Des femmes vulnérabilisées par leur condition
Le féminicide de madame Devoe, qui s’était récemment établie au Québec, nous rappelle une fois de plus que les femmes immigrantes se retrouvent dans une situation de vulnérabilité accrue lorsqu’elles sont prises dans une dynamique de violence conjugale et de contrôle coercitif. Ces femmes sont souvent confrontées à des obstacles supplémentaires tels que la barrière de la langue, la précarité économique et l’isolement social, qui, en étant instrumentalisé par l’agresseur, complexifie largement le processus de sortie de la violence. La situation se décuple lorsque la femme détient un statut migratoire précaire (étudiantes, permis de travail temporaire, demandeuses d’asile, sans statut). Un portrait qui se reflète dans notre plus récent rapport annuel où l’on apprend que 46% des femmes hébergées dans les maisons d’hébergement de 2e étape membres de l’Alliance MH2 et que 14% d’entre elles détiennent un statut précaire.
Nous souhaitons rappeler que, grâce un partenariat avec la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI), un service d’interprétariat gratuit est disponible dans toutes les maisons d’hébergement. Des services adaptés sont disponibles pour les femmes qui souhaitent quitter un milieu violent.
Gaëlle Fedida, coordonnatrice aux dossiers politiques
Alliance MH2
Se mobiliser et s’indigner continuellement
D’un autre côté, l’Alliance MH2 se désole de voir ce crime relayé à un fait divers plutôt que d’être nommé pour ce qu’il est : un féminicide. Nous appelons également la population à demeurer vigilante face à toute situation de violence conjugale ou de suspicion de violence.
Il est essentiel que nous travaillions ensemble pour mettre fin à cette spirale sans fin et pour créer un avenir où toutes les femmes et tous les enfants peuvent vivre en sécurité et sans crainte.
Sabrina Lemeltier, présidente
Alliance MH2
L’Alliance des maisons d’hébergement de 2e étape pour femmes et enfants victimes de violence conjugale (Alliance MH2) compte 38 maisons membres dans 15 régions du Québec dont l’objectif principal est la prévention de l’homicide conjugal. Les MH2 en fonction hébergent annuellement plus de 500 femmes et enfants par année dans 149 unités d’hébergement sécurisées. Elles offrent des services spécialisés en violence conjugale postséparation, au regard de la dévictimisation, de l’analyse de la dangerosité du conjoint, des impacts sur les enfants exposés à la violence conjugale, de la réinsertion sociale des victimes et de l’autonomisation des femmes hébergées. Le premier critère d’admission est la dangerosité de l’ex-conjoint ; 8% des femmes au départ d’un refuge d’urgence vivent des enjeux de sécurité majeurs et auront besoin d’un hébergement de 2e étape.
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