Rappellons que Charb, le rédacteur en chef, était un dessinateur de sensibilité révolutionnaire, qui a illustré le livre de Daniel Bensaïd, Marx, mode d’emploi. Il était aussi présent dans la soirée en hommage à Bensaïd, où il croquait des dessins tendres et ironiques, qui étaient projetés au fur et à la mesure.
L’acte de ces fanatiques et intolérants djihaddistes est un crime contre la liberté de la presse, la libre pensée, la liberté artistique. Mais il est aussi un crime contre l’Islam, et contre les musulmans de France, qui courent le risque de payer l’addition d’une infâmie dans laquelle ils ne portent aucune responsabilité.
La vague d’islamophobie qui s’est développé en France ces derniers temps, avec le soutien de journalistes racistes comme Eric Zemmour, ou des écrivains « consacrés » comme Houellebeck, confond musulmans avec intégristes, et intégristes avec djihaddistes, dans un amalgame sournois et manipulateur. Ce climat délétère favorise les divers courants racistes, « identitaires » et fascistes, et surtout l’entreprise de la famille Le Pen, qui a fait du racisme et de l’islamophobie son fonds de commerce. Ils essayeront naturellement d’utiliser le crime des djihaddistes pour diffuser leur poison.
Les uns et les autres essayent d’instaurer un climat de « guerre des civilisations », selon la sinistre proposition de Samuel Huntington (un des architectes de la Guerre du Vietnam). Il est urgent de rappeler que le vrai conflit de notre époque n’est pas entre « l’Islam » et « l’Occident », mais entre exploiteurs et exploités, oppresseurs et opprimés, et, en dernière analyse, entre les intérêts du capitalisme et ceux de l’humanité.