Notre filet social est troué
La crise de la COVID-19 a démontré l’ampleur de la détérioration de notre filet de protection sociale : des hôpitaux désuets qui manquent de personnel ; des écoles vétustes et mal ventilées, un réseau de soins de longue durée qui s’effondre carrément ; des organismes communautaires laissés à eux-mêmes pour affronter la pandémie, des banques alimentaires submergées par les demandes, des organismes offrant du soutien psychosocial qui débordent ; etc. La liste ne finit plus de s’allonger. « Sans les services publics, les programmes sociaux et les organismes communautaires, on n’arriverait tout simplement pas à passer à travers une crise comme celle que nous vivons. En conférence de presse, le gouvernement remercie nos héros et nos héroïnes, mais quand vient le temps de parler du financement ou des conditions de travail, c’est comme si cette reconnaissance s’envolait, » explique Karine Verreault du Regroupement des organismes communautaires de la région 03.
L’absence de soutien d’urgence pour les personnes qui touchent de l’aide sociale provoque une détérioration de leur situation déjà extrêmement précaire. Notre filet social est censé soutenir les personnes les plus vulnérables et les personnes qui sont mises de côté par notre système économique. Or, actuellement, on échappe des personnes. Alors que notre système de santé continue de déborder, on continue de pelleter le problème en avant. « Les femmes avec lesquelles on travaille à ROSE du Nord ont été touchées de plein fouet par la crise : les dépenses ont augmenté, et les possibilités de revenus d’appoint ont fondu. Quand les gens vivent de la détresse psychologique, de la pauvreté extrême, de l’isolement, tôt ou tard, ça finit par des problèmes de santé physique et mentale, » illustre Françoise Laforce de l’organisme ROSE du Nord.
Rebâtir et améliorer notre filet social
Notre filet social c’est avant tout les personnes qui travaillent avec acharnement, souvent sans disposer des outils adéquats et la plupart du temps dans l’ombre. S’il faut investir dans les hôpitaux, les CHSLD, les écoles, il faut également rémunérer et protéger les travailleurs et les travailleuses adéquatement.
« Pourtant, ce n’est pas nouveau qu’on fait des économies de bouts de chandelle sur notre dos. Aujourd’hui encore, on projette de sabrer dans la santé et la sécurité au travail avec le projet de loi 59. On ne peut pas rebâtir notre filet social d’une main et continuer les compressions de l’autre. Le gouvernement doit avoir le courage d’aller chercher l’argent où il se trouve, dans les paradis fiscaux, dans les multinationales et dans les poches du 1%, » dénonce Dany Harvey, président du Conseil régional FTQ Québec et Chaudière-Appalaches.
Crise climatique : prévenir au lieu de guérir
La crise sanitaire nous démontre également la faiblesse de notre filet social pour affronter les prochaines crises. Les conséquences de la crise écologique sont déjà bien réelles et elles vont s’amplifier si on n’agit pas dès maintenant. Pour Émilie Lacroix, des AmiEs de la Terre de Québec, « rebâtir notre filet social, c’est aussi avoir un regard porté vers l’avenir, prévenir les crises plutôt que de tenter, toujours trop tard, d’en endiguer les conséquences. »
« Ce sont les mêmes politiques néolibérales, fondées sur le privé, l’austérité budgétaire et le profit à court terme, qui ont démoli notre filet social et notre environnement. Aujourd’hui on a plus le choix de faire cause commune pour exiger une relance verte fondée sur une plus grande justice sociale. C’est pourquoi aujourd’hui, nous sommes tous et toutes réuni-e-s pour exiger l’arrêt immédiat des projets hyper polluants et un réinvestissement majeur dans notre filet social, » poursuit Gabrielle Paquette, porte-parole pour la Coalition étudiante pour un virage environnemental et social.
Cette manifestation est organisée par un collectif de groupes étudiants, syndicaux, communautaires, féministes et écologistes.
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