En absence de données rendues publiques sur l’importance et la nature des fuites, de même que sur la nature des opérations effectuées par Talisman pour les réduire, nous ne pouvons qu’être inquiets. Soulignons que Québec ne possède pas de normes en la matière2 et qu’il est donc trompeur de prétendre répondre aux normes d’émissions, comme le fait l’entreprise.
Début décembre, la tour de Talisman a été déplacée au puits Leclercville 1Hz A276, sis en plein cœur de la forêt domaniale. Rappelons que le puits voisin, le Leclercville 1 A266, sur le même site, recevait en 2011 un avis d’infraction du MDDEP où il était mentionné que Talisman avait, à ce puits, « émis, dégagé ou rejeté, ou permis l’émission, le dégagement ou le rejet d’un contaminant (le méthane) dont la présence dans l’environnement est susceptible de porter atteinte à la vie, à la santé, à la sécurité, au bien-être ou au confort de l’être humain ». Des travaux de colmatage avaient alors été entrepris. Pour le puits A276 dont il est présentement question, un rapport du MRNF de novembre 2010 mentionnait « une pression non stabilisée de gaz de 5914 kPa atteinte 12,8 heures après la fermeture de l’évent ». Talisman entreprend donc enfin des travaux afin de diminuer les émissions de gaz sur ce puits dont il est responsable.
Le RIGSVSL et l’AQLPA rappellent qu’en plus de Leclercville et La Visitation, il existe des centaines de puits d’hydrocarbures qui émettent du méthane, et ce, dans des proportions pas toujours connues. Il faut selon nous agir et régler de manière systématique les fuites de ce puissant gaz à effet de serre. « Nous avons d’ailleurs demandé, deux fois, au Ministère des ressources naturelles de procéder à l’inspection de tous les forages déjà effectués et de rendre publiques les résultats, et nous attendons toujours », mentionne André Bélisle, président de l’AQLPA. Quant à Serge Fortier, porte-parole du RIGSVSL, il affirme que « le seul fait de savoir, de la bouche même de l’industrie, que cette dernière ne peut en aucun moment durant la vie d’un puits en garantir l’étanchéité, et encore moins après sa fermeture, est suffisant pour imposer immédiatement un moratoire sur cette filière énergétique ».
Le Regroupement interrégional gaz de schiste de la Vallée du St-Laurent fête aujourd’hui, 12 décembre 2012, ses deux ans d’existence ; ses deux « premières » années, devrions-nous dire, car il y en aura d’autres. « Tant et aussi longtemps que les québécois et québécoises ne retrouveront pas le contrôle de leur bien commun et que le Québec ne prendra pas le virage intensif vers les énergies renouvelables », affirme Serge Fortier. C’est pourquoi nous invitons le gouvernement québécois à se montrer audacieux et à bannir la filière des combustibles fossiles.
En cette fin d’année 2012, le Regroupement interrégional gaz de schiste de la Vallée du Saint-Laurent (RIGSVSL) tient à souligner une fois de plus que le territoire du Québec - et spécialement ses terres fertiles - n’est pas à vendre, serait-ce au plus offrant. Les citoyens que nous représentons sont d’avis qu’une terre en santé et une eau propre n’ont pas de prix, surtout dans un contexte de changements climatiques, lesquels sont susceptibles de grever le rendement de nos cultures, voire même leur nature. Selon nous, l’extraction d’hydrocarbures sur nos territoires est incompatible avec une agriculture soutenable et, en absence de moratoire sur l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste, nous avons un devoir de vigilance.
En terminant, l’AQLPA tient à féliciter les comités de citoyens pour le remarquable travail de mobilisation accompli depuis leur formation.
Le Regroupement Interrégional de la Vallée du St-Laurent compte une centaine de comités locaux citoyens s’opposant à l’extraction du gaz de schiste en territoire québécois. Depuis 2010, ces comités réclament un moratoire sur le gaz de schiste au Québec et s’opposent à la fracturation de leur sous-sol et de leurs communautés.
L’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique travaille depuis 30 ans à l’amélioration de la qualité de l’air au Québec en de favoriser la mise en place de solutions concrètes, l’acquisition de connaissances, l’éducation et la sensibilisation. En 2009, l’AQLPA a sonné la première alarme sur l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste au Québec.
1 Reportage de CHEM-TVA disponible via ce lien : http://bit.ly/SSkGYe
2 Tel que mentionné dans un rapport récent du CIRAIG : http://ees-gazdeschiste.gouv.qc.ca/wordpress/wp-content/uploads/2012/09/Rapport-etude-M-2_CIRAIG.pdf