Tiré du blogue de l’auteur.
Il y a peut-être un moment où l’historien, le sociologue doit prendre le relai du journaliste pour tenter d’analyser en quoi ces « affaires » récurrentes, que Metoo révèle, interrogent globalement les « sociétés modernes », qui se targuent d’avoir « libéré » les femmes des liens de soumission, attribués (parfois à tort, souvent à raison) aux relations qui régissaient les « sociétés traditionnelles ». Cette nécessaire mise en cause de la modernité par une démarche de sociologie historique atteint, en particulier, la société française… et « sa » laïcité. Les deux questions n’ont rien à voir, rétorqueront certains. Pourtant, le bon vieux Durkheim expliquait déjà, il y a plus d’un siècle, que le travail sociologique consiste, en bonne part, à décrypter des interrelations entre des faits sociaux qui, pour tout un chacun, n’ont rien en commun. Et, à la même époque, Max Weber, définissait le chercheur en sciences sociales comme celui qui affronte les « faits dérangeants », les faits qui constituent des angles morts dans la vision habituelle de la réalité sociale.
Bien sûr, de tels propos méthodologiques ne justifient pas d’effectuer n’importe quelle mise en relation, au seul prétexte qu’elle apparaitrait incongrue. Il faut y regarder de plus près. Un premier constat massif peut être fait : depuis 1989 et l’« affaire de foulards » de Creil, l’égalité entre les sexes constitue un étendard brandi au nom de la laïcité, par des personnes qui souvent, auparavant, ne s’étaient guère souciées de ce sujet.
Schématiquement, quatre périodes ont caractérisé les tendances dominantes de la « laïcité française » dans son rapport aux femmes.
La première va des années 1870 à, la séparation des Eglises et de l’Etat : « la femme » apparait alors un enjeu dans le combat des « deux France ». Si elle ne vote pas, comme épouse et mère, elle a, cependant, de l’influence sur le citoyen (ce thème est presque obsédant dans le discours républicain). Il faut donc que « la femme appartienne à la science et non à l’Eglise » proclame Jules Ferry. La formule résume remarquablement la situation (femme enjeu, et non femme sujet, s’appartenant à elle-même). Les mesures prises en faveur de l’éducation des femmes visent davantage à les arracher à une influence « cléricale », réelle ou supposée, qu’à faire émerger leur autonomie à l’égard de la gente masculine. Il existe même, dans les milieux anticléricaux, à part quelques personnalités, une véritable « peur des femmes ». Je le montre dans mon dernier ouvrage "La loi de 1905 n’aura pas lieu". Je cite, là, notamment, des féministes qui s’en prennent aux « idoles laïques », combattent « le dogme de l’autorité maritale », sans rencontrer un grand écho.
La loi de 1905 représente une occasion manquée : Briand, lui, était assez féministe et prévoyait qu’après la séparation, les femmes seraient électrices et éligibles, à égalité avec les hommes, dans les associations chargées de « l’exercice du culte ». Mais, cette fois, c’est le refus catholique de former de telles associations qui empêcha ce pas en avant,… réalisé seulement, progressivement, par des minorités religieuses comme le protestantisme. Et, en fait, sur le plan des droits politiques, rien ne change : la période qui va jusqu’en 1944 est marquée par un refus de rendre le suffrage véritablement universel. En France, les femmes continuent à être privées du droit de vote, alors qu’elles l’acquièrent dans d’autres pays. Une laïcité anticléricale en est la cause : Buisson, favorable au droit de vote « féminin » se fait traité d’ « ami des curés ». Le parti radical, au nom de la laïcité, bloque au Sénat toute extension du suffrage aux femmes. C’est Vichy (!) qui inscrit ce droit dans son projet de Constitution (jamais appliqué par suite d’un véto allemand). Et de Gaulle le réalise enfin en 1944-45. L’écart entre le vote des hommes (1848) et le vote des femmes (1944-45 est, pratiquement, d’un siècle. Dans d’autres démocraties, il est de 30, 40 ans.
