En plus, la décision a été prise le jour même où M. Bédard disait songer à mettre au rancart la politique de non-remplacement d’un employé sur deux partant à la retraite. Dans un communiqué que nous avons émis la semaine dernière, nous avons attiré l’attention des médias et de la population sur le côté absurde de cette politique, qui force les gestionnaires à combler leurs besoins en engageant des sous-traitants (Non-remplacement des départs au gouvernement du Québec - un autre exemple de gaspillage de fonds publics 2013-01-17 http://goo.gl/SeyvC).
Preuves à l’appui, nous avons démontré la différence des coûts que vont nécessairement absorber les contribuables québécois :
Le coût journalier maximum pour une ressource interne (analyste expert en informatique) est de 400 $ (salaire + bénéfices marginaux). En comparaison, le coût d’une ressource externe (sous-traitance) est au minimum de 571 $ par jour et peut facilement s’élever à 647 $ par jour. Pire, le contribuable doit absolument savoir que pour certains domaines d’expertise, le coût d’une ressource externe peut atteindre 1200 $ par jour !
Dans le passé, les gels d’embauches se sont traduits par un recours accru à la sous-traitance. Les gestionnaires ont une obligation de résultats, ce qui va de nouveau les forcer à recourir à la pire des solutions en termes de coûts. « Je suis d’autant plus étonné que M. Bédard faisait part de sa nette volonté de mettre fin à une pratique due essentiellement à l’impossibilité dans laquelle les gestionnaires sont placés de faire des choix qui vont dans le sens d’une saine gestion des fonds publics », réagit le président du SPGQ, M. Richard Perron.
Les mesures s’étendraient même à l’interdiction du renouvellement des contrats du personnel occasionnel déjà en place, ce qui veut dire que des personnes pleinement fonctionnelles devront abandonner leurs mandats et projets avant que ceux-ci ne soient complétés. Faudra-t-il recommencer avec des contractuels à qui on devra nécessairement donner une formation ?
En embauchant à l’externe, on contourne la Loi de la fonction publique ainsi que les recommandations du Vérificateur général. Dans un autre communiqué (Rapport du vérificateur général - Le laisser-aller en informatique coûte passablement cher aux contribuables québécois - 2012-12-03 http://goo.gl/QVfZr), le SPGQ rappelait que la Commission de la fonction publique, organisme aussi neutre que le Vérificateur général du Québec, précisait dans un rapport de vérification produit en août 2012 : « Le recours inapproprié aux contrats de services peut constituer une menace pour l’organisation, puisqu’il est susceptible de créer une dépendance par rapport aux ressources externes à moyen ou à long terme. Il peut aussi freiner le développement de compétences des ressources humaines à l’interne. »
Un avenir menacé ?
Le SPGQ est préoccupé quant à l’avenir de l’expertise professionnelle dont doit disposer la fonction publique. On sait que cet enjeu est un élément non négligeable des problèmes ayant conduit à la mise sur pied de la Commission Charbonneau. Par ailleurs, dans la Stratégie de gestion des ressources humaines 2012-2017 - Une fonction publique moderne au service des Québécois, le Conseil du trésor souligne la nécessité, voire l’urgence, de faire en sorte que la fonction publique soit compétitive sur le marché du travail. Or, l’annonce d’un gel d’embauches envoie clairement le signal contraire aux jeunes en recherche d’emploi.
« Au moment où on travaille à trouver des mécanismes facilitant l’attraction et la fidélisation, dans un contexte où le marché de l’emploi est de plus en plus concurrentiel, le recours à une méthode aussi brutale et contreproductive qu’est le gel d’embauches envoie un très mauvais signal », se désole M. Perron.