Suite à l’embauche d’une firme externe au coût de 426 000 $, Proaction internationale, la direction du Service des personnes en perte d’autonomie (SPPA) du CSSS de Saint-Léonard et Saint-Michel a imposé un cadre de pratique aux professionnels et techniciens qui ne rend service ni aux usagers ni aux employés.
Inspiré de la gestion LEAN et de la « méthode Toyota », ce projet d’optimisation du CSSS promettait qu’« en revoyant les façons de faire, les intervenants [allaient être] délestés le plus possible de [certaines] tâches afin qu’ils passent plus de temps auprès des usagers ».
Or, il n’en est rien si l’on se fie aux professionnels qui, au quotidien, prodiguent les soins à la population. Loin de livrer les bénéfices promis, les effets de l’intervention de cette firme nuisent aux soins et aux services aux usagers.
Les employés font le bilan suivant :
– le cadre imposé n’a entraîné aucune diminution de la masse de documents à compléter ni réduit les démarches bureaucratiques à effectuer dans le service SPPA ;
– les cibles à atteindre ont été fixées malgré l’impossibilité pour l’ensemble des intervenants de les atteindre ;
– il y a eu ajout d’un logiciel supplémentaire et d’une rencontre hebdomadaire pour le suivi de la performance attendue des employés ;
– de nombreux départs de personnel sont survenus et des postes sont toujours vacants ;
– plusieurs ordres professionnels (travailleurs sociaux, physiothérapeutes, ergothérapeutes) ont par ailleurs émis un avis conjoint soulignant la nécessité de permettre au personnel professionnel de maintenir les exigences en matière de normes et standards de pratique et de déontologie. « En particulier, l’obligation de s’abstenir d’exercer dans des conditions susceptibles de compromettre la qualité des soins et des services et l’indépendance professionnelle sont des notions fondamentales qui garantissent au public la primauté de ses intérêts sur toutes autres considérations » ;
– tous les syndicats notent présentement une détérioration notable du climat de travail ;
– l’établissement, pour sa part, enregistre un déficit de plus de 550 000 $ après quatre périodes financières, soit du 1er avril à la fin juillet.
Le président du syndicat (SCFP 5425) qui représente les professionnels et techniciens du SPPA, Guy Jolicoeur, rappelle que ses « membres ne travaillent pas sur une chaîne de montage, mais bien avec des humains. On en a assez d’entendre que nous sommes responsables des coupes au budget du SPPA parce qu’on n’atteint pas les cibles ».
Maro Lufty, président du Conseil provincial des affaires sociales (CPAS), s’interroge. « Il faut se questionner sérieusement sur la pertinence de cette firme qui sème la grogne partout où elle passe. Il faut se questionner encore plus face aux administrateurs du réseau de la santé qui, sachant cela, les engage. »
La manifestation était organisée par le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), qui représente plus de 380 syndiqués du CSSS regroupés au sein de deux syndicats locaux distincts. Une quarantaine de ces employés sont affectés au SPPA.
Le CSSS de Saint-Léonard et Saint-Michel compte environ 1100 employés au total et est responsable de deux CLSC et de trois CHSLD.
Comptant plus de 111 000 membres au Québec, le SCFP représente 20 000 membres dans le secteur de la santé et des services sociaux au Québec. Le SCFP est de plus présent dans les secteurs suivant : les communications, les municipalités, l’éducation, l’énergie, les universités, les sociétés d’État et organismes publics, les transports aérien et urbain, ainsi que le secteur mixte.