Les années 1960 - 1980 sont marquées par des mesures législatives qui donnent plus d’autonomie aux femmes (du droit de disposer de leurs carnets de chèques à la légalisation du contrôle des naissances et de l’IVG). Selon moi, ces dernières dispositions sont typiquement laïques : les lois civiles s’écartant des normes de la religion catholique. Pourtant la laïcité est fort peu invoquée en ces matières et, quand elle l’est, c’est essentiellement par des députés de droite voulant justifier un vote favorable, malgré le fait qu’ils soient catholiques. Globalement, la « libération de la femme » et la laïcité (centrée sur la querelle des « deux écoles ») constituent deux champs bien distincts. Par exemple, l’instauration de la mixité scolaire ne se réfère en rien à la laïcité. D’autre part, les combats féministes ne s’y réfèrent pratiquement pas : le pouvoir des médecins est bien davantage mis en cause que celui des curés ! Et les révélations actuelles consécutives à « Metoo », qui concernent déjà cette période, montrent l’extrême ambivalence de ce qui a été qualifié alors d’ « émancipation des femmes ». J’y reviendrai.
En 1989, la « laïcité » devient, officiellement très féministe et s’empare, tardivement, de la question de « l’égalité homme-femme »[1], mise au premier plan. On ne pourrait que s’en réjouir, sauf que… beaucoup angles morts rendent cette question bien plus complexe. Premièrement on constate la mise au placard, chez beaucoup de laïques, de l’histoire peu glorieuse de la « laïcité française » concernant ce sujet. Un exemple : une professeure m’interpellait sur le peu de réceptivité des élèves à son enseignement. Je lui ai demandé d’expliciter le propos qu’elle tenait en classe. Celui-ci opposait frontalement une laïcité substantiellement favorable à l’égalité des sexes, face aux religions qui y seraient opposées par essence. Je lui ai demandé de changer son enseignement et d’insister, au contraire, sur la difficulté qu’a eue la France laïque à prôner l’idéal de l’égalité femmes-hommes.
Maintenant cette référence constitue un acquis précieux vers lequel on doit tendre, mais que de résistances il a fallu vaincre pour en arriver là ! En quittant un discours manichéen, à la limite de l’obscurantisme, cette enseignante pouvait faire coup double : d’abord elle gagnait beaucoup en véracité (elle ne racontait plus de colles !) ; ensuite, elle favorisait, en questionnant la laïcité, la possibilité d’une réflexion critique analogue des élèves sur leur propre religion (vous l’avez toutes/tous compris : les élèves étaient « musulmans »).
C’est le second angle mort : la « laïcité républicaine » s’est découverte féministe face à « l’islam », avec les affaires de foulards qui, des élèves aux accompagnatrices scolaires, n’en finissent pas de focaliser la scène politico-médiatique française. Et, mis à part un discours stéréotypé essentialiste sur une pseudo éternelle opposition des religions aux femmes (la réalité historique est parfois divergente, comme l’ont montré les historiens Claude Langlois et Théodore Zeldin pour le XIXe siècle français), dans la pratique sociale, c’est presque tout le temps la « comptabilité de l’islam et de la laïcité » qui est questionnée dès qu’il est question d’égalité des sexes. Pourtant le fait qu’une femme ne puisse être prêtre relèverait de la discrimination à l’embauche si la République laïque, bonne fille, ne se référait pas au « droit canon » en la matière. De même, une femme ne peut être diacre et, dans certaines paroisses, on leur refuse le droit, parce qu’elles ont leur zizi dedans et non dehors, de donner la communion ! Quid alors de la compatibilité entre l’Eglise catholique et des dites « Valeurs de la République » ? A part la libre-pensée, quelle force politique et culturelle applique un raisonnement identique quand il s’agit du catholicisme et quand il s’agit de l’islam ?
