux » est composée : Conseil central du Montréal métropolitain-CSN, FAFMRQ (Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec), Fédération de la santé et des services sociaux-CSN, L’R des centres de femmes du Québec, RIOCM (Regroupement intersectoriel des organismes communautaires de Montréal), RMJQ Montréal-Laval (Regroupement des maisons de jeunes du Québec Montréal-Laval), ROCFM (Regroupement des organismes communautaires famille de Montréal), RQ-ACA (Réseau québécois de l’action communautaire autonome), Table de Concertation communautaire de Pointe-Saint-Charles, Action-Gardien.