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Logement

Le FRAPRU s'inquiète de l'aggravation de la pénurie de logements au Québec

MONTRÉAL, le 15 janv. 2020 - Les Rapports sur le marché locatif, publiés ce matin par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), confirment que la pénurie de logement s’est aggravée depuis l’an passé, au Québec. Selon le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), au-delà d’une pénurie de logements, c’est bien d’une crise dont il s’agit. Le taux général de logements inoccupés, qui était de 2,3% à l’automne 2018, est maintenant à 1,8 % dans la province et a diminué dans toutes les régions métropolitaines. Conséquence directe de cette rareté : l’explosion du prix des loyers, les propriétaires profitant du peu d’offres pour exiger des augmentations au-delà de ce que la Régie autoriserait.

Le bas taux d’inoccupation est particulièrement inquiétant dans les régions métropolitaines (RMR) de Québec (2,4%), Sherbrooke (2,3%), Montréal et Gatineau (1,5%). À Montréal, le taux d’inoccupation est à son seuil le plus bas en 15 ans. À Québec, le taux vient de passer sous le seuil d’équilibre établi à 3%, comme à Trois-Rivières où il est maintenant de 2,3%. Il est sous la barre du 2% dans plusieurs autres municipalités : Granby (0,9%), Laval (1,2%), Drummondville (1,1%), Saint-Hyacinthe (0,4%), Rawdon (1,1%), Alma (1,9%), Joliette (1,3%), Rivière-du-Loup (1,8%), Saint-Georges (1,4%), Rouyn-Noranda (1,0 %), Rouyn-Noranda (1%), Montmagny (1,5%) et il baisse dangereusement dans plusieurs autres agglomérations, dont Rimouski (2,6%), et Sorel-Tracy (2,6%), Cowansville (2,3%), Salaberry-de-Valleyfield (1,5%) et dans les quartiers centraux de la Haute-Ville (1,7%) et de la Basse-Ville (1,8%) de Québec.

Le FRAPRU qualifie la situation d’alarmante dans plusieurs secteurs montréalais durement affectés la pénurie, mais également par la spéculation, dont le Sud-Ouest et Verdun (0,3%), Lasalle (0,6%), Villeray/Saint-Michel/Parc-Extension (1%).

Selon le FRAPRU, la recherche de logement sera ardue ce printemps. Ces nouvelles données laissent présager que de nombreux locataires se retrouveront à la rue le 1er juillet prochain, alors qu’en 2019, quelque 175 ménages se sont trouvés sans logement à travers la province à cette date. À Gatineau, des familles sont déjà sans-logis à l’année longue et les ressources offrant de l’hébergement temporaire débordent. Selon la porte-parole du FRAPRU, Véronique Laflamme, « le gouvernement du Québec doit prendre la mesure de la crise vécue par les locataires du Québec ».

Dans la plupart des agglomérations de 50 000 habitants et plus, la situation demeure inquiétante pour les ménages familiaux, le nombre de logements de deux et de trois chambres à coucher et plus y demeurant particulièrement bas. « Dans la région de Montréal, le taux d’inoccupation des logements familiaux de 3 chambres à coucher et plus — qui est de seulement 0,7 % — n’a pas été aussi bas depuis près de 20 ans », souligne Véronique Laflamme, rappelant qu’il frôle 0% dans la plupart des quartiers centraux de la métropole, ainsi qu’à Longueuil.

Des loyers qui montent en flèche

Selon le FRAPRU, cette rareté de logements entraine des augmentations ahurissantes de loyer. Pour preuve, toujours selon les données de la SCHL, le loyer moyen du marché a augmenté de 4,5% dans la RMR de Gatineau entre 2018 et 2019, de 3,6 % dans la RMR de Montréal (3,9 % sur l’Île même), et de 4,4% à Trois-Rivières. Pour la première fois depuis 2012, la RMR de Gatineau redevient celle où le loyer moyen (847$) est le plus cher au Québec, suivi de Montréal (841$) et de Québec (837 $).

La SCHL confirme par ailleurs que les logements disponibles à la location sont beaucoup plus dispendieux que ceux déjà loués. Ainsi, à Montréal, le loyer moyen des appartements de deux chambres à coucher vacants au moment de l’enquête dépassait de 25 % celui de l’ensemble des appartements de même grandeur.

« Dans ces conditions, la situation va assurément se détériorer pour les 195 000 ménages locataires du Québec qui consacrent déjà plus de la moitié de leur revenu pour se loger », s’inquiète Véronique Laflamme. « Les logements neufs étant hors de prix, les loyers des logements vacants augmentant drastiquement, des gens vont être forcés de quitter leurs communautés, de s’éloigner des services, voire de changer leurs enfants d’école. D’autres n’auront pas d’autres options que de louer des logements trop petits pour leur famille ou en mauvais état », fait-elle remarquer.

Les locataires invitéEs à la prudence et les gouvernements pressés d’agir

Le FRAPRU recommande aux locataires qui le peuvent de s’assurer d’avoir trouvé un nouveau logement avant de mettre fin à leur bail actuel. Il invite aussi à la prudence face aux propriétaires qui usent de divers stratagèmes pour chasser les ménages de leur logement (évictions, rénovictions, reprises sous de faux prétextes, hausses de loyer abusives, etc.) et invite les locataires à contacter le comité logement de leur secteur avant d’accepter quelque entente que ce soit.

Le FRAPRU incite également les ménages à bas revenu à remplir une demande de logement subventionné auprès de l’office d’habitation de leur localité. Même si les nouveaux projets de logements sociaux sous différentes formes (logements publics, coopérative et OSBL d’habitation) lèvent de terre difficilement, le FRAPRU les invite aussi à s’informer des projets développement sur leur territoire et à s’y inscrire.

À quelques semaines des budgets, le regroupement pour le droit au logement demande aux gouvernements de financer davantage de logements sociaux. « En plus d’être une alternative à un marché uniquement préoccupé par ses marges de profits, il s’agit d’un moyen concret d’enrayer la crise à moyen et long terme pour de nombreux ménages », explique Madame Laflamme.

Il demande aussi à Québec d’instaurer un réel contrôle des loyers, de renforcer les protections des locataires contre les reprises de logement et les évictions et de mieux protéger le parc de logements locatifs encore abordables, notamment en encadrant mieux les transformations en condo indivises.

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