Troisième angle mort, la position des laïques médiatiquement dominants lors des débats sur la parité. Aussi bien Dominique Schnapper qu’Elisabeth Badinter, et d’autres, se sont s’opposées à la loi du 6 juin 2000 (qui tente de l’établir) au nom de « l’universalisme républicain ». Badinter écrivait dans L’Obs : « Laissons entrer le particularisme dans la définition du citoyen et nous vivrons une sinistre cohabitation de ghettos différents. Je ne veux pas du communautarisme. La République est fondée sur l’abstraction de la règle, la généralité de la loi, pas la spécificité des individus et des communautés. » Nous sommes bien d’accord que si l’égalité s’effectuait spontanément, ce serait le meilleur des mondes possibles, mais l’universalisme abstrait, une fois de plus, n’est, là, qu’un cache-sexe de la discrimination envers les femmes. Mais, pour une fois, on a passé outre, voté la loi dite « communautariste », et… chose très étrange, la République a survécu, tandis que l’égalité femmes-hommes en politique, a progressé sans être réalisée pour autant. Plutôt que continuer à faire campagne contre la loi, Badinter a préféré prétendre que seule Marine Le Pen parlait de la laïcité…
Cette expérimentation historique de la loi sur la parité, et de son application (parfois contournée !) montrant qu’un certain discours laïque dit « universaliste » est, en fait, un discours légitimant des discriminations et suscitant des colères, n’empêche nullement les discours à la Badinter d’être pris au sérieux dans leurs éternelles diatribes comme le « communautarisme » dès qu’il ne s’agit plus de femmes mais de « musulmans ». Là encore, relisons Max Weber et sa découverte du « paradoxe des conséquences » : il arrive que la route vers l’universalisme doive passer par le chemin du dit particularisme ! Il est fort étonnant que Schnapper, qui est sociologue, ne prenne pas en compte cette règle élémentaire de la démarche sociologique et pense, naïvement, comme les pires philosophes substantialistes, pouvoir se cantonner à de pures positions de principes sur la « citoyenneté », sans analyser leurs aspects contreproductifs dans la réalité empirique[2]. Et dire que c’est cette personnalité, estimable par ailleurs, qui dirige le « Comité des sages » de l’Education nationale. Guère étonnant que l’école continue de s’enfoncer : l’intelligence de l’institution scolaire semble à l’intelligence ce que la musique militaire est à la musique ![3]
Quatrième angle mort : en matière de féminisme, dans la longue durée, les « démocraties » anglo-saxonnes sont bien ‘en avance’ sur la « République »… française (pour reprendre l’opposition des laïques républicanistes[4] !). C’est déjà le cas au XIXe (avec, notamment, le premier grand manifeste du féminisme proto-contemporain, l’ouvrage Lettres sur l’égalité des sexes, 1837, de Sarah Grimké, édité en français en 2017 !) et au début du XXe siècle ; ensuite, dans les années 1950 et 1960, le Planning familial doit faire venir des instruments contraceptifs du Royaume-Uni,… Enfin, il y a quelques années, l’affaire Strauss-Kahn n’a pas induit, en France, la vague de révélations provenant d’Amérique qui a gagné notre pays avec Metoo.
Alors qu’on se fait régulièrement traiter de social-traitre à la laïcité française et d’être imprégné de mauvaises pensées ‘anglo-saxonnes’ dès que l’on prône une « laïcité libérale » (le chapitre 4, « la normalisation libérale », de l’ouvrage La nouvelle question laïque de Laurent Bouvet en est une illustration parmi de nombreuses autres), le féminisme français dominant républicaniste, focalisé sur le dit « voile islamique », se montre toujours à la traine par rapport au combat des femmes dans les pays anglo-saxons.
Au début, la version française de Metoo a d’ailleurs été « Balance ton porc », focalisation moralisante significative sur des individus et qui permet de ne pas aborder le problème dans son ampleur sociétale. Mais les hommes ont accès à la parole publique, sont puissants et là, comme par hasard !, la formule anglo-saxonne a été adoptée sans que l’hivernal Printemps républicain et consort n’y trouvent à redire. Comme quoi, dès qu’il ne s’agit pas d’« islam »,… ! Mais, et j’en reviens à mon point de départ, si des groupes parfois influents comme les Grandes Ecoles sont mise en cause (cf. l’enquête de Mediapart, peu reprise par des médias courageux mais peu téméraires !), il manque encore, sauf erreur de ma part, une analyse plus globale sur le sujet.
