Cette histoire loufoque commence en octobre 2012. La direction des Résidences Soleil décide alors de cesser sa pratique usuelle de payer les 50% de la prime d’assurance vie. La Section locale 106 du syndicat des Teamsters décide alors de déposer des griefs pour protester contre cette décision arbitraire.
Une entente de gré à gré intervient en juillet 2015 entre les parties avant qu’elles ne comparaissent devant un arbitre, mais c’est une semaine après le remboursement aux travailleurs que la direction des Résidences Soleil émet une directive indiquant qu’elle ne tolérera plus qu’ils consomment le café servi aux résidents. « Si un employé désir (sic) boire du café, à sa pause, il doit se le procurer par ses propres moyens. L’employé qui ne respectera pas cette règle s’expose à des mesures disciplinaires, » peut-on lire dans la note de service remise aux travailleurs.
Pourtant, les quelque 450 travailleurs des sept Résidences Soleil visées par cette directive avaient droit à un café en tout temps avant l’entente entre les parties sur les primes d’assurance vie.
« Nos membres nous ont rapporté que l’employeur préfère jeter le café non consommé, plutôt que de leur offrir, s’indigne Jean Chartrand, président de la Section locale 106 des Teamsters. La mesquinerie de l’employeur atteint de nouveaux sommets aux Résidences Soleil. »
Cette histoire, qui peut paraître anecdotique, traduit bien les relations entre Eddy Savoie et ses travailleurs et travailleuses. En effet, même ceux et celles qui ne bénéficient pas de l’assurance vie sont visés par cette interdiction absurde.
« À mes yeux, cette nouvelle directive vise à compenser la prime de 1,50 $ versée par l’employeur chaque semaine, ajoute le leader syndical. Eddy Savoie [le propriétaire des Résidences Soleil] se couvre de ridicule une fois de plus et provoque la colère chez ceux et celles qui assurent le succès de son entreprise. »
Relations très tendues entre le syndicat et l’employeur
Ce qu’il est convenu d’appeler dorénavant « l’Affaire du café des Résidences Soleil » n’est pas le seul accrochage entre les Teamsters et l’employeur.
En effet, la direction des Résidences Soleil refuse de donner accès aux lieux de travail aux représentants du Fonds de solidarité de la FTQ. Ainsi, les membres ne peuvent pas obtenir l’information pertinente nécessaire à leur projet de cotiser à un régime de retraite. Pourtant, seul un accès au bureau du syndicat dans chaque résidence a été demandé, ce qui ne dérange en rien les opérations ni n’occasionne de frais à l’employeur.
S’ajoutent à cela une multitude de griefs déposés par le syndicat et la quasi impossibilité pour les délégués syndicaux d’être libérés de leurs activités habituelles afin qu’ils répondent aux questions des membres.
« La situation est devenue intolérable et la paix industrielle aux Résidences Soleil est en danger, met en garde Jean Chartrand. Eddy Savoie a deux options : collaborer avec nous afin de trouver des solutions acceptables de part et d’autres, ou s’aliéner ses travailleuses et travailleurs. »
De fait, les contrats dans six des sept résidences viennent à échéance en 2017 et les négociations sont déjà en cours à la Résidence du Manoir de Sainte-Julie.
Le syndicat des Teamsters ne prévoit pas mettre en branle des moyens de pression pour le moment, mais la prochaine ronde de négociations entre les parties risquent d’être mouvementée.
« Les résidents qui sont généralement très sympathiques à notre cause ne subiront aucun impact des éventuels moyens de pression, s’il y en a, termine M. Chartrand. Nous avons une bonne relation avec eux et ils comprennent que nous recherchons la justice et l’équité. »