La question que je voudrais poser est la suivante : et si toute la déferlante d’affaires en cascade, toute la « libération de la parole » qui, enfin, se produit constituait un analyseur de la part d’ombre de la « libération de la femme », libération dont les sociétés occidentales se montrent si fières, et qui leur permet de juger extrêmement sévèrement, et surtout avec une très haute bonne conscience, d’autres sociétés, d’autres cultures ?
Entendons-nous bien, il ne s’agit en rien de cautionner si peu que ce soit les aspects patriarcaux de d’autres sociétés, au contraire : pour prendre l’exemple-type : l’imposition du foulard doit être énergiquement combattue et je suis persuadé que la meilleure manière de le faire consiste à dire, sans relâche, que le contraire de l’imposition c’est la liberté, et non d’être dans un mimétisme où l’on croit pouvoir combattre l’imposition par l’interdiction. Il ne s’agit pas non plus de nier les progrès réalisés, depuis 60 ans, par la société française, en matière d’autonomisation, de liberté des femmes, de maitrise sur leur corps, de droits élémentaires acquis (ni, d’ailleurs, la marche qui reste à faire). Globalement, il s’agit, sans doute, du changement sociétal le plus bénéfique (mais, encore une fois, la France, loin d’être à l’avant-garde, n’a fait que suivre le chemin tracé par d’autres démocraties…).
Il s’agit de se demander si la focalisation politique et médiatique sur le vêtement de certaines musulmanes, qu’il s’agisse du hidjab du nicab, du burkini, des jupes longues..., considéré comme le nec plus ultra de l’oppression des femmes, n’est pas allé de pair avec l’omerta récurrente sur les oppressions subies par des femmes insultées, harcelées sexuellement, violées, obligées de dire « oui » ; bref, au nom des « valeurs modernes »… républicaines, victimes d’un chantage idéologique : où tu te montres une « femme libérée », c’est-à-dire disponible pour tes prédateurs, ou tu n’es qu’une « coincée » et tu en subiras les conséquences. Pire on peut se demander si cette focalisation n’a pas couvert l’omerta. Témoin le discours récurrent sur les « tournantes » et tout ce qui était censé se passer dans les « banlieues », et surtout uniquement dans les banlieues !
Un mouvement comme « Ni putes, ni soumises » s’est vraiment montré emblématique de cette manipulation antiféministe et antilaïque. L’oppression des femmes se limitait aux banlieues et au « rigorisme musulman ». Et les femmes modernes, déjà « libérées », bien franco-françaises ou assimilées, devaient émanciper les « filles des quartiers ». Pour avoir côtoyé le mouvement à ses débuts, je peux témoigner que c’était loin d’être l’optique de toutes les militantes. Mais Fadéla Amara a fait le ménage, ce qui lui a valu de devenir sous-ministre d’un gouvernement Sarkozy (coiffée par Christine Boutin !). Mais la pauvre Amara, qui croyait sincèrement qu’elle allait pouvoir réaliser un plan global en faveur des banlieues, s’est très vite trouvée instrumentalisée, privée de moyens et de relais politiques ; bref complètement paralysée dans sa volonté d’agir. Résultat : le processus dont elle a été, à la fois une des initiatrices et une des victimes a permis de jeter un voile intégral sur toutes les oppressions sexuelles commises dans les mieux « normaux » de la société française, les milieux mainstream (du cinéma aux Jeunesses socialistes, en passant par beaucoup d’autres), considérés comme ne faisant pas problème en matière de laïcité, et donc dans les clous de l’égalité des sexes. On trouve là une des causes (pas la seule, bien sûr), de l’omerta française.
Tout ce joli petit monde devrait, maintenant, balayer devant sa porte. Mais l’excuse morale permet le déni d’analyse et tant que l’on en restera à ce plan moral, qu’on se cantonnera à la recherche de coupables individuels, une certaine laïcité dite républicaine ne sera qu’un masque d’une hénaûrme hypocrisie. Au lieu d’avoir un peu de lucidité, cette laïcité-là, s’enfonce dans le gouffre. On me dit qu’un parti, qui a longtemps représenté la gauche, s’apprête à faire une déclaration solennelle sur la laïcité, qui insisterait sur la notion de « commun ». J’espère qu’il s’agit d’une intox. Mais je me méfie un peu : effectivement le terme de « commun » est socialement de plus en plus utilisé. Avant on parlait plutôt de « vivre-ensemble », ce qui laissait une place à une relative différence entre les personnes, à un peu d’individualité. Mais là, si le « commun » devient le terme de référence, c’est l’uniformité érigé en valeur républicaine, c’est l’étouffement de tout ce qui bouge.
Avez-vous encore 1/100 de socialisme qui coule dans vos veines, camarades ? Si oui, comment ne savez-vous pas que le « commun » dominant dans la société est produit par « le mode de fonctionnement de la publicité et de la marchandisation capitaliste en général », mode qui « repose sur le fait qu’elles transposent notre besoin existentiel de résonnance, autrement dit notre désir de relation en un désir d’objet. »[5] Pendant des décennies, au cœur du « commun » français se nichait tout qui se révèle maintenant, grâce au vent porté par Metoo et venu d’Amérique, avoir été des « aliénations » (au sens du vieux Marx.) N’en doutez-pas, le « commun » actuel comporte beaucoup de turpitudes, qui seront dénoncées demain ou dans vingt ans, peu importe. Ne salissez pas la laïcité en l’imprégnant de « commun », elle qui a porté l’étendard de la liberté lors de la loi de 1905.
PS : pour répondre à l’avance à celles et ceux qui, de bonne foi, penseraient que je surferais sur la vague Metoo, je précise que je ne l’ai certes pas attendue pour traiter le sujet. On trouvera notamment des éléments dans :
– Laïcité 1905-2005 entre passion et raison, Seuil, 2004, p. 193-201, 218s, 240-242.
– L’intégrisme républicain contre la laïcité, L’Aube, 2006, p. 29-54 (chapitre : « La laïcité est-elle gage de l’égalité des sexes ? »)
– La Laïcité falsifiée, La Découverte, 2012, p. 85-101 (chapitre « Les deux laïcités et l’égalité des sexes »)
– Une si vive révolte, L’Aube, 2016 (une autobiographe où je raconte, d’abord ma transgression adolescente « de la répartition des rôles entre sexes » et mon « féminisme » d’alors (p. 30-33) ; la façon dont, après Mai 68, « la revendication d’amour libre devient parfois une nouvelle contrainte » (p. 114s.) ; mon appui (comme conseiller) aux combats féministes de Ségolène Royal (p. 177, 181).
Notes
[1]Dans le discours social, on parle le plus souvent de « l’égalité homme-femme » alors que, d’habitude, on met en premier le mot qui précède l’autre dans l’abécédaire. On devrait donc, logiquement, parler de l’égalité « femme-homme ».
[2]Elle tend à les réduire à la distance qui existerait toujours entre l’idéal et le réel. Avec cette optique, aucune mesure facilitant l’égalité femmes-hommes n’aurait été adoptée.
[3]L’institution scolaire pratique un double jeu : une enquête tend à montrer que les élèves français serait (dixit les médias) les « champions de la laïcité » (ce qui montrerait la réussite de l’école) tandis que sont régulièrement comptabilisés des « atteintes à la laïcité » (ce qui justifierait son combat constant contre les dites atteintes !). Certains journaux ont noté la contradiction. Mais ce n’est pas une car, globalement, il s’agit de 2 laïcitésdivergentes : celle qui a donné lieu à l’enquête auprès des élèves est à dominante libérale, celle des dites atteinte à la laïcité est globalement autoritaire.
[4]Car l’Amérique est aussi une République : en 1905, des laïques, des radicaux Goblet et Buisson aux socialistes Pressensé et Jaurès parlaient volontiers de « la grande république américaine » et de « démocratie » à propos de la France.
[5]H. Rosa,Rendre le monde indisponible, La Découverte, 2020. Voire du même auteur : Accélération. Une critique sociale du temps(La Découverte, 2010) et surtout Résonance. Une sociologie de la relation au monde(La Découverte, 2018). L’œuvre du directeur du Max-Weber-Kollegd’Erfurt n’est guère connue en France ; elle pourrait pourtant contribuer à sortir la gauche de sa crise intellectuelle.
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